Au Manitoba, l’horizon a conservé assez de champ pour accueillir un musée des grands espaces canadiens. Enfant à part dans une communauté de pionniers et de cultivateurs, le jeune Donald découvre une machine à remonter le temps : une vallée riche en fossiles et pointes de flèches. Cette faille temporelle recèle aussi bien des vestiges préhistoriques que les ruines, vestiges ferroviaires et squelettes de l’âge de la conquête.
Lorsqu’on lui confie la décoration d’un nouveau café de la ville d’Eastend, Donald trouve sa vocation: peindre un panorama de la Prairie, commençant par une chasse au bison et se terminant par la vision futuriste d'un pick-up rouge en route vers des gratte-ciel. Ainsi prend naissance ce petit musée de la Prairie, parc à thème né de l’imagination de l’auteur suisse Jérémie Gindre. Le plus extraordinaire de ce livre, qui semble un pur produit de la « nature writing » américaine, est qu’il est une œuvre certes documentée mais aussi largement imaginaire. Jérémie Gindre revisite avec la passion d’un ethnologue le folklore western, les calendriers de pierre des Indiens des Plaines, les rituels chamanes, l'archéologie du wild west ou les stratocumulus du Manitoba: "Le stroboscope des éclairs diffus annonçait le spectacle. Ils culminaient par un feu d'artifice intranuageux, un corail de foudre qui se déchaînait en altitude sans jamais rejoindre le sol, éclatant sans bruit".
À lire comme on remonte un canyon à cheval, le regard perdu au loin, là où se forment les grands orages stratosphériques qui punissent les enfants trop curieux…
Daniel Morvan
Jérémie Gindre : Pas d’éclairs sans tonnerre. Zoé (Suisse), 240 p., 17 €. Dist. Harmonia Mundi.
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