Gérard Malanga, ici coiffé par Edie Sedgwick pour le film © Haircut |
Assistant de Warhol, il a photographié le New York des années 1960-1970
Malanga, en chair et en os, comme arraché vivant de ces clichés où il côtoie l'oiseau de nuit halluciné qui inventa le pop art, dans une usine désaffectée, un phalanstère urbain aux senteurs de soufre. Et dire que ce père tranquille est celui qui a sérigraphié Marylin ! Quand les films de Warhol, comme «Chelsea Girl », sortirent en Europe, Malanga devint une superstar. Sa personne signifiait glamour, célébrité et beauté de la jeunesse.
Iggy, Patti, Mick, Keith... Malanga fut, dit le New York Times, « l'associé le plus important d'Andy Warhol. » Grâce à sa formation de sérigraphe, c'est lui qui réalise pour le pape du pop art les photos agrandies et colisées devenues célèbres : Elisabeth Taylor, Marylin Monroe, Elvis Presley deviennent dans ses mains les icônes de la société de consommation, idoles vidées de chair et de substance par la reproduction de l'image. Les images de Malanga sont tout le contraire. Elles pourraient s'appeler : «Jours paisibles à New York», tant est perceptible la grande familiarité entre le photographe et ses sujets.
Fascinants portraits où Malanga nous montre les stars dans leur vérité quotidienne. On voit Iggy Pop nu, plus près de l'ethnographie que du glamour. On voit Patti Smith, étrange indienne, la bouche de Mick Jagger, Keith Richards dans son jardin en friche, Andy Warhol, des tas de jolies filles, des drôles de garçons. New York est alors en train de gagner la troisième guerre mondiale, celle qui va imposer les jean's, le Coca et la musique pop sur toute la planète. Malanga nous montre les redoutables généraux en chef de cette guerre.
Gérard Malanga n'est guère bavard sur ses années passées avec Warhol de 1963 à 1970. « C'est juste un petit moment dans ma vie, prétend-il. Juste sept années qui ont révolutionné l'art. A croire que l'éphèbe des films expérimentaux n'était que la petite main de l'artiste. Andy ? Un petit garçon ! Il est vrai que Malanga s'émancipera de l'esthétique de la Factory pour créer son propre langage de poète et photographe.
De Warhol, il dit qu'il était « un petit garçon. Et comme les adultes aiment offrir des cadeaux aux petits garçons, il était heureux comme un gamin. » A propos de ces images : « Ces photos, je vis avec. Je les range dans des boîtes et de temps à autre, je les partage. C'est ma propre vie que je partage ainsi. La raison d'être de la photographie, c'est d'être l'outil de la mémoire. Et je suis toujours surpris d'avoir pu faire de telles images, où il n'y a que des stars. J'aurais également pu en faire à Paris, mais je n'étais pas dans mon élément et je n'ai pas osé photographier Duras, Balthus ou Godard. L'image qui m'émeut le plus ? Celle de William Burroughs, qui était un bon ami. Je n'aurai plus jamais l'occasion de le photographier. Mais l'amitié se prolonge au-delà de la mort. »
Daniel MORVAN.
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