jeudi 24 janvier 2013

Angus Stone en solo, cool et zen


Avec sa sœur Julia, il a signé un tube planétaire. Angus Stone chante en solo, sur disque (le superbe Broken Brights), et sur scène.

Entretien

Vous avez enregistré votre album solo à l’écart du monde, dans différentes cabanes de trappeur ou en montagne… La nature est-elle votre principale inspiration ?
On se repose en changeant de travail… Vivre dans les bois m’a permis de prendre du recul sur les longues nuits d’enregistrement, et les promenades en forêt m’éclaircissent l’esprit. Mais les lieux où vous écrivez et enregistrez n’ont d’une certaine manière absolument aucune signification. Parce que vous êtes perdu, immergé (shoegazing) dans la musique et sans aucun désir de regarder autour.
Votre image hippie traduit-elle une vision de la vie ?
Pour dire vrai je n’y prête pas une grande attention. Mon écriture est ce qui me permet de rester dans le vrai et de garder ma tête en dehors de tout cela.
En vous écoutant, on pense parfois à Dylan, Neil Young… Avez-vous des « maîtres » ?
Yoda, le maître des Jedi, est un sacré maître ! Je pense que s’il écrivait des chansons, elles seraient très cool. Mais peut-être seraient-elles bancales, je ne sais pas… Un ami qui est peintre (et aussi un maître) m’a dit quelque chose qui m’a fait réfléchir, l’autre jour : il disait qu’il enviait les musiciens, parce que ses doutes sur sa peinture sont tels qu’il se sent transporté dans l’histoire de la peinture dès que sa brosse touche la toile… Alors qu’avec la musique, à travers le son des cœurs, des guitares, des rythmes, quelque chose se passe dans l’instant, qui ne sera ensuite plus jamais entendu… La musique c’est comme le premier regard de deux amoureux. Des moments comme celui-là, où deux vrais amis partagent leur vision, sont pour moi de vrais moments zen. Je vis pour ça.
en duo avec Julia, étiez-vous davantage dans l’ombre ? Allez-vous écrire à nouveau des chansons avec elle ?
Avec Julia, je faisais presque partie du public. Quand elle chantait une chanson, je m’émerveillais et me versais un verre, comme si j’étais dans la foule. Nous avons discuté l’autre jour de nous retrouver cette année pour faire un album. Mais qui sait ? Le plus beau dans tout ça, c’est de ne pas savoir ce qui vous attend au coin de la rue et où le futur va vous cueillir.
Cela vous fait-il quelque chose, de venir chanter dans l’ouest de la France ?
Je pense que c’est là que les Françaises sont les plus jolies, donc ça ne devrait pas être trop mal… J’ai hâte !

Recueilli par Daniel MORVAN.
Dimanche 27 janvier à 18 h 30 (avec première partie). À Stereolux, Bd Léon Bureau, île de Nantes. 22 €. Réservation : stereolux.org
Photo DR

Françoiz Breut, un soir, une voix

 
Françoiz Breut débute sa tournée française 2013 par un concert à Nantes. La Cherbourgeoise (maintenant Bruxelloise) a gardé de fortes attaches avec Nantes. Entretien

Votre dernier disque est plein de sons bizarres, genre extraits de cours de médecine… Ça vous est resté, ce côté collectionneuse de sons de vos débuts ?
Oui, ces sons viennent de ma collection de vieux 45 tours. Des cours de langue, de code de la route… Avant j’en passais comme interludes entre deux chansons, sur scène. J’ai gardé ce goût pour les styles de voix disparus. J’aime bien les vinyles (je dois d’ailleurs réparer ma platine), ça rapproche de la voix, de l’artiste.
Comment avez-vous travaillé sur votre album, collage de chansons à l’ancienne, d’atmosphères oniriques, voire de bulletin médical (La chirurgie des sentiments) ?
Avec mon guitariste Stéphane Daubersy, nous avons bricolé ces chansons à partir de sons divers, la voix de mon fils, des samples… C’est en effet un disque de collages, avec des chansons dont le sujet n’est pas toujours manifeste : ainsi L’astronome parle de la disparition de l’innocence et de l’enfance dans un regard, Marie-Lise est du Dalida un peu perverti. La chirurgie des sentiments parle de deux choses : les blessures du cœur, pour lesquelles il n’y a pas de médecine, et la supériorité du cœur sur la raison. Mais la scène s’aborde autrement, elle permet de réinterpréter autrement les chansons, avec beaucoup de duos.
Selon vous, vos disques voisinent-ils, sur l’étagère de vos fans, avec l’intégrale de Dominique A ?
Pas forcément, car il est peu connu en Belgique, malgré son beau succès en France, la sortie de son intégrale, ses concerts partout en Europe - et j’en sais quelque chose puisque nous avons un fils en commun ! Il m’influence peut-être inconsciemment, mais je n’écoute plus ce qu’il fait, sauf ses premiers disques, qui me touchent encore. Jusqu’à Remué.
Vous aimez revenir à Nantes, où vous avez vécu ?
Je suis tout émue de Nantes ! J’y ai fait mes études aux Beaux-arts. J’adore revenir par là, pour des retrouvailles avec mes parents qui vivent en Bretagne profonde, tous mes amis Nantais, beaucoup d’amis en même temps, en trop peu de temps…
Recueilli par
Daniel MORVAN.
Jeudi 31 janvier 2013 au Stakhanov, Nantes.

jeudi 17 janvier 2013

Mathilde en Juillet sur Télénantes


Mathilde en Juillet



Elle mit de la musique en toute chose, et jusqu’à la fin, chantonnant à l’oreille de ses infirmières… Mathilde Morvan nous a quittés hier matin, emportée par un cancer. Elle n’avait que 25 ans. Sensible, ouverte, volontaire, cette jeune chanteuse nantaise traçait son chemin, soutenue par ses proches. Elle aimait Jacques Demy, Nick Drake, les livres, la musique. D’abord tentée par les planches, Mathilde s’était finalement tournée vers la chanson tout en additionnant les petits boulots.
Cette jolie personne avait pris pour nom de scène Mathilde en juillet. Un nom frais et poétique qui lui allait bien, inspiré par cet été 2006 où tout a commencé… Tombée de vélo, la jambe cassée, Mathilde, coincée à la maison, s’était mise à composer. Le 14 décembre dernier sortait son premier album, Break a leg. Prometteur, le disque, qu’elle avait réussi à financer avec l’aide de souscripteurs, était arrivé tout chaud juste avant son concert de lancement au Pannonica.
Ce soir-là, sa famille, ses amis, ses voisins étaient dans la salle. Lumineuse, elle portait une robe qui lui allait comme un gant. Sur scène, sa jeune sœur l’accompagnait à la clarinette. Un concert émouvant. Drôle aussi. Mathilde, guitare en bandoulière, savait conter ses petites histoires avec humour et dérision. Le public a découvert ce soir-là son talent d’écriture, son sens de la mélodie, sa tendre mélancolie, sa grâce.
Mathilde était la fille aînée de notre confrère Daniel Morvan. Nous nous associons à sa peine et à celle de tous ses proches. Ceux qui ont connu Mathilde pourront lui rendre un dernier hommage samedi 30 janvier 2010, à 10 h, salle Nantes-Nord, 73, rue du Bout-des-Landes à Nantes.

La chanteuse Mathilde Morvan, 25 ans, nous a quittés.




La salle municipale de Nantes Nord était trop petite, samedi matin, pour accueillir tous les amis venus soutenir la famille de la chanteuse nantaise Mathilde en Juillet, qu'un cancer a emporté la semaine dernière.

Comme l'a voulu la famille de la jeune artiste de 25 ans, la cérémonie a été « belle, légère et gaie », à l'image de ce qu'était Mathilde Morvan.
La cérémonie a surtout été très émouvante, à travers les textes et les chants lus et interprétés par ses nombreux amis. On retiendra notamment la lecture de deux textes, formidables de courage, de dignité et de talent, écrits par sa mère et son père.
Des chansons extraites de l'album « Break a leg » et de sa pièce « Sous le piano de ma mère », ont été jouées. Il y eut aussi le poignant « La Quête », extraite de l'Homme de la Mancha.
Nous aussi allons suivre l'étoile, celle de Mathilde en Juillet, qui brillera pour longtemps dans nos yeux et nos âmes.