mardi 17 décembre 2013
462 mots"la danse appartient à tous et qu'elle n'est pas liée à une virtuosité" |
« Roman photo » se plonge dans l'oeuvre de Merce Cunningham. Un livre sur le chorégraphe est pris pour point de départ d'une pièce élaborée par vingt danseurs, avec Olivia Grandville.
Entretien
Olivia Grandville, chorégraphe.
Comment avez-vous sélectionné les danseurs ?
En octobre dernier, 70 personnes ont été auditionnées au Théâtre universitaire. 24 danseurs ont été retenus : de 14 à 61 ans, profils variés (étudiants, ingénieurs, musiciens, demandeurs d'emploi, enseignants, comédiens), ils ont travaillé plusieurs week-ends durant à l'élaboration de ce spectacle. Conçu par le chorégraphe Boris Charmatz, Roman photo est un projet pour danseurs non professionnels, adapté à Nantes sous cette forme du « roman-photo ».
Le plus étonnant est que vous proposez à ces non-danseurs de résumer un demi-siècle de danse ultra-conceptuelle...
Oui, le point de départ est un livre sur le chorégraphe et danseur Merce Cunningham, Fifty years. On le voit depuis ses débuts, et même à l'âge de 5 ans. La vie du danseur est devenue un livre, qui devient de la danse. Le concept de départ est de le prendre comme un « flip book », un livre d'images qui devient une partition photographique pour ce spectacle. La partition, c'est le livre.
Comment jouez-vous cette partition ?
Nous allons réaliser les 400 photos de ce livre, consacré aux différentes chorégraphies de Cunningham. La performance adopte un titre différent suivant les équipes concernées : Flip Book (danseurs professionnels), 50 ans de danse (anciens interprètes de la Merce Cunningham dance company). Dans notre cas, elle est baptisée Roman photo (étudiants, amateurs ou non danseurs).
Que pensez-vous du résultat ?
Ce qui est très beau, avec ces non-danseurs, c'est qu'on voit aussitôt la danse apparaître. Ils y entrent vraiment. C'est une manière de montrer que la danse appartient à tous et qu'elle n'est pas liée à une virtuosité. Même si les photos de départ révèlent la virtuosité de la technique Cunningham.
Peut-on parler d'une virtuosité de l'amateur ?
Il y a une vraie émotion dans cette joie de la dépense.
Le « continent amateur » est-il redécouvert par les professionnels ?
Il est régulièrement oublié. Beaucoup de courants américains des années 1970 s'y sont intéressés. On le voit revenir dans le retour du spectacle participatif, comme les flashmobs.
Recueilli par Daniel MORVAN.
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