mardi 6 décembre 2016

Ambra Senatore: Pièces



Ambra Senatore (CCN/Berlanda)

Notre rencontre a commencé par un gag, autour d’une table de jardin, avec des chaises pliantes en fer. Ambra Senatore est arrivée en retard, et moi en avance. J’en ai profité pour feuilleter une revue de chorégraphie. Et sonder l’étendue de mon ignorance. Certains noms n’étaient pas inconnus : Pierre Rigal, Boris Charmatz, Anne-Sophie de Kersmaeker… Et donc Ambra Senatore, « l’Italienne blonde aux yeux bleus » (Balzac, Proust, au secours!), une femme portée sur les petites histoires pleines de fantaisie. Ambra est arrivée, s’est assise sur la chaise qui s’est effondrée sous elle. Cette chute tombait assez bien : « J’aime beaucoup Buster Keaton, s’amuse-t-elle en se relevant. Et j’aime qu’un spectacle de danse soit drôle. »


Le corps du récit


Il se passe de drôles de choses avec Ambra Senatore, nouvelle directrice du centre chorégraphique de Nantes. Sa nouvelle création, ce soir au Lieu Unique ? Sur le plateau, cinq danseurs aguerris, rompus à ses méthodes de travail, capables d’improviser, parmi lesquels un comédien. « Oui, un comédien, car Pièces se situe entre la danse et le théâtre. Cela se passe dans une cuisine. Nous avons commencé à travailler sur la vie quotidienne, en fragmentant ces instants vécus, jusqu’à ce qu’un récit entier prenne corps. Mais sans pourtant aller jusqu’au bout des histoires qui s’amorcent. Le spectateur est appelé à un grand travail de regard pour construire ces bribes d’histoire. »
Les fragments de vie sont assemblés dans un puzzle humoristique, sur une musique du nantais Jonathan Seilmann. « Nous avons découpé le temps. Des heures d’improvisation, de manière très dirigée, j’ai même donné des vincoli aux danseurs. » Chic, un mot italien ! « Vincoli ? Des chaînes, mais ce n’est pas joli pour parler de danse. »


Ambra Senatore a donc fixé des contraintes à ses danseurs, pour parvenir à une heure de spectacle : Pièces a été créée à Besançon, où elle a été artiste résidente avant de venir à Nantes. « Les sept premières représentations d’une chorégraphie appartiennent encore à sa gestation. Grâce aux spectateurs, elle peut commencer à exister. Mais le moment de la création est le plus faible d’une œuvre. »
Chaque représentation permet de nouveaux ajustements, la chorégraphe aligne ses notes pour biffer et ajuster. Mais pourquoi donc aller voir cette pièce naissante, sans attendre qu’elle devienne parfaite ? « C’est une œuvre accessible à tous, rassure la chorégraphe, il n’y a pas besoin de mode d’emploi comme pour une machine à laver. Il suffit de se laisser porter. Ça rigole et ça dit des choses tristes. Pour le reste, on touche du fer. Vous dites ça, en français ? »

Daniel Morvan.

Du mardi 6 au jeudi 8 décembre 2016 à 20 h 30. 12 €/22 €. Durée : 1 h. Billetterie:  tél. 02 51 88 25 25.
Rencontre avec Ambra Senatore mercredi 7 à l’issue de la représentation.


Noël dansé


Venez fêter Noël avant l’heure les 17 et 18 décembre. Le CCNN propose un week-end gratuit de rendez-vous pour tous les âges. Au programme : trois courtes pièces à découvrir seul, à plusieurs ou en famille ! Une seule règle : pas de billetterie, mais apportez un objet qui vous appartient à offrir à un autre spectateur.
Samedi 17 décembre à 16 h, dimanche 18 décembre à 10 h 30 et 16 h 30. Réservations : tél. 02 40 93 30 97.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire