La violiste Margaux Blanchard, codirectrice des Ombres avec et le flûtiste Sylvain Sartre ©J. Benhamou
2015: leur première Folle journée. Le jeune ensemble baroque Les Ombres faisait son entrée dans l’arène musicale nantaise. Les Ombres réveillaient des cantates oubliées du répertoire français.
Non, ils ne font pas du passé table rase. Quand on est précédé de musiciens comme Jordi Savall, Andreas Scholl ou René Jacobs, se prétendre héritier est déjà viser très haut. "Héritiers est le mot qu’il convient", assurent Margaux Blanchard et Sylvain Sastre. Mais cet assaut de modestie ne doit pas masquer l’originalité de cette formation conçue « comme un collectif, sans chef, une sorte d’orchestre de jazz ».
Formés à la Schola Cantorum de Bâle (le temple de la musique ancienne), le duo a réuni une demi-douzaine de virtuoses. La couleur orchestrale contraste avec le nom de la formation, tant dominent les flûtes, les pimpants flageolets à la Barry Lyndon, le basson qui complète les vents et le hautbois, auxquels s’ajoutent violoncelle, viole de gambe, théorbe, clavecin.
« Nous jouons à la Folle journée sans mise en scène ni travail de lumière : cette formule concert nous permet de nous faire découvrir. » Et quelle découverte, que ce soit à travers le concert « Sémélé », autour de Haendel et Destouches, compositeur oublié qui fait l’objet d’un disque chez Mirare. Ou le concert « Tra le fiamme », opéra de Haendel qui fait valoir toute la générosité de l’ensemble, auquel Mélodie Ruvio et Chantal Santon Jeffery apportent l’éclat de leurs voix d’opéra. Cette première incursion des Ombres dans la Folle journée n’a rien donc de l’exploration d’un trou noir : c’est seulement l’apparition d’une étoile montante du baroque, déjà partenaire privilégié de l’opéra de Montpellier, et que, grâce à Musique et Danse 44, la Loire-Atlantique pourrait aussi découvrir peu après : oui, il n’y aurait bientôt plus aucune zone d’ombre pour la nouvelle vague baroque.
Daniel MORVAN
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