mercredi 16 mars 2016

Faim de cinéma? Dévorez Les Ogres


Ils vont de ville en ville, lancés sur les routes avec caravanes et chapiteau : Ce sont les Ogres. Avec ce grand film tourné à Port-la-Nouvelle (Aude), c'est une tornade qui va traverser le cinéma français!



Entretien avec
Léa Fehner, née en 1981 à Toulouse.


Quel est le projet initial des Ogres ?
J’avais une ambition très immodeste : je voulais un film qui donne envie de danser, faire la fête, s’embrasser !

Quand le film est-il né ?
Au 20e anniversaire de la compagnie L’Agit Théâtre, la compagnie de mes parents François Fehner et Marion Bouvarel, où l’un des comédiens venait de perdre son fils de 18 ans. Mais dehors la mort, dehors les larmes ! ce fut une belle fête, et j’ai voulu un film à cette image.

D’où le titre ! Les ogres…
Ce titre parle de l’appétit de vivre, de l’outrance, de la démesure des comédiens itinérants qui ont à cœur que la vie reste un jeu. Et comment grandir à côté des ogres!

Tourner un film avec ses parents comédiens, pour une « enfant de la balle » comme vous, est-ce si facile ?
Ma chance est qu’ils ont chevillée au corps l’idée de mouvement, qui dissipe les nuages : le lendemain est un autre jour. Et ce n’est pas un cinéma de psychodrame. Je ne suis pas capable de ça.

Marc Barbé, dans le rôle de M. Déloyal, est formidable aux côtés d’Adèle Haenel…
Il a été charpentier, marin-pêcheur, il a le goût du geste et du corps. Il se dit « ouvrier de joie ». C’est un grand embobineur, un virtuose des masques. Adèle est naïve mais solaire et puissante, il me fallait ça pour qu’on comprenne ce goût de l’amusement qui la lie à Déloyal, malgré l’écart d’âge. Nous avons choisi Adèle avant le succès des Combattants, elle fait les choses sur son désir profond, avec le goût politique de défendre cette liberté-là.

Cette force égale des personnages explique-t-elle aussi la durée du film (2 h 24) ?
La longueur ne me gêne pas, on supporte bien des James Bond de 2 h 30 ! Je voulais sortir d’un format étriqué pour renouer avec le panache et la flamboyance d’une histoire forte, des personnages qu’on a envie de serrer dans ses bras. Et tous les films que j’aime, ceux de Téchiné ou Despleschin, ont cette densité des œuvres où l’on rencontre des êtres.

Vous avez constitué une troupe spéciale pour le film, faite de comédiens de cinéma et de théâtre. Comment avez-vous travaillé ?
Le plateau était considéré comme un lieu de bataille et d’inconfort. Les choses se sont construites à partir d’un scénario solide, et sur l’adrénaline de l’imprévu : on répétait, on tournait, on coupait, on retournait, et tout à coup on sentait la présence, et on ne coupait plus. Les gens du cinéma et ceux du théâtre s’enseignaient mutuellement des trucs de métier. La seule chose que les théâtreux n’ont jamais saisie, c’est qu’il ne faut pas manger tout le couscous dès la première prise. Parce qu’il y en aura quinze autres à tourner !

Vous avez été élève de la formation Ciné Sup à Nantes. Qu’en avez-vous retiré?
Oui, j’étais de la promotion 1999, le moins qu’on puisse dire est qu’elle est prolifique, sur une classe de 20, neuf enfants sont déjà nés! J'ai ensuite été élève de la Fémis mais Cinésup est le moment décisif de ma formation. Je me souviens des découvertes du Festival des Trois Continents, des rencontres avec Royal de Luxe, que mes parents connaissent bien à Toulouse. Oui, cela m’a élargi le regard.

Recueilli par Daniel Morvan.

Sortie en salles ce mercredi 16 mars.

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