vendredi 15 janvier 2016

Le Coq, le chanteur qui ne cherchait pas la lumière


Le musicien Thierry Le Coq est décédé jeudi 14 janvier 2016 – le jour de son anniversaire. Originaire du Morbihan, le chanteur installé à Nantes, venait d’avoir 50 ans.

« Il ne cherchait pas la lumière », dit simplement Dominique Marie, son attaché de presse. Mais la lumière, elle était dans ses chansons, souvent mélancoliques, secrètes, intimistes. Et vingt ans après le lancement de son projet artistique, Le Coq continuait sa route. Et s’apprêtait sortir de l’ombre pour faire la promo de son dernier album, version vinyle, quand le cœur a lâché, le jour de ses 50 ans. Un album plus joyeux que les autres, disent les amis…
On l’avait vu chanter dans le Morbihan, au sein du groupe Mauvais Sang, avec Dominique A en première partie… Et aussi en premier partie de Daniel Darc. Thierry Le Coq avait commencé sa carrière dans divers groupes vannetais : Ivamaïn, Mauvais Sang, Candid. Il avait ensuite joué avec Dominic Sonic et, à son arrivée à Nantes, avec des musiciens de la région : Marc Morvan & Ben Jarry, Oldman…

« Il composait une musique intimiste, raffinée mais sans snobisme, dit encore Dominique Marie, mais qui se méritait et portait sa marque d’artiste. » Et c’est la référence de Nick Drake qui vient à l’esprit : même si Lecoq chantait en français, la pop anglo-saxonne et la musique folk et blues étaient bien ses sources d’inspiration, comme on peut l’entendre dans ses récentes vidéos captées à Trempolino.


« Ce garçon étrange »


En 1999, paraît son premier album solo La Fenêtre, aussitôt salué par les Inrockuptibles : « Ces chansons composées à même le bois, sont baignées d’une lumière douce et chaleureuse, refusant l’obscurité cache-misère des minimalistes, préférant regarder dehors en couleurs rosses, plutôt que son nombril à la loupe ».
Deux albums avaient suivi sur le label de Pierre Barouh, Saravah : Interludes en 2002, composé de climats tour à tour orageux ou tempérés. Puis Tête de Gondole en 2005. À nouveau, la critique saluait la singularité de ce « garçon étrange » qui incarnait une certaine idée de la chanson française, « cultivant plutôt un jardin de fleurs carnivores que les béats parterres actuels », selon Christian Larrède.


"Grandes chansons à usage intime"


« D’Arradon » avait suivi en 2009, et enfin « Chaconnes » était sorti en 2013, où éclatait à nouveau le talent d’un « merveilleux chanteur français méconnu ». Chaconnes était réédité en vinyle en décembre 2015, et toujours écoutable sur Bandcamp. « Qu’importe leur anonymat : ce sont des grandes chansons à usage intime, qui chamboulent et rendent maboul, avec leurs mélodies en opaline et leur murmure du son », écrivait le critique musical JD Beauvallet dans Les Inrocks.
Cette réédition en vinyle était « une chose dont Thierry était particulièrement satisfait, estime Dominique Marie. Thierry ne posait pas à l’artiste maudit, mais il était heureux de ce disque plus joyeux que les autres. Et sans parler d’une tournée, il se préparait à remonter sur scène. En pleine promotion de cette nouvelle sortie, il était sur scène, la veille de sa mort. »
Sur Facebook, parmi les hommages, Sylvain Lasco se souvient d’un « garçon discret et attachant. Je garde de lui un moment d’exception où il faisait la première partie de Daniel Darc et où il fît une reprise d’un titre de Moondog fabuleuse… Nous étions une cinquantaine d’heureux élus dans la salle… Darc était seul sur scène avec un pianiste. Thierry était au même niveau que Darc ce soir-là… Mémorable. Son jeu de guitare était très subtil et éblouissant. »


Daniel MORVAN.


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