mercredi 28 novembre 2018

Gabriella Zalapì: Mourir d'ennui à Palerme

La révélation de la rentrée de janvier 2019: Emma Bovary dans les décors du Guépard



Périr d'ennui à Palerme, est-ce possible? C'est ce qu'affirme la voix qui s'élève de ce roman, une voix blanche de colère. Celle d'une jeune femme des années 1960 vivant dans la société huppée de Palerme, narratrice du livre de Gabriella Zalapi: Antonia. Coup de coeur de cette rentrée de janvier 2019.

Mère d'un jeune enfant, Antonia sent qu'il lui échappe, et que se reproduit là une constante familiale. S'appuyant sur un carton d'archives léguées par sa grand-mère, elle entreprend une enquête personnelle, qu'elle consigne dans la forme dense d'un journal intime. Sa fonction est claire: écrire pourrait lui permettre de retrouver le monde, la vie réelle, en contestant la manière dont elle les subit. Le projet de la narratrice n'est pas de broder un joli carnet intime, ni d'offrir le spectacle complaisant d'une femme de la bonne société, mais de faire éclater l'inertie d'un milieu qui la brime.
Dans cette voix nouée, se mêlent les accents de Palerme, cadre du récit, de Vienne, ville d'origine de la branche maternelle de la famille d'Antonia, de Londres où se réfugièrent ses parents, pour fuir l'antisémitisme nazi. Ceux de Genève et Paris, où elle grandit et souffre. Comment s'émanciper d'un monde figé, comment s'extraire d'un roncier d'égoïsmes, s'arracher aux griffes d'une mère hostile, de grands parents tout à leurs obsessions, des moeurs sautillantes de la jet set, telle est la question que se pose Antonia depuis son adolescence. C'est ce qui fait la matière de ce premier roman édité en Suisse, incisif et cruel, construit comme une enquête policière, éclairé de façon troublante par des photographies de famille qui lui offrent une allure de fiction documentaire. Avec pour sous-titres possibles: Les besoins de l'âme et la volonté de savoir.

Sous son costume de perfect house wife


Sur la jeune femme confinée dans une rage froide, ces lettres et photographies ont un effet électrique. Antonia, à genoux dans son grenier, objective le roman familial et en recoud les pièces, dans une contemplation mélancolique mais acérée des vestiges du passé :

"Je me perds dans l'observation des voilages, des robes, des chapeaux "crème chantilly", des chaussures de satin, des mains, de ces visages qui ne sont plus et qui me regardent. L'usure, le contraste des noirs et blancs participent au caractère onirique, organique des images"

- images parmi lesquelles la narratrice (à qui la romancière a donné son goût moderne pour les "clichés-accidents", les images ratées), isole les plus mystérieuses (on pense à Sebald), les photos écartées, ceux d'enfants seuls dans des hamacs en pleine forêt, dont le rêve semble nous capter, et dans le même mouvement s'écroulent les hautes figures de la dynastie.
Sous son costume de "perfect house wife" de 1965, Antonia vit avec un mari indifférent et détesté, élevant son fils sous la surveillance d'une nurse vindicative, à la Daphné du Maurier. La compulsion des archives réveille le souvenir des grands parents "aux passions totalitaires": les touchants Vati, collectionneur de peinture flamande, et Mutti, la pianiste, sur lesquels le regard de la narratrice n'est guère plus complaisant.
Une lettre nous apprend qu'Eléonor (mère d'Antonia) fut elle aussi, déjà, une jeune fille effacée, qui a grandi "en marge des occupations qui nous dévoraient", avoue le grand-père Vati. Puis la jeune viennoise affirme sa personnalité de musicienne:

"Mutti commença à la regarder vraiment. Elle découvrit avec enchantement qu'elle avait une fille indépendante d'esprit et de surcroît une pianiste prometteuse. Elle présenta Eleonor à toute la société viennoise, jusqu'au jour où Mutti sentit que sa propre fille prenait trop de place, qu'elle lui faisait de l'ombre".

Eleonor vit claustrée entre ses professeurs de danse et de piano: "Son père répétait que Vienne était devenue irrespirable pour les Juifs, et qu'il fallait à tout prix soustraire maman aux humiliations du dehors." Jusqu'à la rencontre d'Eléonore avec Henry, un jeune aristocrate britannique avec qui elle s'exile. Catastrophique, le retour à Vienne après-guerre, où Henry questionne son épouse:

"Comment as-tu pu me cacher que tu es juive?" Où allons-nous habiter? As-tu vu l'état de cette ville? Comment allons-nous faire avec les enfants?" Maman: "Je ne sais pas, je ne sais pas." Dans mon sommeil, sa voix ressemblait à la plainte rauque d'un animal à l'agonie, et c'est alors que je décidai de me lever."

Nassau, Vienne, Kitzbühel dans le Tyrol... Eleonor est désormais appelée "my jewish wife" par Henry (et on voudrait lui retourner la question: comment a-t-il pu l'ignorer?). Délaissée, la fillette sera vite confiée à sa grand-mère paternelle Nonna. Quand elle se marie, sa mère la félicite ainsi: "Ma pauvre Antonia, tu as vraiment un physique ingrat. Dieu merci, tu as trouvé un mari."

Le grand monde a un coeur de pierre


L'histoire semble se répéter avec Franco, mari d'Antonia, qui lui adresse d'incessants reproches, par exemple d'avoir été "excessivement spontanée" à une soirée. En l'absence d'un amour réel qui aurait bravé le mécanisme de répétition, la rupture est inévitable. L'écriture lui ouvre la possibilité d'une sécession silencieuse d'avec cette vie d'assignée à domicile où elle n'aime personne :

"Comment est-il possible qu'Arturo soit mon fils? Oui, je l'ai bien mis au monde. Oui, c'est bien toi sa mère. Mais subsiste cette étrangeté: Dès lors que je ne vois pas Arturo, je ne pense plus à lui. (...) Je lui parle en italien, mais ce n'est pas ma langue (quelle est ma langue?). Quand je lui dis Good night, il me réponde: "Parle italien. Ici on parle italien." Je me sens une étrangère avec lui. C'est comme si Arturo était né dans mon dos. Suis-je une mauvaise mère?"

En termes de fiction, Antonia s'écarte des codes de la saga familiale par l'absence de sentimentalisme: de Palerme à Vienne, le grand monde d'Antonia a un coeur de pierre. Elle le lui rend bien, non sans tomber dans le piège de la détestation universelle. Oui, la jeune femme passe pour un monstre moral, version féminine de l'Etranger. Emma Bovary dans les décors du Guépard. Il n'est pas jusqu'à l'absence d'apparat littéraire manifeste, dans ce livre aiguisé et concis, qui ne participe à cette cassure que la narratrice s'emploie à approfondir. La sécession est d'ailleurs ouverte, comme nous le révèle encore la page du 25 septembre 1065, où Antonia affronte le rigorisme et la loi patriarcale, selon laquelle "c'est la femme qui doit contenir la désorganisation d'un couple (...). À ce moment-là je n'ai pu me contenir: La femme peut-elle être le détonateur de la désorganisation, ou vous seuls avez ce privilège?"
Dans cet univers de spectres, reste un principe actif de fiction : la paranoïa hitchcockienne de la femme surveillée, qui déchiffre sa propre énigme dans les photos de familles, les lettres, les petites découvertes émouvantes comme cette photo de la narratrice enfant, au bord de la chute. L'espoir pour Antonia d'élucider les mécanismes d'échec qui minent sa famille, porte le lecteur jusqu'au terme prévisible, après une dernière révélation qui, cette fois, nous rapproche de Christine Angot.

Daniel Morvan
Gabriella Zalapi: Antonia, journal 1965-1966. Éditions Zoé (diff. Harmonia Mundi), 112 pages, 12,50€. Paru le 3 janvier 2019, sélectionné pour le prix Cazes-Lipp 2019. 


Née à Milan, Gabriella Zalapi est artiste plasticienne © DR

lundi 26 novembre 2018

Les 8 commandements du comédien amateur


1. Allez au théâtre. Commencez par les auteurs vivants. Aimez-les, détestez-les, prenez des places au 4e balcon.
2. Le théâtre est un divertissement, mais aussi un art porteur de sens et de civilisation.
3. Jouez sans vous regarder jouer. Le théâtre, c’est bouger avec les autres dans un même espace.
4. Ouvrez des livres. Combattez votre illettrisme. Lisez tout. Du théâtre, de la poésie, les petites annonces.
5. Plongez-vous dans la comédie de la vie.
6. Faites de la musique, chantez faux, jouez du tuba.
7. Dites des poèmes et montez des pièces avec vos amis.
8. Vous aimez le boulevard et les pièces affligeantes, jouez-en. Allez jusqu’au bout de vos erreurs.

lundi 12 novembre 2018

Orange Blossom au Caire, de la techno à la musique classique arabe


Orange Blossom dans la capitale égyptienne



Le Caire, 23 juin 1999, avec le groupe nantais Orange Blossom. 

Contempler au Caire les momies pénétrées de bitume et de natrum, le masque d'or massif de Toutankhamon, surmonté des têtes d'un vautour et d'un cobra, les deux déesses tutélaires d'Égypte, visiter le souk en compagnie d'un supplétif en chemise verte portant un pistolet automatique dans la ceinture, humer les parfums de la reine Nefertiti dans la caverne d'Ali Baba.

Depuis le minaret de la mosquée Ibn Toulon, la plus ancienne de la ville, le regard plonge sur les terrasses des immeubles où se promènent lapins, oies et dindons, au-dessus des places bardées de calicots félicitant Hosni Moubarak pour sa réélection.

Le Caire, ville inépuisable, plusieurs villes dans la ville, ici un métro en chantier, là des enfants qui jouent pieds nus avec un petit chien. Il est pourtant un lieu de paix incomparable, le pont Kasr-el-Nil, où l'on regarde passer les lotus bleus arrachés des rives du lac Nasser, sous les yeux de jeunes femmes qui, aux yeux du voyageur, semblent avoir le même mystérieux sourire, la même carnation de bronze et les mêmes yeux, agrandis par une ligne d'antimoine, que celles qui furent les modèles d'Hâtor. Sur les rives, les vedettes à passagers se délabrent, clouées à leurs pontons depuis un sinistre jour de novembre 1997 et l'attentat de Louxor qui a paralysé le tourisme.

2000 : Jarre et la Sainte Famille

Mamdouh El Beltagy, ministre du tourisme, nous annonce les deux créations destinées à marquer le passage à l'an 2000 : un concert de Jean-Michel Jarre sur le plateau de Gizeh et la création d'un itinéraire touristique sur les pas de la Sainte Famille lors de la Fuite en Égypte, du Sinaï jusqu'au vieux Caire. Mamdouh El Beltagy nous expose sa conception de la culture : « Un Égyptien est par définition soi-même et l'autre, étant issu du croisement de multiples cultures. Il n'y a pas de races ni de minorités égyptiennes. »
L'unité de la basse et de la haute Égypte, du papyrus et du lotus, est depuis toujours l'obsession des Égyptiens, et le ministre nous indique qu'il désavoue l'expression de « musique nubienne », à laquelle il préfère celle de « musique égyptienne de Nubie. »
A croire M. El Beltagy, la musique traditionnelle ne risque pas la disparition, contrairement à ce que Mostafa Abdelhaziz dit de la pratique déclinante de l'arghul. « L'arghul, explique le ministre, est un instrument du peuple. Connaissez-vous la légende ? Un pharaon, trouvant cet instrument trop puissant, a chassé l'arghul de l'orchestre royal. Le peuple l'a repris et a maintenu cet instrument jusqu'à nos jours. L'arghul est un instrument rebelle. » Et très difficile à jouer : Mostafa tente de l'enseigner à son fils de 17 ans, Amr, mais ce dernier ne parvient pas à maîtriser la technique de respiration continue, qui est « un don de Dieu. »

Un concert patchwork

Le premier concert d'Orange Blossom et Ganoub a lieu dans une agora à ciel ouvert à l'intérieur de l'Opéra du Caire, qui annonce pour la fin de l'année un « Aïda » pharaonique. Le spectacle est gratuit mais le cordon rouge qui clôt l'enceinte et le détecteur de métaux à l'entrée en réserve l'accès à la gentry des ambassades. Dans cette ambiance un peu coincée, anxieux, les Nantais ont la lourde tâche de produire les fruits de leur résidence création, et de payer en retour ceux qui l'ont financée.
L'entremêlement des sons traditionnels et des nappages de samplers lancés par JC, le contraste entre la gestuelle introvertie du chanteur et la placidité du « crooner » nubien Khedr el Attar, et même les différences vestimentaires (le tee-shirt « Adidas » orange de JC, la djellaba noire de Mostafa) accroît l'effet « patchwork » de ce premier concert.
La « qanoun » (musique classique arabe) et la techno vont pourtant s'emboîter grâce à une bonne communication des musiciens. Saleh, à l'accordéon, a les yeux rivés sur PJ, au violon, qui lui indique quand il doit se lancer. Le public est subjugué par la voix de Kedhr, qui s'accompagne au luth ; la fusion de ces mélopées lointaines et du groove électro parvient souvent à soulever l'émotion d'une communication intersidérale, d'un dialogue entre planètes et temporalités que des années-lumière séparent.

Le jasmin du Pont des soupirs

Ce premier concert impressionne par la beauté du rapprochement des musiques populaires et des machines. JC lance ses sons échantillonnés sans intervenir sur eux en cours d'exécution. La techno joue le rôle de toile de fond, devant laquelle alternent les morceaux de rock à tonalité « british » d'Orange, et les mélopées envoûtantes de Ganoub. La confrontation est parfois abrupte, parfois idéale; les Nantais mouillent leur chemise, PJ en transe veut entrer avec son violon gitan dans son ampli de retour ; Carlos, le percussionniste, vole naturellement la vedette à tous les autres. La venue de Ganoub au festival d'été de Nantes promet d'être un grand moment. Et puis il faudra quitter le Caire, traverser sous les acacias la nuit tissée de klaxons, une dernière fois prendre le pont Kasr-el-Nil où les adolescents rêvent devant les eaux du fleuve, en humant un bouquet de roses ou un collier de ce jasmin qui ne se récolte que la nuit. 
Daniel MORVAN.



‎mercredi‎ ‎23‎ ‎juin‎ ‎1999
1414 mots

Solenne Païdassi, le #violon à l'américaine

#solennepaidassi © F. Dubray

Il ne savait pas, ce joli violon signé d'un luthier italien de Crémone, qu'un jour il jouerait la musique d'un Irlandais, Henry Cowell. Une musique d'immigrants musiciens. Et selon la légende, le jeune Henry composa sa première musique pour protester contre un médecin qui voulait lui couper la jambe : ça s'appelle Anger Dance. Il garda sa jambe et la musique gagna un génie.
Ce musicien inconnu (mort en 1965) est révélé à la Folle Journée par la violoniste Solenne Païdassi « Dès que j'ai appris que la Folle Journée serait américaine, j'ai sauté sur l'occasion pour inscrire Cowell à mon programme, l'occasion était trop belle. Il est si peu joué ! »

L'âme du « fiddle »

Jeune révélation, Solenne Païdassi sait allier la puissance des danses irlandaises à l'infinie subtilité que réclament les notes effleurées. À ce degré de sensibilité, on ne joue plus, on chante du violon. Le sien, un Storioni 1779, vous emporte par vagues sur les nuits d'été de Porgy & Bess« C'est vraiment ce que les Américains appellent le #fiddle, le violon de la rue. J'ai accentué ce côté très franc, très cash, avec des intervalles parfaits, alors qu'il n'est pas du tout dans mon style ! »
Son style à elle, il s'est affirmé très tôt. Très « Mon répertoire à moi, c'est Prokofiev, Stravinsky et Chostakovitch. Ce sont des amours de longue date. J'ai commencé le violon à l'âge de 4 ans, à Nice. » Un choix qui s'est décidé devant un concert d'orchestre à la télévision « J'ai pointé un doigt sur les violons en m'écriant : voilà ce que je veux faire ! » Progression si rapide qu'elle joue du Messiaen à 9 ans.
« Ma règle, c'est : la sensibilité d'abord. » Le même état d'esprit préside à sa première Folle Journée « Avec le pianiste Laurent Wagschal, nous faisons couramment des récitals de deux heures. Là, je peux me concentrer sur 45 mn. On se sent plus libre. Je n'ai pas davantage droit à l'erreur, mais l'ambiance est tellement festive que le plaisir prend le pas sur le stress. »
Daniel Morvan
1er février 2014

dimanche 11 novembre 2018

Théâtre: Tourista ou la grande purge

Tourista, au TU Nantes: Tanguy Malik Bordage déploie un théâtre pulsionnel et désinhibé


"Chaque jour j'accorde moins de prix à l'intelligence": Tanguy Malik Bordage pourrait faire sien le précepte proustien et zen de non-maîtrise, et des vertus de l'abandon. Pourtant, la maîtrise est bien là, dans l'écriture, la mise en scène, la scénographie, le jeu et l'art de jouer sur les contrastes. Et cela malgré ses défauts, qui sont ceux d'une oeuvre singulière, intime, mais animée par une belle verve caricaturale.

En 2009 à Pondichéry, la mère de Tanguy Bordage est fauchée et tuée par une voiture. "Tourista" réunit les éléments collectés lors d'un pèlerinage sur les traces de la mère disparue, et constitue une éprouvante immersion dans le tourisme de masse. "Tourista, c'est chercher à se vider afin de redevenir un réceptacle vierge, une grande purge", explique Tanguy Bordage dans ses intentions d'auteur et de metteur en scène. Représenter le monde pour s'en libérer. Montrer ce qui vous obsède et vous emprisonne. Poser ses cauchemars sur un plateau pour s'en affranchir.

L'errance dans les fêtes tristes du club de vacances mondial se superpose ainsi au deuil, dans un contrepoint violent. C'est un mélancolique "Pondichéry mon amour" qui s'écrit sous nos yeux, à la faveur de cette projection dans le réel des voyages low cost, sous forme de sketches qui semblent improvisés, dans un décor qui étonne, avant de prouver son efficacité: Les toilettes d'un centre de villégiature.

Comme dans son précédent "Projet Loup des steppes", Tanguy Bordage joue délibérément la carte de la surprise, d'un sentiment cosmique affronté au monde tel qu'il l'éprouve: gerbant. Ce qui donne un théâtre pulsionnel et cathartique où le comédien a beau jeu de déployer ses provocations, au risque de frôler le déjà vu. Nous aurons droit au rap picard, au "stand up" raté de Club Med', aux cocaïne parties dans les toilettes (avec l'excellent Bertrand Ducher), aux crises de couple (hurlées par Julia Gomez dans un rôle sur mesures), aux coliques de touristes (d'où le titre) et prêches divers: des vertus palliatives de la diète ayurvédique chez les fêtards, de l'universalité du message d'amour, et même un "balance ton Astérix" proféré par un Hervé Guilloteau en Obélix - il aura vraiment tout fait.
Farce folle plus crachée que mise en scène, aussi énorme que désespérée, cette "Tourista" n'est est pas moins hantée par une émouvante déesse mère (Layal Younesse), seul élément de réelle féerie dans un univers dévasté. Ce que Tanguy Bordage, dans son écriture instinctive, nous montre, c'est l'indécence du monde d'après, sans elle. Un monde de frénésie qu'il ne comprend plus, soudain. Car l'univers se moque du deuil, il stagne et triomphe. Il ne s'intéresse pas aux voitures folles sur une route de Pondichéry. Voilà pourquoi nous aurons toujours besoin de théâtre.

Daniel Morvan


Du 12 au 15 novembre 2018 au TU Nantes, chemin de la Censive du tertre. De 20€ à 5€, réservation: 02 40 14 55 14