vendredi 19 novembre 2010

Une nouvelle plume pour Benoît Gautier

Le chanteur et guitariste est au TNT avec douze nouvelles chansons écrites par Daniel Morvan.
Mo’song est l’hommage d’un père à sa fille. Une ballade belle et sombre écrite par Daniel Morvan en mémoire de Mathilde en juillet, chanteuse disparue en janvier dernier. Mo’song est aussi la première chanson de l’écrivain nantais, journaliste à Ouest-France, écrite pour Benoît Gautier.
Chanteur et guitariste, ce dernier a réalisé en 2009 l’album de Mathilde, Break a leg. Mo’song a ouvert une brèche, un nouveau chapitre de l’histoire d’amitié qui lie les deux hommes. « J’étais un peu paumé, tout s’écroulait. Je n’avais jamais bossé avec un auteur et j’avais besoin de me mettre en danger. Je lui ai demandé un premier texte. J’avais aimé sa plume sur les chansons de Mathilde. »
Le premier texte fait mouche. Une dizaine suivra. La plupart en français, quelques touches d’anglais « à la Melody Nelson ». Sur les mots, Benoît Gautier compose un paysage très rock. « J’avais envie d’un trio guitare, basse, batterie. D’un rock à consonance seventies, des références à Neil Young, Lou Reed, le Velvet. Daniel m’a permis d’intégrer ces références anglo-saxonnes dans ma musique. D’emblée, il a puisé sans le savoir dans tout ce que j’aimais. »
Edie, l’autre titre que l’on peut écouter sur myspace, évoque une actrice américaine, égérie d’Andy Warhol. Et Manhattan. « J’ai de la famille à New York. Cet espace américain a de l’écho chez moi. »Cette formule plus rock que les projets précédents de Benoît Gautier (musicien de Momo) a scellé une sorte de pacte avec Daniel Morvan. « Il ne s’agissait pas de prolonger une histoire commencée avec Mathilde. Mais de mettre en pratique cette leçon de vie qu’elle nous a laissée. Cette idée de savoir prendre des risques. »
Les douze titres formeront bientôt un album, à paraître durant le premier semestre 2011. Cette semaine, ils vivent déjà sur scène avec François Saumonneau à la basse et Lionel Arthur à la batterie.
Isabelle LABARRE.
Article paru dans Ouest-France à l'occasion des trois premiers concerts de Benoit Gautier, les 18, 19 et 20 novembre 2010 au TNT (Nantes). Photo: Fabrice Denis.

lundi 25 octobre 2010

Hélène Demy, soeur de Jacques


Parmi les invités du cinquantième anniversaire du tournage de « Lola » à Nantes, Hélène Demy, la sœur du cinéaste. Professeure d’anglais à Courbevoie, elle est née 21 ans après Jacques Demy. L’enfance de Jacques Demy est racontée en détail dans Jacquot de Nantes, le film d’Agnès Varda. Hélène Demy est, pour sa part, toujours restée en retrait.
 « Nous étions extrêmement proches. Pendant le tournage de Lola, j’étais petite. Je me souviens surtout de Frankie, le marin américain qui  emporte la jeune fille dans la fête foraine: je m’identifiais à la petite Cécile. Jacques me voulait pour le rôle de Suzanne, la copine de classe de Cécile, mais j’ai refusé par timidité. Je me souviens de tous ses tournages, puisqu’il tournait pendant l’été, quand j’étais en vacances.
Hélène Demy a été scripte sur Peau d'âne

J’ai été scripte sur Peau d’âne, à Chambord. J’ai obtenu ma carte professionnelle de scripte, mais j’ai vu quel métier compliqué est le cinéma. Il fallait sans cesse prendre son téléphone pour trouver du travail, et quelles difficultés pour trouver des financements…
Je suis devenue professeur d’anglais à Courbevoie. Nous nous retrouvions aux vacances à Noirmoutier, au moulin, où Jacques écrivait tous ses films. Mon préféré, c’est « Une chambre en ville », qu’il a écrit très jeune. Il  s’est inspiré de son père, qui, en arrivant à Nantes, a loué une chambre en ville, chez une colonelle. Ce film est comme un opéra, avec du tragique, du comique, du lyrique, une très belle musique…
Qui était Jacques ? Quelqu’un de très obstiné, qui avait une idée bien précise de ce qu’il voulait faire et ne se compromettait pas. Il allait jusqu’au bout. Il était très gentil et très têtu. « Je ne suis pas breton pour rien », disait-il souvent.
Pendant les vacances, il nous montrait des films en 16 mm. Nous regardions les films d’Hitchcok, « Le Plaisir » de Max Ophüls, les Renoir. Il adorait jouer au projectionniste, distribuait des glaces à l’entracte. Ça l’amusait beaucoup, moi aussi. »

Daniel Morvan

vendredi 3 septembre 2010

Mathilde en Juillet: "un disque pour l'éternité"


Disparue, Mathilde laisse "un disque pour l'éternité"



Mathilde en Juillet, la chanteuse antaise, ici sur scène, lançait son album en décembre 2009. Le 26 janvier 2010, le cancer l'a emportée.
DR





Ce soir du 14 décembre 2009, sur la scène du Pannonica, à Nantes, Mathilde en Juillet étrenne sa nouvelle robe.
Rayonnante et facétieuse, la Nantaise présente son premier disque, le très abouti Break a Leg.

Depuis des mois, elle lui consacre toute son énergie. Malgré le cancer. Mais, le 26 janvier, il a été le plus fort et a emporté Mathilde à 25 ans. Elle laisse ses refrains folk et pop, douze pépites amusantes et mélancoliques, fruit d'une aventure artistique lancée au hasard d'une chute de vélo, à l'été 2006.
Cheville en vrac. Finie la saison sur l'île de Ré. Retour à Nantes sous le toit parental. Plâtrée, Mathilde Morvan installe au salon son petit monde, des piles de bouquins, de CD. Lit, écoute, gratte sa guitare. Mathilde chante en juillet. Et ça lui plaît. Elle trouve sa voix, douce et légère, son nom de scène, monte un spectacle au TNT, salle culturelle nantaise.
C'est l'automne, Mathilde éclôt.
Pendant trois ans, dans ce lieu chaleureux, Mathilde a joué, murmuré ses textes, ne cessant d'avancer avec force vers cette envie de construire. « Mathilde était au coeur des choses et de ses projets. C'était une artiste très exigeante avec elle-même. Pleine de doutes, qui la rendaient fragile, et de certitudes qui lui permettaient de surmonter cette fragilité », confie Philippe Guihéneuf, directeur du TNT. « Mathilde passait souvent nous voir pendant qu'elle était hospitalisée tout à côté. Elle faisait le mur et venait respirer ce qui la menait : l'air de la création. »

Jacques Demy et les langoustines



Avec détermination, entre ses séances de chimiothérapie, elle cisèle ses petites histoires, parfaitement arrangées par son complice Benoît Gautier, chez qui l'album a été en partie conçu. « J'ai tout suivi à la maison, c'était émouvant... Mathilde, je l'ai tout de suite adorée. Sa personnalité me marquera à tout jamais. Elle ne se plaignait jamais de sa maladie. Elle laisse tellement de joie », lâche Ingrid Liman, compagne du musicien, qui fonde l'association La belle Arthénice, en hommage. « Pendant les sessions d'enregistrement, elle était en état de grâce, un pur bonheur pour l'ingénieur du son, qui aimait son côté bête de studio », raconte Daniel, son père.
Pour réaliser Break a Leg, Mathilde a été encouragée par Trempolino, structure nantaise qui accompagne les artistes. « En ayant très peu joué sur scène, elle avait une aisance incroyable. J'ai été très touchée par ses chansons tellement bien pensées, belles et sincères, qu'on avait l'impression de les connaître », confie Benjamin Reverdy.
Unanimes, ceux qui l'ont croisée évoquent son humour et son incroyable insouciance. Elle aimait le cinéaste Jacques Demy, les langoustines, la folkeuse Alela Diane, le rosé, et rire avec son amie Léa. «On rigole tellement... Je comprends pas pourquoi on n'a pas plus d'abdos !», disait-elle.
Son disque reste le témoin vivant de son combat contre la maladie. Dans une émission de radio, Mathilde confiait récemment : « J'espère que je ferai d'autres choses, plus tard, peut-être même pas de la musique, peut-être je vais me mettre à la peinture ou j'en sais rien, mais au moins j'aurais fait ça. Ces morceaux, ils sont là pour l'éternité... »


Break a Leg est distribué par Coop Breizh. Sites : www.myspace.com/mathildeenjuillet