C'est à se boucher les oreilles. Rien, dans cette introduction à vriller les tympans, ne laisse supposer que ce qui va suivre a un lien avec le théâtre japonais. Vous avez le droit de ne rien savoir, juste que c'est une danseuse. Et qu'elle s'éloigne de nous, en pas sautillants. La bande-son indique, par sa gravité, que nous sommes entre les vivants et les morts. Côté morts, il y a Kazuo Ohno, chorégraphe japonais récemment disparu et maître du butô. Cette danse « du corps obscur » fut inventée pour exprimer l'angoisse de devoir habiter son corps, et le Japon, après Hiroshima. Côté vivants, il y a Catherine Diverrès, dont le nom indique peut-être qu'elle habite la Bretagne, ce qui ne va pas non plus forcément de soi. Entre les deux, un écran blanc, et des voix, par exemple celle d'Ingrid Caven qui chante un Ave Maria atrocement éraillé. On aimerait dire que Ô Sensei (c'est le titre du solo joué mardi au TU par la diva Diverrès) est une suite de métamorphoses jusqu'au salut final, presque enfantin. Masque impénétrable, comme noyé sous la craie, corps incertain muant d'un costume à l'autre, jusqu'à la robe du soir rouge portée sous la tenue martiale japonaise, gestes hésitants, palpant le vide, sans rien offrir au public qui rappelle l'ordinaire des gestes, comme si la danse nous attendait quelque part, là-bas, de l'autre côté, où se trouve déjà la danseuse.
Festival flash dance 3. Prochains spectacles : vendredi 14 février à 20 h 30, au Studio Théâtre (Héroïnes, de Julie Nioche) et Bound II 0 (Andrey Bodiguel). A 19 h 30 au TU : In Vivo de la compagnie S'Poart. Mardi 18 février : Mùa d'Emmanuelle Huyn (19 h 30 au Studio Théâtre) et le Grand Jeu d'Olivia Grandville (TU à 20 h 30). Tél. 02 40 14 55 14.
Daniel MORVAN.
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