Chirurgie de guerre au CHU Pasteur
Témoignage d'un chirurgien
orthopédique, traumatologiste chef de clinique au CHU Pasteur 2
Nice.
Le soir du 14 nous étions à la
maison, avec des
amis, également médecins. Je reçois un coup de fil annonçant un
attentat et le lancement du plan blanc. Nous confions notre jeune
fils à une amie, et partons. Au
CHU, tout le monde est là, les internes, les externes, les
étudiants, par besoin d'être utile. Nous avons formons deux
équipes: l'une pour accueillir et trier les blessés, l'autre pour
opérer. Nous avons créé pour chacune des 18 salles du bloc une
équipe complète, avec un chirurgien orthopédiste, un autre
viscéral, un anesthésiste, des infirmiers et des internes. En une
demi-heure nous organisons une chaîne humaine très efficace. A
l'arrivée des premiers blessés au CHU, le personnel est choqué: les
hématomes faciaux, les membres arrachés provoquent des pleurs et
des évanouissements. C'est l'effroi, mais si on panique on ne fait
pas les choses. Une femme demande où est
sa fille, alors qu'elle est décédée. Une autre parle de son mari
mort sous ses yeux. Au bloc, nous explorons les plaies, dressons un
bilan des lésions vasculaires, des fractures, ligaturons les
vaisseaux pour stopper les hémorragies. Il faut alors décider ou
non d'amputer, décision lourde à prendre. Ce sont des blessés de
guerre avec des plaies profondes, comme un accident de la route avec
50 blessés en urgence absolue, qui arrivent en même temps. A 5h du
matin, les cas gravissimes sont traités. On se couche une heure. A
7h30, on débriefe et on affine le geste chirurgical pour certains
patients, jusqu'au soir. 48h sur le pont.
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