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dimanche 28 janvier 2018

Malanga, l'ethnographe de la culture pop

Gérard Malanga, ici coiffé par Edie Sedgwick pour le film © Haircut


Assistant de Warhol, il a photographié le New York des années 1960-1970

Malanga, en chair et en os, comme arraché vivant de ces clichés où il côtoie l'oiseau de nuit halluciné qui inventa le pop art, dans une usine désaffectée, un phalanstère urbain aux senteurs de soufre. Et dire que ce père tranquille est celui qui a sérigraphié Marylin ! Quand les films de Warhol, comme «Chelsea Girl », sortirent en Europe, Malanga devint une superstar. Sa personne signifiait glamour, célébrité et beauté de la jeunesse.

Iggy, Patti, Mick, Keith... Malanga fut, dit le New York Times, « l'associé le plus important d'Andy Warhol. » Grâce à sa formation de sérigraphe, c'est lui qui réalise pour le pape du pop art les photos agrandies et colisées devenues célèbres : Elisabeth Taylor, Marylin Monroe, Elvis Presley deviennent dans ses mains les icônes de la société de consommation, idoles vidées de chair et de substance par la reproduction de l'image. Les images de Malanga sont tout le contraire. Elles pourraient s'appeler : «Jours paisibles à New York», tant est perceptible la grande familiarité entre le photographe et ses sujets.

Fascinants portraits où Malanga nous montre les stars dans leur vérité quotidienne. On voit Iggy Pop nu, plus près de l'ethnographie que du glamour. On voit Patti Smith, étrange indienne, la bouche de Mick Jagger, Keith Richards dans son jardin en friche, Andy Warhol, des tas de jolies filles, des drôles de garçons. New York est alors en train de gagner la troisième guerre mondiale, celle qui va imposer les jean's, le Coca et la musique pop sur toute la planète. Malanga nous montre les redoutables généraux en chef de cette guerre.

Gérard Malanga n'est guère bavard sur ses années passées avec Warhol de 1963 à 1970. « C'est juste un petit moment dans ma vie, prétend-il. Juste sept années qui ont révolutionné l'art. A croire que l'éphèbe des films expérimentaux n'était que la petite main de l'artiste. Andy ? Un petit garçon ! Il est vrai que Malanga s'émancipera de l'esthétique de la Factory pour créer son propre langage de poète et photographe.

De Warhol, il dit qu'il était « un petit garçon. Et comme les adultes aiment offrir des cadeaux aux petits garçons, il était heureux comme un gamin. » A propos de ces images : « Ces photos, je vis avec. Je les range dans des boîtes et de temps à autre, je les partage. C'est ma propre vie que je partage ainsi. La raison d'être de la photographie, c'est d'être l'outil de la mémoire. Et je suis toujours surpris d'avoir pu faire de telles images, où il n'y a que des stars. J'aurais également pu en faire à Paris, mais je n'étais pas dans mon élément et je n'ai pas osé photographier Duras, Balthus ou Godard. L'image qui m'émeut le plus ? Celle de William Burroughs, qui était un bon ami. Je n'aurai plus jamais l'occasion de le photographier. Mais l'amitié se prolonge au-delà de la mort. » 

Daniel MORVAN.

mardi 18 avril 2017

Chantal Connan est allée en Arrée (1995)



Chantal Connan

Le vitrail », un livre posthume de la photographe quimpéroise

Elle aimait le vent, le sable, les longues routes, les champs de colza, le clair-obscur des pinèdes et la poésie d'Eugène Guillevic. Avec le poète, elle avait réalisé son second et dernier livre de photos : Nature épousée, qui suivait Finis Terrae.

Minée par la leucémie, elle avait usé ses dernières forces sur les pentes des Monts d'Arrée pour saisir la lumière du petit jour sur les arêtes schisteuses de Roc Trevezel. Chantal Connan avait ainsi emmagasiné 2 000 clichés. 

Sous la reliure japonaise cousue main, dix tableaux. L'émotion de découvrir ce testament photographique riche de possibles, la fulgurance de ces intuitions artistiques où la lumière est traitée avec un regard de peintre, densifiée, mouillée ou surexposée. 
Il y a là toutes les pistes que poursuivait Chantal Connan, cette relation insistante qu'elle entretenait avec la nature. Les images se suffisent certes à elles-mêmes, mais les textes d'Yvon Le Men y ajoutent, sous le couvert d'un commentaire sur les images, la méditation en filigrane sur la cruauté d'une mort qui a fermé un si beau regard sur le monde, mais nous accorde de voir ce qu'il a vu et qui était plus grand que la vie. 

Daniel Morvan

Le vitrail, aux éditions Filigranes, 1995.


475 mots samedi 24 juin 1995

jeudi 17 mars 2016

Il a dessiné la vie du photographe Robert Capa


C'est en lisant la biographie de Gerda Taro, compagne de Capa, que Florent Silloray (né dans la région de Nantes, aujourd'hui rochellois) a eu l'idée d'une BD consacrée à Robert Capa (publiée chez Casterman, 96 pages, 2016, 17€). Il fut l'auteur de "la Joconde" du photo-reportage, Mort d’un soldat républicain, devenue un symbole de la guerre d’Espagne. C’est l’une des photos les plus célèbres de tous les temps.
Capa fut aussi le seul photographe embarqué, avec le 116e régiment d’infanterie américaine, le jour du D Day.
Une biographie dessinée remarquable, dans les tons sépia, qui retrace les événements essentiels de la vie de Capa, à partir de sa rencontre avec Gerda Taro, qui le révéla à lui-même et lui trouva son "nom de guerre", jusqu'à sa mort en Corée.
Au cours de la même rencontre, Fabien Grolleau et Jérémie Royer présentent de leur côté leur magnifique ouvrage Sur les ailes du monde, Audubon (Dargaud). En 1810, le Couëronnais John James Audubon s’embarque sur le Mississippi pour son premier voyage dans l’Amérique du début du XIXe siècle. L’histoire vraie du Nantais qui fut le premier scientifique américain. Là aussi, un travail magnifique.

Samedi 19 mars 2016 à 15 h, Librairie Aladin, 8, rue Mercœur, Nantes. Tél. 02 40 20 39 23. L’auteur dédicacera aussi « Le carnet de Roger ».