mardi 24 septembre 2013

Lucia Antonia, funambule: tombé du ciel (Hubert Artus dans Lire)


Daniel Morvan: tombé du ciel

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Lucia Antonia, funambule, par Daniel Morvan: lors d'un spectacle, une funambule chute et se tue. Sa partenaire quitte la troupe et doit apprendre à vivre avec ce souvenir.



C'est un livre court, le récit de deuil, et il vous envoie dans les étoiles. Celles que voient les funambules, ces artistes de la chorégraphie et de la suspension. Celles où demeurera toujours la lueur des personnes qui vous ont été chères. Arthénice était le "double lumineux" de Lucia Antonia. Leur "numéro de jumelles" était le clou du spectacle de la troupe, fondée il y a longtemps par le grand-père de Lucia. Mais un jour, lors d'une tournée en Italie, Arthénice tomba, et se tua.

Sur la piste aux étoiles de Daniel Morvan, la vie tournoie

Depuis, la survivante est une "saltimbanque sans cirque, invisible parmi le peuple des oiseaux". Elle a quitté la troupe et est restée en Italie, d'où elle écrit les "carnets" qui composent ce livre: "Les pensées que j'ai d'Arthénice me sont dictées par elle depuis son séjour dans les limbes des équilibristes. Je les laisse donc venir sans honte et les consigne ici malgré la promesse faite à mon père de ne rien écrire. [...] J'écris pour me taire et ne penser à rien." Notre équilibriste n'a plus de fil, et évoquera dans un ordre aléatoire son pacte avec la défunte, l'histoire de la troupe, les personnes rencontrées durant l'écriture des carnets, ou encore l'art qu'elle pratique: "Le funambulisme m'a appris à observer du point de vue le plus élevé, celui de l'effraie sur sa proie nocturne, de l'orage sur l'étang." Et, bien sûr, l'accident.
Cette façon de jongler avec les thèmes, de les prendre, les lâcher, les retrouver ensuite, permet à Morvan de parvenir jusqu'à l'âme même de son sujet: comment marche la mémoire de quelqu'un qui passe sa vie en l'air, en équilibre, avec mission de ne pas chuter à terre? Comment fonctionne la psyché d'une femme qui vit dans un monde parallèle et féerique, au milieu de déguisements, de clowns, de jongleurs, de saltimbanques? Daniel Morvan a lui-même perdu un enfant, et on saluera la pudeur d'une fiction tournée vers le dehors de soi. Porté par une écriture minimaliste et visuelle, Lucia Antonia, funambule prend de l'envergure au fil de la lecture, et devient une réflexion tournoyante et poétique. Après quatre romans publiés dans des éditions régionales (Ouest-France, Coop Breizh), voici celui qui devrait apporter à Morvan une autre place, entre les lettres et les étoiles.
Lucia Antonia, funambule, par Daniel Morvan. Zulma, 142 p., 16,50 euros.

En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/daniel-morvan-tombe-du-ciel_1284431.html#j5mRCp6hZQbzQjyK.99

dimanche 8 septembre 2013

Lucia Antonia, funambule, par Olivia Mauriac (Le Figaro madame)




Lucia Antonia, funambule dans Le Matricule des anges


Lucia Antonia, funambule: l'article de Jean-Claude Pinson



Chant funambule contre l’oubli

 


Grâce inquiète et gravité légère, tels sont les mots en forme d’oxymore qui me viennent à l’esprit après la lecture de Lucia Antonia, funambule, le beau et singulier roman que propose en cette rentrée littéraire Daniel Morvan. À mi-chemin du conte et du thrène (du chant funèbre), il appartient à ces œuvres qui laissent une profonde empreinte parce qu’elles touchent au nœud même de l’existence, alors qu’elles sont très éloignées des conventions de l’ordinaire réalisme. En ce sens, inventant son langage, le livre est parent de ces films de Jacques Demy où l’artifice de la vie mise en chansons sonne plus juste que bien des représentations soucieuses d’en mimer la simple prose. Le clin d’œil à l’univers de Demy est d’ailleurs explicite : c’est à Rochefort que se rencontrent les deux jumelles de cœur et de corde qui sont les protagonistes du livre.
L’argument du récit est aussi simple qu’en sont subtiles et vibrantes, émouvantes, les harmoniques. Sous forme de carnets, Lucia Antonia, la narratrice, y évoque sa partenaire de cirque, l’inoubliable Arthénice, tombée un jour où Lucia, souffrante, a dû se faire remplacer pour un numéro périlleux où les deux funambules doivent se croiser sur le fil. Hantée par une sourde culpabilité, inconsolable, Lucia se reproche de n’avoir pas respecté leur pacte de jumelles funambules : « si l’une tombe, l’autre ne lui survit pas. »
Dès lors, elle n’a de cesse de vouloir retrouver sa « sœur éparpillée dans l’abîme », rêvant même de chuter à son tour pour la rejoindre et ne faire enfin plus qu’une avec elle. Geste orphique, sans doute. Mais si Arthénice est, comme Euridyce, un nom de nymphe, nulle illusion de ramener des Enfers sa jumelle : la chambre du néant, « qui est la maison unique de tous les morts », est sans appel. Cependant, si Lucia accepte que soit morte sa jumelle, pas question d’effacement et d’oubli : je refuse, écrit-elle, qu’elle « devienne du vide » ; je veux au contraire qu’elle soit « toujours elle dans le néant ».
D’emblée, l’univers dans lequel s’inscrit le récit, celui du cirque, nous invite à faire un pas de côté, à emprunter des chemins à l’écart. En l’occurrence, c’est dans la zone la plus reculée d’un pays de marais salants, que Lucia Antonia et les siens installent leur chapiteau. Aux marges du monde ordinaire, les circassiens y côtoient des réfugiés qui n’ont trouvé d’autre abri que celui des roseaux. Mais, lieu de relégation, les salines, miroir entre terre et ciel, sont aussi un lieu propice au rêve, à la légende, à l’enchantement dont le cirque est synonyme. Et c’est bien ce à quoi s’emploie le roman : inventer un espace où les lois de la pesanteur semblent s’effacer pour faire place à une musique où la gravité du chant funèbre jamais ne pèse ni ne cède au moindre pathos. On pense alors à tel poème d’Apollinaire, tel tableau de Chagall, à moins que ne vienne à l’esprit une Gymnopédie de Satie.
Procédant par petites touches et phrases courtes, par fragments incisifs qui sont parfois comme autant de petits poèmes en prose, le roman emprunte au conte sa simplicité d’allure. Cependant, c’est une vraie méditation, sur la mort et l’image notamment, qu’il nous offre en ses tréfonds. Que gardons-nous des défunts ? Comment faire pour que leur image elle-même n’en vienne à s’effacer ? Telles sont les questions qui taraudent la narratrice – et tout autant cet homme porteur d’un « grand chagrin » qui se présente à Lucia et à ses amies comme peintre de son état.  Par elles surnommé Pierrot (« un nom de clown sérieux ») il campe une figure de « clown blanc » à la Watteau, qui n’est pas sans évoquer (Daniel Morvan n’a pas pu ne pas y penser) un autre Pierrot ayant beaucoup écrit sur la mélancolie de la peinture, Pierre Michon.
Mais le personnage du peintre ayant perdu son modèle est ici d’abord une sorte de double de l’auteur. « Les peintres prennent un modèle, l’aiment et le peignent ; ils pleurent le départ de leur modèle et s’en consolent avec le tableau où ce modèle est représenté. Puis ils se séparent aussi du tableau. Ils ont possédé le modèle, puis son image, puis rien. » À l’instar des portraits romains du Fayoum, « les images sont des tombeaux » d’où le modèle s’est absenté. D’ailleurs, « même les tombes finissent par périr ». Et c’est seulement par le truchement d’un portrait d’elle que Pierrot offre aux flammes, par la grâce en somme d’un tableau devenant, d’avoir été à moitié brûlé, en quelque sorte « abstrait », que Lucia pourra croire entrevoir, comme au milieu des ruines de Rome, « réunies dans la même image », les deux silhouettes de sa jumelle et d’elle-même, marchant l’une vers l’autre sur un fil. « Non pas une image du passé, mais du futur ».
Quant au portrait d’Arthénice peint par Pierrot, Lucia Antonia finit par le dérober dans le lieu (on supposera un musée) où il est conservé, le découpant avant de le disperser « comme les cendres d’une urne funéraire » dans la forêt où elle va ensuite se perdre pour donner le visage de son amie « aux feuilles des bois ». Ainsi « dé-peinte » la défunte peut-elle être rejointe par sa jumelle dans le pays invisible qu’elle gouverne : « Arthénice avait été ma sœur, elle devint mon pays ». La seule image qui soit vraie est ainsi une non-image, une image « étoilée », dispersée, fragmentée.
Si je résume ainsi trop lourdement ce qui est raconté avec infiniment plus de grâce et de légèreté par l’auteur, c’est qu’il me semble que ce schème narratif livre toute la poétique du roman. Une poétique très moderne et très cinématographique en ce qu’elle repose sur la double opération du cut-up, du découpage en séquences, en fragments, et du montage. Eisenstein faisait de Dionysos l’emblème de ces techniques. Découpé en morceaux comme en autant de rushes par l’opération du montage, le dieu errant recommence à la faveur de l’œuvre d’art, nous dit en substance Eisenstein, à danser, à se mouvoir et à nous émouvoir. Roman par fragments, procédant d’une poétique de la notation mêlant la puissance visionnaire du rêve et la netteté épiphanique de la sensation, Lucia Antonia, funambule assemble des blocs de pure présence. Comme tel, il relève bien, comme le « cinéma de poésie » voulu par Pasolini,  d’un art de la survivance (pour reprendre un mot cher à Georges Didi-Huberman).

« In memoriam Mathilde en Juillet », l’inscription figurant au seuil du roman indique que les carnets de Lucia Antonia,  par-delà la fiction qu’ils inventent, valent, à travers ce thrène qu’ils composent, comme un tombeau à la mémoire de cette artiste talentueuse, chanteuse et comédienne, que fut la fille de Daniel Morvan, Mathilde, emportée à vingt-cinq par un cancer quand un avenir prometteur s’ouvrait à elle (nul n’a oublié le dernier concert qu’elle donna, au Pannonica, le 14 décembre 2009, très peu de temps avant sa mort).
Le tombeau est un genre littéraire difficile en ce qu’il est constamment guetté par le pathos. L’écriture de Daniel Morvan, dépouillée, toute en ruptures et pointillés, a su en éviter tous les écueils. Rien qui pèse dans ce livre qui a su trouver la forme adéquate et la bonne longueur d’onde pour émettre son chant. Toujours un air vif circule entre les lignes de cette histoire « aérienne » sans être jamais éthérée.
« Elle aimait amoureusement, note Lucia à propos de sa jumelle, le nom Chostakovitch. Elle me disait à l’oreille : Chos-ta-ko-vitch ». Si elle est plus souvent qu’à son tour de tonalité funèbre, la musique du compositeur russe sait aussi, jusque dans la gravité, avancer à pas légers, sans bavardage, sans pompe romantique. Ainsi avance, toujours sobre, la phrase de Daniel Morvan.  Art du bref et de l’ellipse, de l’énigme (« Le fil ou la marée montante qui envahissait les herbiers : lequel me portait ? ») ; art de l’aphorisme (« Eviter les bains de mer après la pierre ponce »). Mais aussi art de phraser, d’enchaîner, où l’écriture, portée par la scansion des titres de fragments, « décolle » et s’élance vibrante, sur un rythme staccato, comme s’élève vers la syllabe finale qui le couronne le nom de Chostakovitch. Art des images, de leurs collisions favorisant la démultiplication des points de vue et des plans. Sans cesse l’écriture fait ainsi lever des lointains et confère au roman une profondeur stéréoscopique, le nimbant d’une dimension auratique qui éloigne le propos de toute effusion comme de tout naturalisme.
Teinté d’une mélancolie toute nervalienne, un désir d’Italie traverse tout le livre, ajoutant à la distance historique (le cirque est fondé sur un modèle antique) une distance géographique : « Nous irons à Rome porter son nom ». Et quant à l’écriture, au style, c’est du côté de l’Italie aussi qu’on est enclin à chercher des points de comparaison. On pense à Erri de Luca, à sa phrase sobre, à sa façon de décrire les gestes les plus simples comme s’ils étaient empreints de sacralité, tandis que la composition sous forme de carnets fait songer au Quignard des Tablettes de buis d’Apronenia Avitia (qui se présente comme le journal d’une patricienne romaine). « J’hésite pourtant, note Lucia Antonia, à utiliser les chiffres romains dans ce carnet : cela fait dame romaine. » Mais, ajoute-t-elle aussitôt, leur emploi « m’incite aussi à méditer ce que je j’écris, comme s’ils étaient gravés dans le marbre ou le buis d’une tablette ».
Ecrire comme l’on grave, mais sans emphase ni componction. Ecrire contre l’oubli un vivant tombeau, élever un chant funambule, aérien, tel est le pari superbement tenu par un livre promis, parions-le, à un tout autre destin que cet oubli qui est le lot logique de la plupart des romans de la rentrée littéraire.

Jean-Claude Pinson (revue Place Publique)

Daniel Morvan, Lucia Antonia, funambule, Zulma, 16, 50 €





mardi 20 août 2013

Lectures & Co: Lucia Antonia, funambule

Chroniques d'une apprentie libraire

dimanche 4 août 2013

Lucia Antonia, funambule - Daniel Morvan

Rien de nouveau par ici... Le manque de temps, surtout. C'est long, d'écrire des chroniques. Peut-être devrais-je me contenter de deux-trois notes, sans faire de longues critiques. J'ai déménagé, je travaille dans une nouvelle librairie où je vais faire mon apprentissage et j'ai commencé à lire les romans de la rentrée littéraire.

A ce propos, le prochain Zulma, Lucia Antonia, funambule, de Daniel Morvan est un petit bijou. C'est un court roman très poétique, aérien, délicat, qui raconte l'histoire d'une funambule dont l'âme sœur, l'amie, la partenaire Arthénice est morte en tombant dans d'un précipice. Le récit alterne les souvenirs dédiés à Arthénice et la vie actuelle de Lucia Antonia, qui tente de se reconstruire sur une île en Bretagne, au fil des rencontres. C'est doux, c'est beau, un peu hors du temps et contemplatif. A découvrir le 22 août.

« Nous avons su qu'il n'était pas nécessaire de montrer les animaux les plus extraordinaires quand Arthénice est entrée en piste. Une bande de flanelle lui entourait le genou gauche. Elle tenait un livre à la main et le feuilletait. Elle a enlevé ses espadrilles et elle a gardé le livre. Distraitement, elle est montée sur le trapèze et s'est élancée, après avoir fini de lire une phrase. Le temps d'un clignement d'yeux, elle était là-haut, avec son livre. Un autre clignement d'yeux, j'entendis le froissement du trapèze dans mes oreilles. Le visage à l'envers d'Arthénice était face au mien, elle disait : tu es belle comme ça, tiens mon livre, et le trapèze l'emportait à nouveau à l'autre extrêmité du chapiteau.
De l'autre extrêmité, elle n'est pas revenue. »

Si j'ai un moment, j'essaierai de vous parler des derniers romans que j'ai aimés, notamment A moi seul bien des personnages, de John Irving, La Pendue de Londres, de Didier Decoin et Œuvres I, de Guillaume Dustan, que j'ai bientôt terminé.

Zulma, 16€50, 144 pages.
Lectures & Co: Lucia Antonia, funambule - Daniel Morva

mercredi 29 mai 2013

La Traviata: les vacillements virtuoses de Mirella Bunoaica



Il devait s’appeler « Amour et mort », et fut baptisé par Verdi La femme perdue. Il fit scandale dans un XIXe siècle qui ne supportait la vérité qu’en toge grecque. Parce que son héros était une héroïne. Une professionnelle. Son nom est Traviata, synonyme d’opéra, de voix, de beauté fatale, d’escarpins. C’est aussi l’opéra le plus facile à suivre, le plus beau à entendre, le plus fascinant à voir. Celui où Verdi découvre qu’on peut, avec des voix, donner une couleur aux sentiments. On en a monté sept en France, rien que cette saison, et depuis 1853, le monde habité a pour Violetta les yeux d’Alfredo.
Mais son histoire est une vraie tragédie romantique, une histoire de « double contrainte » entre amour et raison. Et Emmanuelle Bastet (mise en scène à Angers Nantes Opéra) le montre bien en jouant les contrastes entre l’univers de la prostitution mondaine et le rêve d’amour romantique. Loin de la reconstitution muséale de l’univers « dame aux camélias » (roman-source de la Traviata), elle actualise l’œuvre en lui offrant un écrin (miroirs, paravents et ciels de roses) d’une fraîcheur irréelle : c’est pour mieux en montrer la noirceur. Si la robe ballerine rouge de Violetta est le pivot du drame, c’est que le monde tourne autour, le bien et le mal s’inversant pour conspirer à sa perte. La puissance de cet opéra, véritable avalanche d’airs bouleversants (citons Edgaras Montvidas, Tassis Christoyannis et les chœurs en robes lamées, tous très applaudis par Graslin), est à proportion de la jeunesse de ses héros. Mirella Bunoaica fait éclater la convention d'une Traviata maquerelle: virtuose vacillement sur les cimes de l’exploit vocal, elle enchaîne les prouesses d’une machine lyrique à haute tension. Violetta doit changer de vie par amour, puis changer d’amour pour l’honneur de son amant, et son frisson est le nôtre devant cette mortifère morale bourgeoise. Oui, la Traviata aurait pu s’appeler Amour et Mort, et Mirella Bunocaica s’ouvre avec cette Violetta une route vers la gloire.
Daniel Morvan
Vendredi 31 mai, dimanche 2 et mercredi 5 juin 2013, au théâtre Graslin, en semaine à 20 h, le dimanche à 14 h 30. Rens. 02 40 69 77 18 ou www.angers-nantes-opera.com
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Angers Nantes Opéra

samedi 4 mai 2013

"Entrée du personnel": le travail est un thriller

C’est une histoire aussi incroyable que vraie: des femmes et des hommes plongés dans un cauchemar sans issue. Superproduction américaine? Non, documentaire. Haletant comme un thriller. 


"Entrée du personnel". Manuela Frésil aurait pu l’appeler « Usine », mais tant de films s’appellent déjà « Usine ». Parce que le sujet est universel, et que le problème est à peu près aussi vieux que le cinéma. Qui n’a en tête les images des Temps modernes de Charles Chaplin, celles où Charlot passe dans le tapis roulant pour serrer un boulon et, à la sortie, frappé de folie, serre le nez de son camarade de travail. C’est à un exercice semblable que Manuela Frésil invite les ouvriers d’un abattoir, qui exécutent à vide les gestes répétitifs de leur poste.
Mais, dans ce film produit par Ad Libitum et coproduit par Télénantes (avec Mil Sabords et Yumi production), elle montre aussi la réalité de la chaîne: cette réalité dépasse toute fiction.

Et pourtant, son projet n’était pas de dénoncer la folie du productivisme. L’accélération des cadences, provoquée par une concurrence absurde qui pousse au toujours plus, à la surproduction, à la dévalorisation des marchandises, à l’intensification de la pression sur le travail. « Je voulais d’abord voir ce que ça fait aux bêtes d’être tuées à cadence industrielle, mais très vite la question s’est déplacée. Parce que la tuerie n’est qu’une toute petite partie de l’usine, essentiellement consacrée à la transformation de la viande. »

La réalisatrice s’étonne même que son film, construit comme un suspense, fasse peur: le scénario nous fait passer progressivement de la fin de la chaîne à son début, jusqu’à l’acte d’abattage. « J’ai vite constaté qu’il y avait un effet miroir: un ouvrier me disait: je coupe la dinde là (à la naissance de l’aile) et j’ai mal là (à l’épaule). C’était très troublant. En entrant dans ma première usine, je n’ai rien vu. C’est un lieu sidérant, très difficile à regarder. C’est mon cameraman, avec son œil aiguisé, qui a su filmer les ouvriers. En visionnant les rushes, j’ai reçu comme un coup de massue. J’ai compris que la question était moins celle de la mise à mort que de la souffrance au travail, à une époque où l’on disait: il n’y a plus d’ouvriers en France. »

Sur la base d’une sorte de malentendu (les usines ouvrant leurs portes afin de redorer leur image), Manuela Frésil va parcourir une dizaine d’usines, de la Normandie au sud-Vendée. Pour respecter le pacte d’anonymat, elle va multiplier les lieux de tournage, mélanger les images, associant des extérieurs bretons à des intérieurs vendéens, mettant un couple costarmoricain sur une plage noirmoutrine pour brouiller les pistes. « Ce pacte d’anonymat était un vrai défi de cinéma. Il m’a conduit à travailler les paroles d’ouvriers en voix off. Parce que ces personnes parlent extrêmement bien de leur métier. Et j’ai compris qu’ils vivent tous la même histoire. »

Quelle histoire? celle de très jeunes gens qui entrent à l’abattoir en se disant: on ne va pas y rester longtemps. On y reste parce que c’est près de la mer. 35 heures, ce n’est rien dans une semaine. On change de poste. On se marie, on achète une maison. On commence à avoir mal. Perrette a des cauchemars. Elle rêve de poules, de cochons, de vaches. Les articulations lâchent. Un kyste à l’épaule, un poignet rouge, bleu. On perd son emploi. On espère atteindre la retraite. En profiter trois mois au moins. Non, disons deux ans. Une vieille histoire. Un thriller. On ne vous dit pas la fin, mais ça se termine bien.
Daniel Morvan.
Actuellement au Katorza.

vendredi 15 mars 2013

Envoûtantes Marquises

Envoûtantes Marquises de Daniel Morvan (article de Béatrice Limon)




Un château féodal, dans un paysage qui conjugue la solitude des landes et des rivages : Daniel Morvan ne s’est aperçu qu’après coup que le nom de Penarland contenait aussi un jeu de mots ! C’est le cadre irréel de son nouveau roman, Marquises.
De l’intrigue qui s’enroule comme une liane autour du lecteur pour mieux l’étonner, on ne dira que les premières bribes : Élie, le narrateur devenu amnésique après un accident, est engagé dans un château breton pour y prendre soin des archives et retrouver la trace d’un violon. Daniel Morvan esquisse, à touches sensuelles, le portrait de la châtelaine, Louise : une femme moderne et médiévale à la fois, insolite dans son décor mais aussi profondément enracinée.
« J’ai un peu connu cet univers : ce décor de théâtre où l’on vivrait, ce musée où l’on serait à la fois des deux côtés de la cordelette », dit Daniel Morvan. D’une écriture gourmande en mots savants, à l’unique usage de l’architecte, de l’archiviste ou du naturaliste, il éclaire chaque pièce de ce vieux château. « Le dictionnaire, c’est ma première Bible. C’est un livre. Mon personnage vit avec le dictionnaire pour reconstituer ses propres souvenirs ; et, c’est vrai, cela impose au lecteur d’en avoir un à portée de main… » Pour autant, la langue est fluide, moderne, d’une superbe souplesse.

L’amnésie, le réel, la mémoire, l’écriture : Élie, cousin des personnages de Kafka, est pris dans un étrange étau. Mais il écrit, inlassablement, jusqu’à trente-quatre versions de sa vie pour renouer avec lui-même. L’une des grandes trouvailles de Daniel Morvan consiste d’ailleurs à insérer dans son roman les remarques acerbes que l’éditeur d’Élie, Vania, adresse à son auteur. « Soixante pages pour apprendre que la marquise est sortie à cinq heures, c’est trop ! » Désarmé, le lecteur n’a plus qu’à devenir complice du héros, espérant lui aussi convaincre l’éditeur.
« Je crois à la construction de la mémoire. L’amnésie d’Élie force notre condition à tous d’oublier, de reconstruire, dit Daniel Morvan. On croit qu’on a des souvenirs mais ils ne savent pas apparaître en dehors de l’histoire qu’on se raconte… » En lui le journaliste, confronté quotidiennement au réel, côtoie l’écrivain qui prend des directions imaginaires et s’autorise à jouer. « En filigrane, il y a sûrement une réflexion sur ce que c’est qu’écrire, cette étrange obsession que le journalisme n’apaise pas. » Et dans l’écriture romanesque, maîtriser sa construction offre la liberté.
Maintenant, pour Marquises, « c’est entre le livre et le lecteur ». Le roman va vivre sa vie chez les libraires ; Daniel Morvan, lui, corrige en ce moment les épreuves d’un autre livre que l’on peut espérer pour la fin de l’été.
Béatrice LIMON.
Marquises, de Daniel Morvan, éditions Coop Breizh, 278 pages, 13,90 €.

lundi 18 février 2013

A propos de "Marquises" (entretien avec Erwan Chartier)



Entretien avec Erwan Chartier.
Comment vous est venue l’idée de ce nouveau roman, "Marquises" ?

C'est un « roman d’apprentissage », c’est-à-dire qu’il raconte les débuts dans la vie d’un jeune homme, mais aussi un roman de l’apprentissage du roman. Le tout dans une atmosphère assez apaisée... Comme dit un des premiers lecteurs de Marquises, "on serait bien mieux à Penarland".
(...)
J’ai imaginé que le narrateur du livre était un amnésique contraint, pour se souvenir de sa propre vie, de se la raconter. L'écriture comme exercice thérapeutique, ramenant le sujet à sa vie ou l'en éloignant, selon les caprices de son imagination. De sorte que la situation de départ engendre une succession d’histoires qui se bâtissent les unes sur les autres comme des souvenirs qui s’effacent et que l’on ranime par l’écriture.


Pouvez-vous nous donner quelques éléments sur la trame romanesque de ce texte ?

Le roman raconte l’histoire d’Elie : à l’issue de sa longue convalescence, après un accident, cet amnésique est accueilli par Louise de Penarland dans son château, situé sur un estuaire du Pays des Forêts (un Trégor rêvé, le même espace péninsulaire que celui de "Mai 69" et plus tard de "Lucia Antonia, funambule"). Louise (issue d’une vieille lignée bretonne et désormais jet-setteuse de l'art contemporain) lui demande de retrouver dans les archives du château la trace d’un violon ayant appartenu à un enfant disparu, Agrippa. Cette recherche le conduit vers l’amont du château, jusqu’au « Petit Gibraltar », un bouge où flotte la mémoire du petit violoniste, mais aussi l’âcre souvenir d’un effroyable accident d’automobile en 1955. Ces mondes étanches communiquent entre eux: la province des châteaux, les bourgs ruraux, l'aristocratie, l'avant-garde des lettres, la course automobile... Le narrateur remonte à la fois vers ses propres origines et vers celle d’une certaine Alix, cadette de Louise, qui va le conduire vers la pyramide de Saqqarah…


- Quelles ont été vos influences lors de la rédaction de cet ouvrage, musicales notamment ?

La chanson du début du livre, « Il a neigé sur Yesterday », est l’indicatif musical du roman : c’est la chanson de l’oubli, de la neige qui recouvre les souvenirs
Ensuite, c’est par la musique irlandaise que l’on retrouve la trace d’Agrippa, le violoniste perdu. Agrippa a quitté sa famille adoptive pour rejoindre la mouvance électro berlinoise. Il s’est « fondu dans la musique » jusqu’à y disparaître, son existence se réduisant à celle d’une phrase musicale.
Le livre est aussi hanté par la musique des gramophones, par les timbres chauds de Suzy Solidor, Lucienne Delyle, qui semblent habiter le château de Penarland. C’est Suzanne, la nièce de Louise, qui réveille ces voix anciennes, pour donner un peu de vie aux soirées d’hiver de Penarland. 
Dans son enfance, Agrippa a lié amitié par la musique avec une jeune fille, Tiphaine : cette dernière est la fille d’un compositeur, Jean Cranac’h, un génie touche-à-tout à la manière de Jean Cras, à la fois officier de marine et musicien. Jean Cranac’h sera celui qui enseignera à Agrippa la technique de l’improvisation. Technique qui lui permet de disparaître musicalement pour faire son chemin vers des directions innovantes…

En matière littéraire, le roman de gare du XXe siècle est la référence constante, par le biais d’un auteur presque oublié, Pierre Benoît. Dans l’imaginaire du narrateur, cette influence tient à la présence écrasante d’une bibliothèque de château figée, qui s’est arrêtée à une littérature sentimentale vaguement égyptomane. Pour grossir le trait, il rêve d'être publié chez P.O.L en écrivant comme Guy des Cars. Le malheureux est humilié par les reproches de Vania, dont les lettres de refus sont aussi la raison de la reprise perpétuelle du roman, qui peut aussi évoquer le Shining de Stanley Kubrick.


- Vous êtes journaliste et romancier, est-ce une difficulté de passer d’une écriture à l’autre ?


Le roman offre au journalisme ses outils, son énergie, sa syntaxe, l'art du portrait et de l'histoire. Le romancier apprend beaucoup des journaux: à choisir des angles, à poser un point de vue fort, à ne pas subir l'information mais à construire son enquête, à livrer l'information efficacement et sans bavardage. Mais le roman est aussi l’art de perdre son temps, de se noyer dans l’épaisseur du temps et de l’espace. De faire de l’écriture une aventure, même si elle est manquée. Elle l'est sans doute toujours, le temps et la mort sont plus forts que toute fiction. Mais la littérature est le premier métier de qui se consacre, quelque peu, à l’écriture. D'abord être écrivain, quoi qu'il arrive, pour ensuite, peut-être, exister comme journaliste?

Entretien avec Erwan Chartier pour le blog Coop Breizh

jeudi 24 janvier 2013

Angus Stone en solo, cool et zen


Avec sa sœur Julia, il a signé un tube planétaire. Angus Stone chante en solo, sur disque (le superbe Broken Brights), et sur scène.

Entretien

Vous avez enregistré votre album solo à l’écart du monde, dans différentes cabanes de trappeur ou en montagne… La nature est-elle votre principale inspiration ?
On se repose en changeant de travail… Vivre dans les bois m’a permis de prendre du recul sur les longues nuits d’enregistrement, et les promenades en forêt m’éclaircissent l’esprit. Mais les lieux où vous écrivez et enregistrez n’ont d’une certaine manière absolument aucune signification. Parce que vous êtes perdu, immergé (shoegazing) dans la musique et sans aucun désir de regarder autour.
Votre image hippie traduit-elle une vision de la vie ?
Pour dire vrai je n’y prête pas une grande attention. Mon écriture est ce qui me permet de rester dans le vrai et de garder ma tête en dehors de tout cela.
En vous écoutant, on pense parfois à Dylan, Neil Young… Avez-vous des « maîtres » ?
Yoda, le maître des Jedi, est un sacré maître ! Je pense que s’il écrivait des chansons, elles seraient très cool. Mais peut-être seraient-elles bancales, je ne sais pas… Un ami qui est peintre (et aussi un maître) m’a dit quelque chose qui m’a fait réfléchir, l’autre jour : il disait qu’il enviait les musiciens, parce que ses doutes sur sa peinture sont tels qu’il se sent transporté dans l’histoire de la peinture dès que sa brosse touche la toile… Alors qu’avec la musique, à travers le son des cœurs, des guitares, des rythmes, quelque chose se passe dans l’instant, qui ne sera ensuite plus jamais entendu… La musique c’est comme le premier regard de deux amoureux. Des moments comme celui-là, où deux vrais amis partagent leur vision, sont pour moi de vrais moments zen. Je vis pour ça.
en duo avec Julia, étiez-vous davantage dans l’ombre ? Allez-vous écrire à nouveau des chansons avec elle ?
Avec Julia, je faisais presque partie du public. Quand elle chantait une chanson, je m’émerveillais et me versais un verre, comme si j’étais dans la foule. Nous avons discuté l’autre jour de nous retrouver cette année pour faire un album. Mais qui sait ? Le plus beau dans tout ça, c’est de ne pas savoir ce qui vous attend au coin de la rue et où le futur va vous cueillir.
Cela vous fait-il quelque chose, de venir chanter dans l’ouest de la France ?
Je pense que c’est là que les Françaises sont les plus jolies, donc ça ne devrait pas être trop mal… J’ai hâte !

Recueilli par Daniel MORVAN.
Dimanche 27 janvier à 18 h 30 (avec première partie). À Stereolux, Bd Léon Bureau, île de Nantes. 22 €. Réservation : stereolux.org
Photo DR

Françoiz Breut, un soir, une voix

 
Françoiz Breut débute sa tournée française 2013 par un concert à Nantes. La Cherbourgeoise (maintenant Bruxelloise) a gardé de fortes attaches avec Nantes. Entretien

Votre dernier disque est plein de sons bizarres, genre extraits de cours de médecine… Ça vous est resté, ce côté collectionneuse de sons de vos débuts ?
Oui, ces sons viennent de ma collection de vieux 45 tours. Des cours de langue, de code de la route… Avant j’en passais comme interludes entre deux chansons, sur scène. J’ai gardé ce goût pour les styles de voix disparus. J’aime bien les vinyles (je dois d’ailleurs réparer ma platine), ça rapproche de la voix, de l’artiste.
Comment avez-vous travaillé sur votre album, collage de chansons à l’ancienne, d’atmosphères oniriques, voire de bulletin médical (La chirurgie des sentiments) ?
Avec mon guitariste Stéphane Daubersy, nous avons bricolé ces chansons à partir de sons divers, la voix de mon fils, des samples… C’est en effet un disque de collages, avec des chansons dont le sujet n’est pas toujours manifeste : ainsi L’astronome parle de la disparition de l’innocence et de l’enfance dans un regard, Marie-Lise est du Dalida un peu perverti. La chirurgie des sentiments parle de deux choses : les blessures du cœur, pour lesquelles il n’y a pas de médecine, et la supériorité du cœur sur la raison. Mais la scène s’aborde autrement, elle permet de réinterpréter autrement les chansons, avec beaucoup de duos.
Selon vous, vos disques voisinent-ils, sur l’étagère de vos fans, avec l’intégrale de Dominique A ?
Pas forcément, car il est peu connu en Belgique, malgré son beau succès en France, la sortie de son intégrale, ses concerts partout en Europe - et j’en sais quelque chose puisque nous avons un fils en commun ! Il m’influence peut-être inconsciemment, mais je n’écoute plus ce qu’il fait, sauf ses premiers disques, qui me touchent encore. Jusqu’à Remué.
Vous aimez revenir à Nantes, où vous avez vécu ?
Je suis tout émue de Nantes ! J’y ai fait mes études aux Beaux-arts. J’adore revenir par là, pour des retrouvailles avec mes parents qui vivent en Bretagne profonde, tous mes amis Nantais, beaucoup d’amis en même temps, en trop peu de temps…
Recueilli par
Daniel MORVAN.
Jeudi 31 janvier 2013 au Stakhanov, Nantes.

jeudi 17 janvier 2013

Mathilde en Juillet sur Télénantes


Mathilde en Juillet



Elle mit de la musique en toute chose, et jusqu’à la fin, chantonnant à l’oreille de ses infirmières… Mathilde Morvan nous a quittés hier matin, emportée par un cancer. Elle n’avait que 25 ans. Sensible, ouverte, volontaire, cette jeune chanteuse nantaise traçait son chemin, soutenue par ses proches. Elle aimait Jacques Demy, Nick Drake, les livres, la musique. D’abord tentée par les planches, Mathilde s’était finalement tournée vers la chanson tout en additionnant les petits boulots.
Cette jolie personne avait pris pour nom de scène Mathilde en juillet. Un nom frais et poétique qui lui allait bien, inspiré par cet été 2006 où tout a commencé… Tombée de vélo, la jambe cassée, Mathilde, coincée à la maison, s’était mise à composer. Le 14 décembre dernier sortait son premier album, Break a leg. Prometteur, le disque, qu’elle avait réussi à financer avec l’aide de souscripteurs, était arrivé tout chaud juste avant son concert de lancement au Pannonica.
Ce soir-là, sa famille, ses amis, ses voisins étaient dans la salle. Lumineuse, elle portait une robe qui lui allait comme un gant. Sur scène, sa jeune sœur l’accompagnait à la clarinette. Un concert émouvant. Drôle aussi. Mathilde, guitare en bandoulière, savait conter ses petites histoires avec humour et dérision. Le public a découvert ce soir-là son talent d’écriture, son sens de la mélodie, sa tendre mélancolie, sa grâce.
Mathilde était la fille aînée de notre confrère Daniel Morvan. Nous nous associons à sa peine et à celle de tous ses proches. Ceux qui ont connu Mathilde pourront lui rendre un dernier hommage samedi 30 janvier 2010, à 10 h, salle Nantes-Nord, 73, rue du Bout-des-Landes à Nantes.

La chanteuse Mathilde Morvan, 25 ans, nous a quittés.




La salle municipale de Nantes Nord était trop petite, samedi matin, pour accueillir tous les amis venus soutenir la famille de la chanteuse nantaise Mathilde en Juillet, qu'un cancer a emporté la semaine dernière.

Comme l'a voulu la famille de la jeune artiste de 25 ans, la cérémonie a été « belle, légère et gaie », à l'image de ce qu'était Mathilde Morvan.
La cérémonie a surtout été très émouvante, à travers les textes et les chants lus et interprétés par ses nombreux amis. On retiendra notamment la lecture de deux textes, formidables de courage, de dignité et de talent, écrits par sa mère et son père.
Des chansons extraites de l'album « Break a leg » et de sa pièce « Sous le piano de ma mère », ont été jouées. Il y eut aussi le poignant « La Quête », extraite de l'Homme de la Mancha.
Nous aussi allons suivre l'étoile, celle de Mathilde en Juillet, qui brillera pour longtemps dans nos yeux et nos âmes.