Julia Kerninon
Son sens du tempo et du phrasé lui vient du slam. « Je
suis née avec le slam nantais, j’ai démarré toute petite en 2001, au Lieu
Unique. Les vieux slameurs ont fait mon éducation, ils m’ont appris à me vernir
les ongles, ils m’ont ouverte au choc du texte qu’on balance devant un
public ». Jolie fille pas rangée, Julia Kerninon carbure à
l’adrénaline : la preuve, son premier roman scandé de bout en bout. Buvard, l’histoire d’une élève qui vampirise
le maître devient une légende.
Ses parcours nantais portent le signe astral de l’enfance et
de la nuit : celle qui fut l’élève des Pygmalion slameurs a d’abord hanté
la fête foraine du cours Saint-Pierre, « le truc le plus cool de Nantes »,
la Patinoire avec son papa, les visites passionnées aux coléoptères mordorés du
Museum, avec son ami Pierre. Elle a pédalé dans les voitures d’enfants sur le
toit des Galeries Lafayette : « J’y allais avec ma mère, toutes les
deux en manteau léopard », avant d’aller prendre un chocolat chez Marnie.
Et puis les souvenirs de lycée, à Jules-Verne : « le café Budapest
(16, rue de Budapest), qui m’a donné envie d’aller à Budapest, où j’ai écrit Buvard. » Ses amis rockeurs
viennent chez elle, pour des brunchs somptueux : la Bohème de Julia, c’était
rue Sarrazin. Aujourd’hui, plongée dans une thèse universitaire sur le roman
américain et son prochain roman, Attila
Kiss, elle revient à ses amours : le bar à tapas et resto « Et la
fourmi » (2, rue Grétry). Sa base de noctambule, à partir de laquelle elle
a exploré les ressources de la dolce vita
nantaise, entre les after du
Pickwick’s (3, rue Rameau) et les nuits à l’Éléphant Club (10, place de la
Bourse). Et les huîtres bretonnes de Talensac, souveraines après les nuits
folles … Mais pas de posture de romancière noceuse, la nuit ne semble laisser
aucune trace sur ce visage radieux, malgré l’image de Françoise Sagan qui lui
colle à la peau (Buvard a reçu le
prix Sagan 2014). Cette vie trépidante d’écrivain ne l’empêche pas de se
définir comme une « femme d’intérieur : on aimerait tous une maison
au bord de la mer, mais c’est un rêve, car on écrit toujours chez soi, comme un
fonctionnaire, avec plein d’autres choses à faire, qui attendent. »
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