dimanche 24 avril 2022

Breut: mine de rien elle dessinait

Jeudi‎ ‎25‎ ‎janvier‎ ‎2001, 593 mots

Mine de rien, elle dessinait. Et chez Françoiz Breut, le crayon n'est pas un hobby, il est son art premier. L'installation Juke-box présentée au Rayon-Vert (et coïncidant avec son concert à l'Olympic) en apportera la preuve : Françoiz Breut est d'abord une graphiste qui a rencontré la chanson par hasard. "Un heureux hasard, dit-elle, mais on provoque toujours les hasards."

"Ce que j'aime dans la chanson, c'est qu'elle peut raconter quelque chose de bref. A partir des images évoquées par ces textes, j'ai construit des petits films." 
 Avec "Juke-box", Françoiz Breut crée un lien direct entre chansons et livres-objets. Ce sont des bouquins à couverture solide, manipulables à volonté, disposés dans des boîtes qui s'éclairent quand on les ouvre. Personnages à bonnes bouilles rondes, vieux dictionnaires recyclés, collages, tout un monde coloré et souriant. Le tout se découvre dans une petite cabane qui se visite à quelques-uns, le casque (facultatif) sur les oreilles pour écouter l'une des huit chansons illustrées. On imagine qu'elle transforme ainsi tout ce qu'elle touche, qu'elle peut transformer une armoire en opéra. Ce travail de graphiste, elle ne cesse de le mener, y compris au cours des répétitions de sa tournée qu'elle prépare à Bruxelles, où elle vient de déménager. Pour transférer sur scène les respirations de cordes de l'album. D'en restituer les belles couleurs, entre ripailles convulsives à la Breughel, roses incarnats de Rubens et jaunes de Vermeer, couleurs de livres d'images qui la suivent partout, de Cherbourg à Nantes, de Nantes à Bruxelles. A croire qu'elle aime déménager comme elle aime peindre. "C'est l'amour qui me fait déménager", explique-t-elle en souriant.