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Daniel Morvan
Forum Nantes patrimoine ? C'est l'association qui a fait éclater l'affaire « de l'îlot Lambert ». Un scandale patrimonial majeur. Elle fait exploser aujourd'hui une deuxième bombe : l'affaire des Cordeliers.
Cette association a été lancée en 2008 par onze professionnels et universitaires nantais. On y trouve Nicolas Faucherre, Gilles Bienvenu, Jean-François Caraës ou encore Philippe Le Pichon.
À l'époque, « Les Onze » s'étaient émus qu'aucune fouille en profondeur n'ait été réalisée au coeur du Bouffay, avant la démolition d'une partie de l'enceinte antique pour la construction d'un immeuble. En pleine campagne des municipales 2008, l'affaire avait provoqué la création de la Direction du patrimoine et de l'archéologie.
L'association remonte sur son destrier pour dénoncer des atteintes à trois chapelles d'un couvent, rue des Cordeliers. À deux pas de la mairie de Nantes.
« Accablant »
Nantes a conservé la majeure partie d'un grand couvent mendiant, édifié du XIIIe au XVIe siècle. Ouvrant sur la rue des Cordeliers (autrefois nef du couvent), trois chapelles à voûtes d'ogives subsistent.
Elles furent construites par des familles de marchands espagnols dans le courant du XVIe siècle : traces exceptionnelles du lien commercial et culturel entre Espagne et Bretagne. « Traces uniques en Bretagne », affirme même l'un des experts.
Les voûtes d'ogive de ces trois chapelles sont aujourd'hui « absorbées dans un bâtiment qui les nie, et les sculptures de façade vont être enduites, dénonce l'association. L'État et la ville se renvoient la responsabilité de cette situation. »
Le résultat, en voie d'achèvement, « est accablant, fulmine Forum Nantes Patrimoine : les voûtes sont recoupées par des dalles de béton ancrées dans les nervures. Les grands arcs des chapelles, dont une belle baie festonnée, sont déjà grillagés. »
Grillages dont la fonction est de faire adhérer le crépi de façade, « qui va occulter cette relation magique entre l'espace publ 8ic d'aujourd'hui et l'espace sacré d'hier ».
Par compensation, la rue des Cordeliers, autrefois la nef du couvent, serait ravalée en « desserte arrière d'un bâtiment exhibitionniste, tout l'effort étant porté sur une façade de spectacle, à l'opposé, sur la place Dumoustier ».
« Le curetage de Sainte-Croix »
Pour les onze experts, les Cordeliers ne sont pas un cas isolé. La « purge des friches monastiques » serait pratique courante à Nantes. L'association pointe également les fouilles du château des Ducs de Bretagne. Ou « le curetage tout récent du presbytère Sainte-Croix, au coeur du Bouffay, pour l'ouverture d'un centre culturel diocésain. Ses strates historiques ont été anéanties sans aucune observation préalable ».
Une pratique ancienne et constante, note l'association : « Des 17 églises présentes intra muros à la Révolution, seules les nefs de la cathédrale et de Sainte-Croix ont subsisté ».
Pour l'association, cette « affaire des Cordeliers » pose une nouvelle fois « le problème du rôle de relais que peuvent et doivent assumer les collectivités territoriales, désormais seul rempart des citoyens face au désengagement de l'État ».
Mais Julien Gracq ne disait-il pas que Nantes s'est construite « sans fixation excessive dans ses souvenirs » ?
Cette association a été lancée en 2008 par onze professionnels et universitaires nantais. On y trouve Nicolas Faucherre, Gilles Bienvenu, Jean-François Caraës ou encore Philippe Le Pichon.
À l'époque, « Les Onze » s'étaient émus qu'aucune fouille en profondeur n'ait été réalisée au coeur du Bouffay, avant la démolition d'une partie de l'enceinte antique pour la construction d'un immeuble. En pleine campagne des municipales 2008, l'affaire avait provoqué la création de la Direction du patrimoine et de l'archéologie.
L'association remonte sur son destrier pour dénoncer des atteintes à trois chapelles d'un couvent, rue des Cordeliers. À deux pas de la mairie de Nantes.
« Accablant »
Nantes a conservé la majeure partie d'un grand couvent mendiant, édifié du XIIIe au XVIe siècle. Ouvrant sur la rue des Cordeliers (autrefois nef du couvent), trois chapelles à voûtes d'ogives subsistent.
Elles furent construites par des familles de marchands espagnols dans le courant du XVIe siècle : traces exceptionnelles du lien commercial et culturel entre Espagne et Bretagne. « Traces uniques en Bretagne », affirme même l'un des experts.
Les voûtes d'ogive de ces trois chapelles sont aujourd'hui « absorbées dans un bâtiment qui les nie, et les sculptures de façade vont être enduites, dénonce l'association. L'État et la ville se renvoient la responsabilité de cette situation. »
Le résultat, en voie d'achèvement, « est accablant, fulmine Forum Nantes Patrimoine : les voûtes sont recoupées par des dalles de béton ancrées dans les nervures. Les grands arcs des chapelles, dont une belle baie festonnée, sont déjà grillagés. »
Grillages dont la fonction est de faire adhérer le crépi de façade, « qui va occulter cette relation magique entre l'espace publ 8ic d'aujourd'hui et l'espace sacré d'hier ».
Par compensation, la rue des Cordeliers, autrefois la nef du couvent, serait ravalée en « desserte arrière d'un bâtiment exhibitionniste, tout l'effort étant porté sur une façade de spectacle, à l'opposé, sur la place Dumoustier ».
« Le curetage de Sainte-Croix »
Pour les onze experts, les Cordeliers ne sont pas un cas isolé. La « purge des friches monastiques » serait pratique courante à Nantes. L'association pointe également les fouilles du château des Ducs de Bretagne. Ou « le curetage tout récent du presbytère Sainte-Croix, au coeur du Bouffay, pour l'ouverture d'un centre culturel diocésain. Ses strates historiques ont été anéanties sans aucune observation préalable ».
Une pratique ancienne et constante, note l'association : « Des 17 églises présentes intra muros à la Révolution, seules les nefs de la cathédrale et de Sainte-Croix ont subsisté ».
Pour l'association, cette « affaire des Cordeliers » pose une nouvelle fois « le problème du rôle de relais que peuvent et doivent assumer les collectivités territoriales, désormais seul rempart des citoyens face au désengagement de l'État ».
Mais Julien Gracq ne disait-il pas que Nantes s'est construite « sans fixation excessive dans ses souvenirs » ?
L'une des trois chapelles du couvent des Cordeliers.
Daniel MORVAN.
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