jeudi 21 avril 2016

Pour sa ligne de pont, le bateau-musée figure dans le film Dunkerque





Cher escorteur d’escadre,
Nous t’avions sous-estimé. Trop prompts à t’assimiler à une vieille coque style « port de l’angoisse », pour les touristes. Pour tout dire, nous t’avons considéré comme une épave. Mais c’est là qu’on reconnaît les vrais outsiders : "la vieille dame du quai de la Fosse" était notre Scarlett Johansson, et nous n’en savions rien.
Cher vieil escorteur anti-sous-marin, tu nous as bien snobés au départ du quai de la Fosse. Nous étions là, encore actif parmi la foule des retraités attirés par le spectacle : Le Maillé-Brezé bouge ! Il part à la guerre! La carcasse se meut ! Eux, ils savaient ce que tu avais sous le capot. Pas la puissance, vu que tu as été privé de moteur, mais ce glamour vieille tôle et gris marine, typiquement années 50.
Maintenant, tu vas jouer les vedettes d’un film de guerre tourné par Christopher Nolan: Dunkerque. Un blockbuster financé par la Warner, qui a craché au bassinet pour affréter la bête : on parle de plus deux fois le budget annuel de l’asso qui s’en occupe, ce qui nous fait deux cent mille euros tout rond.
Nous, on reste sur le quai. Le gars de la production n’a même pas voulu nous adresser la parole. Bien fait. Tu as été lancé le 4 mai 1957. On t'a vu devant Alger cette même année mais la presse n'est guère bavarde sur le sujet, rien en archives. Toutes ces décennies, on t’a à peine concédé un regard, bateau-musée! Aujourd’hui, te voilà héros d’un film sur l’évacuation des forces alliées bloquées dans la poche de Dunkerque.
Rapport à ton élégance, qu’ils disent. Au fait que ta ligne de pont fait furieusement sixties.
Si si, ça, on l’avait vue, ta ligne de pont, juré.
Ça doit pouvoir se retrouver dans un vieil article de 1962. Un de Paul Guimard, si ça se trouve, quand il pigeait pour le canard local.
Si tu peux rapporter un autographe de Scarlett Johansson, ça serait cool, cher escorteur Maillé-Brézé. La bise !
DM


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