Blandine Rinkel dans l'univers du pseudonyme © D. Morvan |
Débarquant
à Paris pour ses études, Océane décide qu'elle ne s'appellera
plus Océane mais Blandine. La raison? "Quand on est grande,
blonde, et qu'on s'appelle Océane, on craint certains
soirs de ne plus faire qu'un avec son propre cliché". Changer
de prénom résoudrait un problème d'image de soi et un complexe de
provinciale honteuse de
ses origines. Cela devrait même lui ouvrir les portes de la
bourgeoisie parisienne: "A
cette époque, tu peux encore tout à fait te perdre toute la journée
dans Paris, toile d'araignée, piège de soie qui te capture".
Remarquée pour L'abandon des prétentions (Fayard 2017),
très beau portrait de sa mère, Blandine Rinkel analyse dans ce second roman les fasseyements de l'identité, le
glissement dans l'univers risqué du pseudonyme. Cette histoire de
mutation post-adolescente a pour arrière-plan un drame de la
fascination: celle éprouvée par l'ex-Océane pour une amie-miroir,
un coup de foudre d'amitié: Elia. La "métamorphose pour tous"
n'est-elle pas un droit? Pour faire sa place dans le monde, ne
faut-il pas essayer plusieurs versions de soi-même avant de pouvoir
dire "je"? On se laisse porter par l'humour d'un portrait
qui est l'autoportrait d'une romancière aux multiples talents.
Derrière la blonde cérébrale qu'on découvrait il y a trois ans en
pleine page du Monde,
se cachait donc une lycéenne "perdue sur le grand échiquier
des postures", et des impostures.
Daniel
Morvan
Blandine
Rinkel: le nom secret des choses, Fayard 2019. 298 pages, 19€
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