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vendredi 7 décembre 2018

Sylvia Sass, à propos de camélia



Autour d'une masterclass
Qu'est-ce qu'une masterclass de chant ? Un cours magistral ? Un grand moment de cabotinage autour d'une diva ? Une occasion de découvrir l'envers du décor de l'art vocal ? Tout ça et rien de tout ça ? Réponse : « Il s'agit d'un rendez-vous entre artistes de renom et jeunes chanteurs en fin de formation, explique Thierry Pillon (photo), metteur en scène. C'est l'occasion pour le public de pouvoir se glisser à l'intérieur d'une séance de travail où de jeunes artistes du monde entier reçoivent des conseils avisés. »
Transmettre, enseigner
Ce que propose le metteur en scène nantais Thierry Pillon, c'est « une semaine de transmission et d'enseignement » autour de la cantatrice hongroise Sylvia Sass (photo). L'événement se déroulera du 8 au 16 juin au Passage Sainte-Croix, et l'entrée en sera libre et gratuite. Autour de ce cours de haute volée, un nouvel événement culturel : les Art'Scènes, mélange de concerts et rencontres. Une première édition éclatée en divers lieux nantais : Palais de justice, Musée des beaux-arts, théâtre du CIC, Cité des congrès.
Autour d'un camélia
Sylvia Sass a incarné une grande Dame aux camélias (celle de la Traviata de Verdi) en 1976 à Aix-en-Provence. Pour ses 40 ans de scène, elle recevra des mains d'Alfred Lemaître, créateur de fleurs, « un camélia à fleurs blanches et à fleurs imbriquées, portant son nom ». 
Daniel MORVAN.

lundi 12 novembre 2018

Solenne Païdassi, le #violon à l'américaine

#solennepaidassi © F. Dubray

Il ne savait pas, ce joli violon signé d'un luthier italien de Crémone, qu'un jour il jouerait la musique d'un Irlandais, Henry Cowell. Une musique d'immigrants musiciens. Et selon la légende, le jeune Henry composa sa première musique pour protester contre un médecin qui voulait lui couper la jambe : ça s'appelle Anger Dance. Il garda sa jambe et la musique gagna un génie.
Ce musicien inconnu (mort en 1965) est révélé à la Folle Journée par la violoniste Solenne Païdassi « Dès que j'ai appris que la Folle Journée serait américaine, j'ai sauté sur l'occasion pour inscrire Cowell à mon programme, l'occasion était trop belle. Il est si peu joué ! »

L'âme du « fiddle »

Jeune révélation, Solenne Païdassi sait allier la puissance des danses irlandaises à l'infinie subtilité que réclament les notes effleurées. À ce degré de sensibilité, on ne joue plus, on chante du violon. Le sien, un Storioni 1779, vous emporte par vagues sur les nuits d'été de Porgy & Bess« C'est vraiment ce que les Américains appellent le #fiddle, le violon de la rue. J'ai accentué ce côté très franc, très cash, avec des intervalles parfaits, alors qu'il n'est pas du tout dans mon style ! »
Son style à elle, il s'est affirmé très tôt. Très « Mon répertoire à moi, c'est Prokofiev, Stravinsky et Chostakovitch. Ce sont des amours de longue date. J'ai commencé le violon à l'âge de 4 ans, à Nice. » Un choix qui s'est décidé devant un concert d'orchestre à la télévision « J'ai pointé un doigt sur les violons en m'écriant : voilà ce que je veux faire ! » Progression si rapide qu'elle joue du Messiaen à 9 ans.
« Ma règle, c'est : la sensibilité d'abord. » Le même état d'esprit préside à sa première Folle Journée « Avec le pianiste Laurent Wagschal, nous faisons couramment des récitals de deux heures. Là, je peux me concentrer sur 45 mn. On se sent plus libre. Je n'ai pas davantage droit à l'erreur, mais l'ambiance est tellement festive que le plaisir prend le pas sur le stress. »
Daniel Morvan
1er février 2014

dimanche 22 avril 2018

Henri Salvador: La bossa nova, c'est moi qui l'ai inventée

Henri Salvador (1917-2008): l'invention de la bossa nova est son passeport brésilien,
mais le farniente aux Bahamas suffit au bonheur du chanteur de Syracuse


"Syracuse? Cette chanson a d'abord été créée pour Jean Sablon, l'autre crooner français, qui a engueulé Bernard Dimey à son retour de Syracuse, parce la vraie Syracuse ne ressemblait pas du tout à celle de la chanson."
Parce que Syracuse n'est pas en Sicile, elle est n'importe où, comme la Venise de Serge Reggiani. Henri Salvador se sera contenté de "piquer" la chanson à Sablon, et s'il existe un homme sur terre dont la patrie est multiple et insaisissable, c'est bien lui. Cayenne, là où il est né le 18 juillet 1917? C'est fini, Cayenne. Pas vraiment d'attache sur ce "rocher infâme". A tout prendre, le chanteur Salvador est d'abord un pur parigot, "un vrai Titi parisien, mais de couleur, hein !". C'est la ville où il fera ses gammes, et c'est dans sa musique qu'il va dessiner ce pays rêvé. Ce pays en forme d'île où il ira un jour ne rien faire, "avant que ma jeunesse s'use/et que mes printemps soient partis." 

"L'initiateur de la bossa"

L'une de ses chansons, une musique de film, s'appelle Dans mon île. Elle n'annonce pas seulement le Salvador gardien des jardins d'Eden. Elle est le plus beau passeport brésilien qu'on puisse rêver. C'est en écoutant cette chanson que Carlos Jobim a eu l'idée de la bossa-nova. Il a dit : écoutez-ça, ce Salvador a raison : il suffit de ralentir le rythme de la samba. Vous avez donc devant vous l'initiateur de la bossa, merde quoi ! 
Cayenne, Paris, le Brésil puis Les Bahamas - paradis dont il vient de s'arracher, sur un coup de poker musical qui l'a même surpris, lui qui ne s'extrait de la sieste que pour claquer son magot aux roulettes de Nassau. Le voici à nouveau en tournée mondiale.
J'ai encore 65 concerts à donner, le Brésil, l'Amérique, pour un mec de mon âge, c'est tout de même un peu charrier. Mais en 2003, arrêt buffet ! D'histoire d'avoir six mois devant moi pour profiter de la vie. Les Bahamas ! J'aime tout aux Bahamas. Quand je suis à Paris, je ne regarde que les chaînes de voyage, rien que pour les palmiers. Et puis c'est extraordinaire, ces types-là pêchent des poissons magnifiques et ne paient pas d'impôts. Un pays extra, avec 430 îles, une population de 300 000 habitants dont les deux-tiers vivent à Nassau. J'adore ne rien foutre et rester allongé, j'ai ça dans le sang. Quoi ? Syracuse ? J'y suis jamais allé. On m'a offert les clefs de la ville, mais je préfère pas. Un lieu qui n'existe que par les mots, oui, c'est ça. 

Daniel MORVAN.




‎mercredi‎ ‎4‎ ‎juillet‎ ‎2001
541 mots quotidien ouest-france

mercredi 4 avril 2018

Judith Brouste, Didier da Silva: lectures parallèles

L'extraordinaire combat de Giap, raconté dans
L'enfance future

Le terrible Heinrich von Kleist, mort très jeune en 1811 ©DR






L'idée de réunir dans une même chronique deux livres aussi différents que Toutes les pierres et L'enfance future est-elle saugrenue? A vrai dire, le seul fait qu'ils ont été lus à la suite est un peu court pour justifier l'exercice. Difficile pourtant de séparer ces deux livres. 
Ils entretiennent l'un comme l'autre un rapport très particulier à l'Histoire, fondé sur l'écart et la distance spatio-temporelle: dans L'enfance future, Judith Brouste raconte l'histoire d'une fillette malade et maltraitée. Son père médecin lui lit Crime et chatiment le soir pour l'endormir, entre deux souvenirs d'Indochine. Et, à douze mille kilomètres de distance des événements, la guerre coloniale de la France, menée par De Lattre dans le Haut-Tonkin, vient envahir cette enfance. Le lecteur peine à distinguer qui est qui dans cet univers provincial des années 1950, les parents sont désignés par un prénom ou un nom, la narratrice s'exprime à la première personne mais existe aussi à la troisième personne et sous un autre prénom (Catherine, la petite) que celui de l'auteur. Et c'est pourtant dans ce parallèle entre l'histoire individuelle d'une fillette et cet "écroulement de l'Occident" qu'est Diên Biên Phu, le 7 mai 1954, qui fait que les deux recherches de vérité s'éclairent mutuellement. L'obscurité première de ce roman éprouvant est aussi à la mesure de son exigence de vérité.

Mahler et Granados, ou l'ironie du sort


A l'opposé de cette histoire de terreur, Didier da Silva développe avec un plaisir d'esthète les vies parallèles de deux poètes séparés par mille ans d'histoire, mais que de secrètes affinités lient pourtant: le romantique Heinrich von Kleist, mort jeune en 1811, et le nomade Li Baï, grand poète qui vécut dans la Chine du VIIIe siècle, traversant les turbulences de la dynastie Tang. Des plaisirs subtils de l'écart, du rapprochement de réalités situés à des points opposés de la galaxie... Dans ce texte euphorique et habile, le lecteur court après une clef, une résolution musicale qui ferait apparaître le secret commun à ces deux destins - échecs littéraires, goût du vagabondage et des alcools. L'écart spatio-temporel entre Allemagne et Chine, romantisme et poésie chinoise, ne se résout pas par magie scénaristique. Le lecteur est invité à construire lui-même la cohérence de cet assemblage, à capter les jeux de contrastes, à participer jusqu'au bout aux "joies du montage alterné", jeu préféré de Didier da Silva. Avec pour principe directeur l'idée un peu risquée que c'est du même homme générique que l'on parle, qu'il soit écrivain cyclothymique et suicidaire ou poète buveur, marchant "vers un avenir incertain". 
"Mon point de vue préféré est celui de Sirius", soutient l'auteur. Il complique encore son montage parallèle en faisant surgir deux autres personnages chargés d'assurer les intermèdes: les musiciens Enrique Granados et Gustav Mahler, que tout oppose: le génie dompteur des grandes masses orchestrales, et le petit maître pianistique. La camarde a fixé à tous deux une mort étonnante, avec pour Mahler une sorte de scoop dans ce final ornithologique dont nous ignorions tout. 
Ces compositions biographiques se déploient comme de grands paravents: derrière les deux vies de Kleist et Li Baï, narrées sur un mode solennel, avec un long développement consacré au suicide romantique, les vies parallèles de Granados et Mahler (celui-ci relié à Li Baï par son travail sur la poésie chinoise dans ses ultimes travaux symphoniques) nous font entendre les accents mineurs de l'ironie du sort.

Daniel Morvan

Didier da Silva: Toutes les pierres. Éditions de l'Arbre Vengeur, 314 pages, 18€.

Judith Brouste: L'enfance future. Gallimard. 160 pages, 15€.

mardi 6 février 2018

Jackson C. Franck, héros oublié de la musique folk

Jackson C Franck rencontre Presley à Graceland

Jackson C. Franck est l'un des plus inconnus des musiciens culte. Ce chanteur folk est pourtant l'auteur d'au moins deux "standards" de la musique folk, Blues run the game et My name is carnival. Jackson C. Franck y inventait une certaine forme de mélancolie, lui donnait ses couleurs personnelles de braise et un certain mouvement de mer, et cette application d'artisan qui le distingue de Bob Dylan. Après son premier livre, un essai rêvé autour du géographe Elisée Reclus, Thomas Giraud met en oeuvre la même méthode personnelle, ni biographie ni essai historique, pour tenter de comprendre l'apparition et le retrait de Jackson C. Franck. Pourquoi lui? "J'envisageais d'abord de traiter du silence, à partir d'une oeuvre de John Cage, 4'33", souvent considérée comme 4'33" de silence, mais en fait constituée des bruits environnants. J'ai ensuite considéré que l'existence d'un fort corpus théorique de Cage risquait d'affaiblir mon propos. Et j'ai pensé à Jackson C. Franck, dont je possédais l'unique album." Né à Buffalo en 1943, Jackson C. Frank grandit dans la petite ville de Cheektowaga, non loin des chutes du Niagara. Quand son école brûle, faisant de nombreuses victimes parmi les élèves, il fait partie des survivants. Une guitare offerte par l’un de ses professeurs vient éclairer sa douloureuse convalescence. C'est l'époque où Elvis Presley devient le king: Pour fêter le retour à la maison, la mère de Jackson offre à son fils une visite à Graceland. En cette résidence royale, l'incroyable rencontre (fortuite) a lieu entre l'enfant brûlé et la jeune star, qui passe quatre heures avec lui et sa guitare. Commence la période bénie du jeune musicien, que Thomas Giraud sait analyser de cette manière quasi médiumnique qui avait déjà fait merveille à propos d'Elisée Reclus. L'essentiel de son analyse, si elle met en mouvement des blocs de biographie bien identifiés, tient dans une sorte d'empathie imaginative avec ce personnage aux couleurs pastel.
Devant un tableau de Rothko, couleur peau et Bétadine, il découvre "la nécessité d'une forme géométrique pour encadrer et rassurer ses chansons". L'auteur nous fait entrer dans la vision interne du musicien, repérant sa fixation objectale sur ce morceau de peau qu'il a greffé au front et qu'il semble fixer de l'intérieur... Un artiste ne naît pas au monde sans ce fin ajustage de ses capteurs sensoriels, de ses infirmités, de ses blessures sur ce grand tout qu'il s'apprête à chanter. Mais voici que l'argent de l'assurance tombe. Fortuné et fou de voitures, Jackson file à la concession londonienne de Bentley. Fixant une sorte de losange hallucinatoire apparu mentalement, il écrit ses premières chansons. Cela sonne comme du Pete Seeger. Il se glisse dans l'universel folk, avec son look de séminariste, son air "d'échassier égaré". Nous nous l'étions peut-être imaginé enfant noir? Voici que Thomas Giraud nous le montre, "blond comme les blés, beau comme un astre (...) qui boîte et se balade en automobile de luxe". 
Son chemin croise celui de Paul Simon, déjà en route pour la gloire. Paul lui loue un studio encore tout chaud des traces d'un "jeune loup frisé" appelé Dylan. Paul sait le dorloter, l'enfermer dans un cocon de paravents pour qu'il accouche de son album. C'est magnifique, Blues run the game sort de sa gangue, Jackson se coule dans le swinging London, claque sa fortune, et puis sans prévenir, c'est l'échec. L'album sorti en décembre 1965 fait un flop. La critique flingue le chanteur à la Bentley. Diagnostic? Thomas Giraud: "Il y a une promesse de choses en mouvement que l'on ne sent pas chez Jackson alors que tout le monde n'attend que ça. Jackson ne secoue pas vraiment, il est une brise légère". La comparaison peut sembler cruelle entre les deux méthodes de travail. Celle de Dylan, la puissance créatrice à l'oeuvre, indomptable improvisateur, progressant au fil d'une "narration audacieuse et aventureuse", et celle de Jackson C. Franck, plus méticuleux, dans un "juste milieu entre le folk anglais et américain", dont les morceaux "sont terminés comme pris dans le ciment". Cette observation cruelle de Thomas Giraud: "Jackson avait dit en 1960 après avoir vu Dylan sur scène, pourtant médusé par autant de talent, Je pourrais faire aussi bien, je ferai mieux. C'est raté. Il est en retard. Il a 22 ans en 1965. À 22 ans, Dylan avait déjà au moins 30 ans." 
Il faut aussi réussir à coïncider avec son époque, être son propre contemporain. On se souvient du film des frères Cohen sur un thème semblable, Inside Llewyn Davis, où le balladin occidental renoue avec les épreuves de Lancelot sur la quête du Graal: de Rimbaud à Charlot, l'échec serait-il plus beau que le succès? Jackson oublie les chansons, les voitures, reprend l'avion pour le village près des chutes, se clochardise. Il fait tout ce qu'on peut faire quand on est pas Dylan, et c'est aussi redoutable que si ça avait marché.
Daniel Morvan
Thomas Giraud: La ballade silencieuse de Jackson C. Franck. La Contre Allée, 165 pages, 17€.

samedi 26 août 2017

Liam O'Flynn, prince de la cornemuse irlandaise (uiellann pipes)


Liam O'Flynn, "a complete musician and a gentle soul" © donald glackin



Liam O'Flynn, l'un des plus illustres joueurs de uilleann pipes et de flûte irlandaise au monde, est mort le 14 mars 2018. Il appartint au célèbre groupe Planxty avant de fonder son groupe, «The Given Note Band». Il avait aussi joué aux côtés de Kate Bush, Emmylou Harris et Dire Straits. En 1997, j'avais rencontré cet homme discret, mais cependant légendaire par une maîtrise instrumentale portée au plus haut, et par son élégance. Je lui trouvais même une petite ressemblance avec mon grand-père maternel - autant de raisons pour vouloir le rencontrer quand l'occasion s'en présenterait. Voici l'article (sans angle, il faut bien le reconnaître!) paru le 20 mars 1997.


«Où peut-on louer un vélo?» Dieu sait pourquoi, ce désir de se promener en bicyclette nous surprend. L'impénétrable Liam O'Flynn aime surprendre son monde. Son image de sonneur hiératique n'est qu'une impression de surface. Son ami personnel Seamus Heaney, prix Nobel de littérature, l'écrit: «Sa grande stature de musicien illustre le paradoxe d'Oscar Wilde selon lequel en art le contraire du vrai est également vrai. En d'autres termes, derrières ces mélodies on peut entendre la liberté comme la discipline, l'élégie comme l'allégresse, un désir de solitude et l'amour des «seisiun» (pub sessions).»

Liam O'Flynn est un familier de la Bretagne. Il fait partie de ceux qui trouvent dans les finis terrae des climats similaires. Le piper a d'ailleurs entamé un dialogue avec la Galice et, en février dernier, a donné une grande tournée dans toute l'Espagne. «J'étais très étonné de voir de très jeunes garçons de Madrid ou Vigo s'intéresser au uilleann pipe. Et aujourd'hui en Irlande, on n'a jamais autant joué de cet instrument qui a failli disparaître il y a une cinquantaine d'années, du fait de l'émigration. Aujourd'hui, plus personne ne vient me demander quel est l'instrument bizarre dont je tire ces sons étranges, comme c'était le cas il y a encore quinze ans.» Son plus récent album («The Given Note», 1995) comporte d'ailleurs trois danses galiciennes jouées avec le groupe Milladoiro. 


La période la plus sombre


Il faut dire que Liam O'Flynn a hérité son art en droite ligne d'une tradition qui remonte au XVIIe siècle. Il accorde peu de crédit à la légende selon laquelle le uilleann pipes serait une manière, pour les Irlandais, de détourner l'interdiction de jouer debout de la cornemuse. Pour lui, la cornemuse de salon est, dans son ultime raffinement, le fruit d'une série de perfectionnements. «Vers 1750, des facteurs ont réalisé des améliorations au niveau des anches du «chanter» (chalumeau) qui ont permis d'ajouter un second octave. Mais l'histoire du uilleann pipes est une histoire non écrite dont les héros sont des inconnus. Ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est que cet instrument trouve sa forme définitive pendant la période la plus sombre de l'Irlande.» 

L'ancien piper de Planxty, le groupe qui popularisa le son de la cornemuse irlandaise, est d'abord un flûtiste. Il commence à pratiquer le pipes à l'âge de 12 ans, et rencontre Leo Rowsome (1903-1970), l'un des plus grands pipers du siècle. «Quand j'ai entendu le son du uilleann pipes pour la première fois, cela a été un grand moment d'émotion, j'ai su que c'était l'instrument dont je devais jouer.» Leo Rowsome était piper, luthier et professeur, «trois personnes en une seule à ma disposition». Son autre maître sera Seamis Ennis. L'un et l'autre légueront à Liam leurs instruments, dont il joue toujours en concert. La transmission d'une tradition, Liam O'Flynn a une certaine idée de ce que cela veut dire.

Daniel MORVAN

Liam O'Flynn: «The Given Note», Tara/Keltia Musique, 1995. 


Paru le jeudi‎ ‎20‎ ‎mars‎ ‎1997

675 mots

mercredi 26 avril 2017

Musique celtique. Un jour, Tracey Shiels est revenue


dimanche 4 février 2001 301 mots
Tracey avait alors les cheveux rouges et il semblait que la musique était capable de tout emporter. Et puis on ne parla plus des Sons of the Desert : peut-être qu'en effet la musique avait tout emporté. Y compris la chanteuse aux cheveux rouges et ses drôles de gusses.
Tracey Shiels, c'était un peu Ingrid Caven, version nettoyeuse de fest-noz, c'était la Gelsomina de La Strada, mode pub dublinois. Avec un côté cabaret allemand, bodhran ou tambourin en main, elle savait faire tourner un concert à la transe. Les Sons of the Desert (un nom tiré d'un vieux film de Laurel et Hardy, où il est question d'une secte de buveurs) avaient fini par mettre la cabane déglinguée sur le bodhran malade.
La mandoline effervescente d'Ewan Shiels, le compositeur, avait laissé au clou sa clef de sol. Adieu l'Ennio Morricone des rades d'Armorique, le Frank Zappa des fish & chips bretons, le Stan Laurel des bars à sciure. On s'était dit que c'était peut-être ça la vie : des gens formidables qui disparaissent.
Et puis non. Les revoici, décalfeutrés de leur chaumière de brousse trégoroise, droits sortis d'un western kig-ha-farz pour réapparaître au coeur de l'Auvergne, dans un village de la forêt de Dreuille. Ces Gaëls avaient seulement attendu que meurent les yodleurs de télé-crochet pour faire revenir leur petit cirque de puces. L'espièglerie est intacte, la mandoline et le saz (guitare turque) toujours aussi délirants, Tracey toujours aussi pétillante, éternelle Gelsomina des chemins qui vont au milieu de la mer, dans un groupe qui s'appelle The Shiels.
Daniel Morvan
Le Bourg 03430 Vieure (dans l'Allier à 27 km de Montluçon. Tél/ 04 70 07 52 76). Dans un petit village au cœur du bocage, le café-concert The Shiels (ancien bar datant de 1833) s'anime.
- Le dernier vendredi de chaque mois à partir de 18h jusqu'à minuit, concert de musiques éclectiques,
- Les dimanches matin devant le bar, petit marché de produits locaux et artisanaux.
À proximité (2 km) du plan d'eau de Vieure et de la forêt de Dreuille.
Ouvert toute l'année. Bar ouvert toute l'année tous les jours : jusqu'au 30 juin et du 1er septembre au 31 décembre de 10h à 14h. En juillet et août de 10h à 22h. Marché les dimanches matin devant le bar.




samedi 22 avril 2017

Thierry Pillon, révélateur de voix (archive)

Ouest-France ‎samedi‎ ‎11‎ ‎avril‎ ‎2015
636 mots


En prélude au festival les Arts scènes, l'homme de théâtre nantais Thierry Pillon propose ses master classes gratuites et publiques. Occasion de découvrir la dimension physique, voire sportive, du chant !

Sur la partition, une page de Mignon, l'opéra d'Ambroise Thomas. Une mine d'airs à vous faire fondre, comme celui de Titania : « Oui, pour ce soir, je suis reine des fées ! Voici mon sceptre d'or ! Et voici mes trophées... »
Sophie, élève de la Haute école de musique (Hemu) de Lausanne, a profité de la master class. Thierry Pillon est réputé comme l'un des meilleurs coaches vocaux, en raison d'une technique conjuguant travail de la voix et jeu scénique. Sophie fait un signe au pianiste et entame l'air célèbre de Mignon. Voix magnifique, qu'on imagine bien sur une scène d'opéra, malgré la jeunesse de l'élève.
Thierry Pillon salue sa richesse vocale et indique ses directions de travail : renforcer l'expression et les intentions de jeu. « Ton corps résiste encore un peu : sur les « oui » de Titania, si tu ajoutes un geste, si tu ouvres les bras, la voix sera plus ronde. Il faut ouvrir ce corps à fond, ce qui en sort est tellement beau ! »
Les recommandations sont chaleureuses et le professeur accompagne du geste, réalisant un véritable accouchement de la voix, une maïeutique sonore qui fait merveille. « Je suis Titania la blonde » est tellement plus Titania après cette analyse du texte, de la ligne mélodique et de sa courbe naturelle.
Une dimension très physique
Une pause ? Oui, une pause : ils sont en nage comme s'ils sortaient d'une salle de gymnastique. « Les gens sont souvent étonnés de cette dimension très physique, remarque Thierry Pillon, au troisième et dernier jour de sa master class, hier, au Passage Sainte-Croix. C'est l'objet de cette master class, montrer au public ce qu'est le travail de la voix et du texte. Cela donne aussi des clefs de lecture pour mieux entendre un chanteur d'opéra. »
L'originalité de cet enseignement est qu'il conjugue deux compétences distinctes, celle de chanteur et de comédien, en s'appuyant sur les techniques oratoires. « Souvent, indique Thierry Pillon, les comédiens ignorent le chant et les chanteurs ne connaissent pas les règles du phrasé, qui sont la clef pour exprimer le sentiment. Mieux on comprend le texte, plus on est expressif dans son chant : les yeux s'ouvrent, la bouche tremble presque, le corps se met au diapason de l'émotion du texte. C'est une forme de dépassement de soi. »
Une belle introduction au chant comme art, technique, discipline physique et analyse des émotions recelées par les textes. Et un préambule au cinquième festival des Art'Scènes, du 11 septembre au 15 octobre. Avec les chanteuses Stéphanie d'Oustrac (vue au théâtre Graslin en Mélisande), la mezzo-soprano suisse Brigitte Balleys et le comédien Jean-Yves Ruf. Cette édition, centrée sur les consonances espagnoles et latino-américaines, se déroulera dans des lieux divers, avec un grand concert au palais de justice : cette diversité des lieux a installé les Arts'Scènes dans le paysage lyrique de Nantes.
Regarder la vidéo
sur ouestfrance.fr/nantes

Daniel MORVAN.

Roberto Alagna, rossignol de nos amours (archive 2013)







Entretien
Roberto Alagna, ténor, en concert au Zénith à Noël 2013.


Vous êtes booké au Met de New York pour Tosca, à Covent Garden pour Carmen, à Bastille pour Werther et à Orange pour Othello... Pousser la chansonnette, c'est vraiment sérieux pour une star comme vous ?
Mais ce sont mes racines ! J'ai commencé par le cabaret. J'y composais des chansons. Mon ADN est à 90 % opéra, mais les 10 % qui restent, c'est une autre facette. Ce sont mes débuts populaires.
Pour chanter l'opéra, il faut un système nerveux de fer. Là, je m'offre une bouffée d'oxygène, mais c'est tout de même un show de trois heures avec beaucoup d'improvisation. Ça me change et me donne une énergie nouvelle.
C'est une sorte de thérapie avec le public. Je raconte beaucoup de moi-même à travers les chansons. Mes amis savent lire entre les lignes. Ainsi, Ma fille de Reggiani raconte un peu mon chagrin de voir ma grande fille Ornella grandir et s'envoler. Avec le temps, de Ferré, ça parle aussi de ma peur de perdre ma voix.
Où avez-vous puisé cette double inspiration ?
Dans ma famille, tout le monde est chanteur. Du côté de ma mère, il y a beaucoup de ténors, et mon père, c'est la fibre populaire.
Les deux registres se nourrissent-ils mutuellement ?
À l'opéra, j'ai apporté la proximité et le naturel, la sincérité, le côté abordable et une diction plus moderne dans le chant français.
À la chanson populaire, j'apporte une voix éduquée et un peu caméléon, qui respecte l'original, avec un phrasé qui ne dénature pas.
Et avec le temps, comment voyez-vous votre carrière ?
Quand je pense à moi à 17 ans, je sais qu'aujourd'hui, je ne suis plus du tout ce garçon-là. Tout a changé mais j'ai tous mes souvenirs en tête. Je sais qu'à 50 ans on ne voit pas les choses comme on se l'imaginait les voir quand on serait plus vieux.
La vie est passée par là. Ma première épouse a été foudroyée par une tumeur au cerveau. J'ai été veuf à 30 ans, j'ai eu peur pour tous ceux que j'aime.
Aujourd'hui, je démarre une nouvelle vie avec une nouvelle compagne [la soprano Aleksandra Kurzak, NDLR]. Je vais être papa en février. C'est si beau, ça me donne envie de croquer la vie, de bâtir des projets. C'est formidable.
Votre vie est un vrai opéra. Quel titre lui donneriez-vous ?
Peut-être Un chemin de voix, ou Un chemin, deux voix. Car sans cette voix, je ne serais rien. Je serais un homme inconsistant, transparent. La voix, vous ne l'avez pas : on vous la prête et on vous la reprend. Plus vous la respectez, plus elle vous restera. Je la traite comme un enfant en la dorlotant, la réchauffant, la ménageant.



Recueilli par Daniel MORVAN.

Dialogues des Carmélites, la voix des martyres


‎vendredi‎ ‎27‎ ‎septembre‎ ‎2013
624 mots
Daniel Morvan
Mireille Delunsch a impressionné le public bordelais par sa direction d'acteurs. Soprano, elle signe sa première mise en scène avec l'opéra de Poulenc. Anne-Catherine Gillet chante le rôle de Blanche de la Force.

Trois questions à ...
Mireille Delunsch, metteur en scène.

Quelle est l'histoire des Dialogues des Carmélites ?

C'est l'histoire de seize religieuses du carmel de Compiègne exécutées le 18 juillet 1794, onze jours avant la chute de Robespierre. C'est une histoire vraie : ces carmélites furent guillotinées pour avoir conservé un portrait de Louis XVI et des vêtements des rois mages de la crèche royale. Le témoignage de la seule rescapée fut publié et inspira une nouvelle à une fille d'officier prussien, Gertrud von Le Fort. Bernanos écrivit les dialogues pour un film inspiré de cette nouvelle. Francis Poulenc rédigea le livret de son opéra à partir de ces dialogues posthumes.

Pourquoi les Dialogues sont-ils considérés comme l'un des plus grands opéras de tous les temps ? Parce qu'ils évoquent la terreur de la mort ?

La première fois que j'ai assisté à cet opéra, j'ai été fascinée par sa grande singularité : voilà un ouvrage sans histoire d'amour, sans brio, sans rien à montrer, sombre, intimiste. Un objet hors du commun. J'ai chanté Blanche de la Force il y a vingt ans et j'ai approché le secret de ce grand classique, classique comme du Verdi alors même que son langage musical n'a rien de moderne (il est contemporain du Marteau sans maître de Boulez). C'est sa construction parfaite qui lui permet d'échapper à l'oubli promis aux œuvres qui ne sont pas de leur temps. Ce qui est fantastique, c'est la progression dramatique, rythmée par le couperet de la guillotine et par les voix qui s'éteignent l'une après l'autre, les cierges s'éteignant aussi un à un [les lumières sont signées Dominique Borrini].

C'est votre première mise en scène puisqu'à l'origine vous êtes chanteuse d'opéra. Qu'apportez-vous de neuf ? Votre direction d'acteur ?

J'ai un imaginaire prédisposé à la mise en scène, j'ai des visions (par exemple une croix de plexiglas avec un Christ momifié...) que je confie au décorateur Rudy Sabounghi, qui reste ensuite libre de ses choix. Quant à la direction d'acteurs, je m'efforce de rendre cohérent le parcours psychologique des chanteurs, en travaillant cet aspect, partition en main. Je veux dire que le mouvement doit précéder la parole, que la vérité musicale doit déjà s'exprimer dans l'interprète avant la première note de musique. Je ne crois pas à l'idée de « la musique avant tout », prima la musica : il faut trouver une spontanéité dans la convention de l'opéra, retrouver la confiance dans le texte en dissociant geste et chant. Je me souviens de la première leçon que j'ai reçue comme comédienne : le metteur en scène, constatant que je disais le texte mécaniquement, m'obligea à le dire tout en empilant des sucres en pyramides. C'est cela : ne pas être passif devant la partition, mais vivre le rôle avant de chanter la musique.
Daniel MORVAN.

Il pleut sur Nantes, baisers de Mayotte

Il pleuvait sur Nantes, bons baisers de Mayotte
QUOTIDIEN OUEST-FRANCE
‎samedi‎ ‎7‎ ‎juillet‎ ‎2001
506 mots
Daniel MORVAN
Douchée, la Prairie-aux-Ducs. Comme une échasse gracile, la vocaliste libanaise descend la cale, chaussée de tongues. Pour tuer le temps, Zeid bidouille son Roland MC 303, l'outil des transes trip hop de Beyrouth. Yasmine se met pieds nus, monte sur ses pointes, prend le micro, et soudain, c'est comme si Oum Khalsoum s'était réincarnée en Beth Gibbons, la chanteuse de Portishead.
C'est beau, c'est intime, c'est dépressif.


Sur le Pont du Titanic le tissu des transats bat à vide comme dans un roman de Marguerite Duras. Ce charmant belvédère regarde tristement vers la rive droite ­ Dieu que c'est triste et moche un escorteur d'escadre dans le port de Nantes. Le Pélican, alias Simon La pluie a contraint les organisateurs de Musiques sur l'Ile à retarder les concerts. Une pluie qu'on connaît bien, maintenant, qui vous arrive sur le paletot quand vous ne l'avez plus. Les premiers spectateurs désoeuvrés traînent d'un rhum à l'autre, d'un nozy bé à un bois bandé, sans conviction. Elle a raison, Barbara, c'est quand il pleut sur Nantes qu'il faut se prendre par la main. Et puis Flora la florifère passe par là : ' Dis, tu connais le Pélican ? ' Confus, tu feuillettes ton programme. Le Pélican, c'est Simon Nwambeben. Un peu comme quand on dit ' le nain jaune ' pour Youenn Le Bihan ou ' la cantatrice chauve ' pour... (hum, mieux vaut ne pas dire qui).


Epatant, le pélican. L'oiseau a la réputation de s'arracher sa propre substance pour nourrir ses petits, et c'est un peu ce que fait Simon, sur la scène de la Loire. Une scène en étrave, où les musiciens jouent pour une centaine de personnes. Mais la grosse affaire du début de soirée, c'était Baco. Sur le quai, on était 25 à l'attendre, le Baco. Le temps de causer avec deux mignonnes dames fans d'afro qui ont pris leur ' pass'' et commentent. ' Par contre, on croyait avoir du méringué avec les Dominicains, mais quand je l'ai vu arriver avec son grand pantalon baggy, j'ai compris qu'il y avait maldonne. C'est dommage parce que le méringué, c'est tout de même plus dominicain que le rap. '
Pour le reste, Marie-Claude a pris son plaisir : pas vu Salvador (il était hors ' pass quatre jours '), mais adoré Touré Touré, Massilia Sound System, ses décibels et sa farandole, moins aimé Cheb Mami. Deux choristes belles s'approchent de leurs pupitres, une basse six-cordes chauffe dans les soutes, une monstrueuse machine à rythme se met en place. Baco prend les commandes, et maintenant, on s'en fiche de la météo nantaise. Bons baisers de Mayotte.
Daniel MORVAN.
Cette pluie-là, on commence à la connaître. L'invitée permanente de ' Musiques sur l'Ile ' est parfois un rien collante. Mais lorsque Baco (ci-dessus) accoste, adieu Nantes, bonjour Mayotte.

jeudi 23 mars 2017

Punk is dead: Il y a 40 ans, Eudeline allumait sa mèche



Le punk a 40 ans, et plus toutes ses dents. Pour rendre compte de ce mouvement musico-social, Stereolux sort le grand jeu : expo, films et concerts. Invité spécial, une figure du punk français, Patrick Eudeline.

Entretien
Patrick Eudeline, écrivain.

Vous souvenez-vous des années punk ?
« Ceux qui y étaient ne peuvent pas s’en souvenir », vous connaissez la phrase célèbre. Mais j’étais bel et bien là, cette année 1976 qui vu naître le punk. Je suis même le seul survivant du groupe Asphalt Jungle, l’un des premiers groupes punks français. Vous savez, en France cela n’a duré qu’un an, un an et demi maximum. Du moins avions-nous le sentiment aigu de vivre un moment bref, mais dont on parlerait très longtemps. Et le slogan de l’époque : No future ! reste valable aujourd’hui.

No future, ça voulait dire quoi en français ?
Ça voulait dire la même chose que partout : le rêve hippie était fini. Adieu l’âge du Verseau, le bonheur éternel et toutes ces fadaises de babas cool. Dream is over, disait Lennon : le rêve est terminé. Le punk est venu clore le cycle des années 50, la prospérité, les trente glorieuses…

Et vous, Eudeline, qu’est-ce qui a clashé en vous ?
J’étais un petit-bourgeois parisien, et j’ai rencontré le rock vers 12 ans. Les choses sont allées très vite : j’ai découvert les écrivains décadents français, les Huysmans, Villiers de l’Isle Adam, tout explosait : à 19 ans, j’ai rencontré William Burroughs, croisé Blondie dans le métro. J’ai écrit dans le magazine Best, vu et écrit sur Lou Reed et le Velvet Underground, les Flamin’ Groovies, les Sex Pistols. C’était incandescent.

Vous aviez le temps de regarder la France, à l’époque ? Et Paris ?
Nous étions les derniers des Mohicans dans cette France profonde. Mais Paris, Paris… Les Kinks, c’est Londres, et le Velvet Underground, c’est New York. Paris était ma ville, plus dangereuse qu’aujourd’hui mais plus belle. Pas de gauche caviard ni de bobos à l’époque, on avait encore les loyers de 1948, pas chers. Les punks, ont relancé le Marais, Belleville et le 14e arrondissement. C’est le boulot des artistes, de porter une vision sociale et de faire aimer les parties mal aimées d’une ville.

Ça ressemblait à quoi, un punk français de l’époque ?
Ça ressemblait à un punk mais en plus fort : nous avions les cheveux plus dressés que Sid Vicious, le cuir plus clouté que les New York Dolls, les jean’s plus déchirés qu’Iggy Pop. Tout ça grâce à Vivienne Westwood, cette styliste anglaise qui piquait ses idées dans la rue. Quand on a vu apparaître les épingles à nourrice en or, on a su que c’était mort.

Vos influences profondes, c’était qui ? Les Stones ou Françoise Hardy ?
Hardy, bien sûr. Les Stones n’étaient déjà plus de ce monde, rien qu’une machine commerciale, après leur dernier bel effort d’Exile on the main street (album de 1973). Nous avions une tendresse infinie pour Serge Gainsbourg, Polnareff et Hardy. On les reprenait sur scène, à contre-courant de la tendance qui consistait à dénigrer la langue française.

Vos idoles d’alors le sont toujours ?
À l’époque, on s’est tous pris le premier album des Clash en pleine gueule, c’est le plus fort. Strummer était l’icône de la révolte anti-Thatcher, du combat sandiniste. Mais notre Maître à tous est Paul McCartney. Plus grand que Dylan et tous les autres.

Comme lui, vous observez une stricte hygiène de vie ?
J’ai stoppé les drogues, et moins d’alcool. Autre question ?

Quelques conseils diététiques pour nos lecteurs ?
À l’époque, nous étions tous fast-food, on mangeait n’importe quoi. Aujourd’hui, beaucoup de punks sont vegan. Je suis seulement végétarien, mais de stricte obédience.

Recueilli par Daniel Morvan.

Samedi 25 mars à 16 h, table ronde : Tranches de vies, London-Paris 1976-1978, deux histoires punk, avec Patrick Eudeline et bruno Blum. Stereolux maxi, entrée libre et gratuite. Stereolux, 4 bd Léon Bureau, Nantes.
Du 23 au 29 mars, Fils de punk 1977-2017 : expos, concerts, projections, ateliers. Programme :
www.stereolux.org

lundi 13 février 2017

La guitare contre le cœur, comme un poignard



Exclusive archive. L'ex-chanteuse de Dolly était en concert le 11 octobre 2019 à Stereolux (Nantes), pour fêter la sortie de deux albums, un solo et un album acoustique. Occasion de plonger dans nos catacombes et d'en exhumer ce papier retour de concert. Dolly nous clonait, Dolly nous déclouait des poteaux indicateurs d'un âge de suie. En guise de bonus, un entretien à l'occasion de la parution du 2e album. magnéto!


Il a le saut de l'ange un peu lourd. Le stage diving depuis la scène se termine en sortie de piste et l'une des groupies du premier rang se prend une rangers dans l'orbite. Tout cela ressemblerait à un samedi soir comme les autres aux confins de la terre. Sauf que ce bout de terre contient Dolly. Lui appartient.
Retour de Dolly dans ses pénates, après une tournée qui a fait du quatuor de Naoned le groupe rock de l'année, avec Louise Attaque. Parmi les centaines de groupes français capables d'en faire autant, Dolly a fabriqué le son de 1997. Un peu de Nirvana, un peu de Niagara. Dolly, c'est chaud et froid, omelette norvégienne. Fusion d'une blonde prophétique et de guitaristes kamikazes.
Les paroles ? Charriées, stroboscopées, criblées en bouillie, hormis un réjouissant «tanké dans le vert» qu'on doit à Jean Fauque. Et bien sûr le titre « Je ne veux pas rester sage » élevé par les fans à l'indignité d'hymne national.
Chez Dolly, tout est dans la tenue des guitares. Dos cassé, le bassiste cale la sienne sur les rotules, faisant ronfler les gros ampli Fender du gras du pouce. Le guitariste tire de sa six-cordes de maladives aurores drapées de sons fuzzés, passant des vibratos hébétés aux sifflements de 747 en tour de chauffe qui laissent pantelantes les enceintes de l'Olympic. Si chez Dolly quelqu'un s'enroule sur le manche (comme on l'a vu oser l'écrire), c'est lui le grateux, surfer lové dans le tube du son. Surplombant ce précipice sonore, Manu, la Manu en robe rouge. Icône rock, madone des flippés fascinés par son oeil, ciel limpide où germent des ouragans. Elle porte sa guitare sur le cœur, comme un poignard. La fille aux yeux pers gifle l'air de ses nattes blondes comme l'une de ces gorgones pétrifiantes de la mythologie grecque.


quelques années plus tard, on retrouvait Manu pour cette interview - tutoyée comme il se doit.




Manu était la chanteuse du groupe culte Dolly. L'icône du rock français est en solo au Ferrailleur, des pépites rock plein la besace.

Emmanuelle Monet, « Manu ».

Après une longue période sans jouer, la scène te manque-t-elle ?

Deux ans sans jouer à part quelques dates, ça me manquait énormément. Le besoin de scène s'apparente presque à une déprime. Je finis par me demander si ça vaut encore la peine... Je ne sais pas faire grand-chose d'autre, je n'aime pas voyager, mes vacances, c'est le concert. Oublions, bien sûr, l'horrible quart d'heure de trac avant de monter en scène !

Et sur scène, aimes-tu retrouver le jeu de la fascination et le look rock qui tue, comme du temps de Dolly ?

Question look, on m'a assez critiquée là-dessus dans le passé, mais maintenant je me maquille et je suis très bien entourée de mes musiciens Nirox, Shanka et Ben ! Pour le reste, je ne suis pas la reine de la blague, mais j'aime bien aussi que ça rigole, un mélange de sourire et d'émotion. Et puis Snoïze me fait toujours de très beaux shows lumière, sans aller jusqu'à la cinéscénie d'Eurodisney. La chanson pour Mika, par exemple, est un moment très intense...

Même les rockeuses ont le blues ? Votre premier album, après la mort de votre bassiste Mika en 2005, vous a-t-il aidée à le surmonter ?

Tout s'est écroulé d'un coup, Dolly sortait d'une décennie de succès, symbolisée par notre tube « Je n'veux pas rester sage ». À la mort de Mika, il m'est arrivé ce qui se passe quand on perd tout : je me suis séparée, le groupe s'est arrêté, j'ai eu droit au filet garni d'épreuves. Une belle montagne à soulever... C'est la musique qui m'a sauvée. J'ai mis tout ça dans l'album précédent, Rendez-vous, suivi d'une tournée et d'un album live. Le second disque qui sort est tourné vers les autres, j'ai encore des choses à dire... Une dernière étoile brille.

Comment avez-vous écrit ce second album de chanson rock édité sous votre propre label, La dernière étoile ?

Je suis sortie de ma position autocentrée. J'ai observé les gens et j'ai pris beaucoup de notes, oui, comme un reporter qui regarde. Je pense avoir progressé dans l'écriture. Mes titres chouchous ? « J'attends l'heure » (écrit sur une maison de retraite) et « La dernière étoile ». La tournée qui s'engage est une présentation de l'album, une tournée plus conséquente devrait s'ensuivre. Je chanterai les deux albums, avec des surprises et des inédits de Dolly. Je crois que cette fois, je vais rechanter « Je n'veux pas rester sage ». J'en suis maintenant à nouveau capable.

vendredi 3 février 2017

La folle journée: Voyage dans un monde timbré



C’est timbré, la musique. Le timbre, c’est la vie du son, l’épaisseur de l’instrument, ce mélange de spectre, de vibrato, de son, de charnu, de boisé, de subtil, un truc indéfinissable. Prenez ce bête triangle, oui, celui de l’Orchestre national de Lettonie. Ne vous égarez pas dans la blondeur et la rousseur des violonistes, oubliez le pont des soupirs et concentrez-vous sur ce triangle. Si fascinant : la pièce la plus petite de l’orchestre, et pourtant… Andris Poga, le chef, a mené la répétition à l’arraché. On révise les raccords, on vérifie le velouté de la clarinette dans le beau tango d’Arturs Maskats, et roulez jeunesse. Ce concert va vous brouiller avec vos repères, mix de Venise (les chevelures), de Budapest (les danses hongroises) et de Buenos Aires. Baladés de Riga à Venise, vous n’aurez bientôt plus qu’un point d’ancrage : le son bien timbré du triangle qui traverse l’auditorium jusqu’à votre tympan. Imperceptible, minuscule, et pourtant, comme il porte la mélodie loin, cet accent aigu !
Avec le quatuor de percussions Esegesi, c’est un autre royaume. Quarante-cinq minutes de batterie : autant dire émotion zéro ? Pas si vite ! Un festival de timbres, là aussi, entre woodblocks, casseroles, chaudrons, marimbas, toms basses, bols tibétains. Partitions de Xenakis, Reich ou Nystedt, le public entassé dans le Lieu unique ne pipe mot : aucun doute, taper comme des dingues sur des tambours, ça peut faire vibrer la fibre humaine aussi.
Ce parcours se terminait sur la Music For Eighteen Musicians de Steve Reich. C’est un peu la Messe en si du minimalisme. Une merveille du XXe siècle, une heure d’immersion dans la rêverie lointaine des années 1970. Un orchestre beau comme le Chrysler Building : quatre pianos à queue, quatre xylophones, métallophones ou marimbas, un violon, un violoncelle, quatre choristes, et deux clarinettes basses qui rebrassent l’incroyable pâte sonore et vous transportent dans d’autres mondes. Par son ampleur et sa puissance, cette œuvre a fait disparaître la notion de « minimalisme » au profit de quelque chose de plus fort, de plus fou. Nous étions partis. En Inde, en Afrique, dans un continent inexploré, dont les timbres dessinaient la carte.
Daniel Morvan


Jérôme Fouquet

mercredi 19 octobre 2016

Trois raisons d’aller écouter Leyla McCalla

Photo Sarrah Danziger
Folk cajun et violoncelle, formule inédite inventée par cette nouvelle étoile de la renaissance créole.





1. Magie du folk créole
Bayou louisianais, folklore haïtien, formation classique : le secret de Leyla McCalla est cette triple distillation des sources musicales. Débuts confidentiels au seul des Carolina Chocolate Drops. Violoncelliste de formation, elle quitte New York pour La Nouvelle-Orléans. Alors seule dans les rues de Crescent City, elle joue des suites de Bach.


2. Poésie des origines
C’est dans la rue que la jeune Haïtienne concocte son nouveau son, en chantant les poèmes de Langston Hughes (1902-1967), leader de la Harlem Renaissance.



3. Beauté superscénique
Illuminant ces poèmes de folk et blues, elle se produit sur scène avec violoncelle, banjo et pedal steel guitar. Découverte à Jazz sous les pommiers, après un rodage parisien, elle s’offre même un mini-tube blues, A Day For the Hunter, a Day for the Prey, extrait de l’album qui porte le même nom.



Mardi 22 novembre à 21 h. 20 €/18 €. Salle Paul-Fort, 9, rue Basse Porte, 44 000 Nantes.
T. 02 51 72 10 10

lundi 20 juin 2016

Scopitone 2016: la scène européenne et féminine en tête

Le festival nantais dédié aux cultures électroniques et aux arts numériques, à leurs croisements et frictions se déroulera du 21 au 25 septembre. Expositions, nuits électro, performances, spectacles jeune public c’est reparti pour une édition 2016… Les sons sont déjà consultables en soundcloud et vidéos sur scopitone.org, et voici l’essentiel du line-up de cette édition. Ouverture de la billetterie le 23 juin, date à laquelle seront dévoilés les plateaux des différentes soirées payantes. Le festival propose un concentré des nouvelles formes de création mélangeant musique, vidéo, design, interactivité, robotique, architecture…six jours et cinq nuits où plus d’une cinquantaine d’artistes s’exposent, se produisent, jouent dans une dizaine de lieux, invitant chacun à plonger, le temps d’une soirée ou d’un après-midi en famille, dans l’univers des musiques électroniques et des arts numériques. Soirées concerts, expositions, installations, ateliers, conférences, visites et projections, pour la plupart gratuits, s’y déroulent faisant de Scopitone un événement populaire attendu par près de 40 000 festivaliers. Côté musique, la jeune scène européenne est largement représentée par les femmes, notamment sur les deux soirées électro, (Paula Temple, Helena Hauff, Charlotte de Witte, Ann Clue), scène souvent peu représentée sur les festivals. Bon nombre de scènes européennes seront présentes (France, Scandinavie, Allemagne, Belgique, Espagne), aux côtés de la scène nord-américaine. Quinze musiciens sur 30 ont entre 18 et 23 ans. Côté Scopitone numérique, les pièces proposées, aériennes ou abstraites, manipulent nos perceptions de la réalité. Ouvertes toute la semaine et le week-end, ces expositions s’adressent à toute la famille et sont gratuites.
scopitone.org

mercredi 8 juin 2016

Beach House: dans la famille Legrand, la nièce



Victoria Legrand (Beach House) © DR


S'il y avait un malentendu sur Beach House, groupe pour hipsters, il est levé. Au lugubre carrefour Stereolux, ce lundi 6 juin 2016, on avait peut-être encore dans les oreilles le son des albums : tempo mou, phrasé vaporeux et impression que le même morceau se répète de plage en plage comme quand on vous a oublié en salle de réveil, parce que tout le monde est parti. La surprise est d’autant plus grande que l’image trahit le son : mêmes coulis de guitares cassis et de claviers comme sur la radio-réveil Casio des années Dominique A, mais ne cherchez pas les palmiers en plastique, même ça vous sera refusé: le groupe de dreampop s’est transformé en quatuor séquestré par des skins en manque. Le rêve (si le mot a un sens) est toujours présent dans cette voix qui voudrait s’envoler, et Victoria Legrand n’est pas pour rien la nièce de Michel. La couleur dominante est le noir, le noir Stephen King de Misery, le noir Michel Ange. Une touffeur de cave à charbon dévastée par des drone suicide, dans laquelle Beach House enracine ses boucles, sous les franges obscures d'une pénombre rebelle. Il s’en faut d’un cheveu que cette pop ne bascule dans le tragique, du côté de Nico : musique de rêve, oui. Mais de ces rêves montent des visions intenses, torturées, terminales, qui ne sont pas pour les hipsters.



lundi 7 mars 2016

20 questions impertinentes sur la musique

photo marc ollivier


Un violoncelle, c’est un gros violon ?
Oui, ces deux instruments sont de la même famille des cordes. En gros, ça grince et ça va du plus aigu au plus grave. En dessous, il y a la contrebasse.

Pourquoi ne peut-on pas applaudir entre les mouvements ?
Le mélomane bien élevé n’applaudit qu’à la fin, et pas entre ou pendant les mouvements. Encore faut-il les repérer. Mais en Italie, c’est chic d’applaudir le soliste après un air réussi.

Un chef-d’œuvre, c’est quoi ?
Ce n’est pas forcément marqué dessus, mais un chef-d’œuvre est ce qui traverse le temps et dépasse son époque. Un chef-d’œuvre rompt avec le passé. Debussy invente un nouveau langage.

Musicien pas connu = pas bon ?
Erreur. Si c’était vrai, Patrick Sébastien (auteur des Sardines) serait plus fort que Schubert (et sa pauvre Truite).

Tous les compositeurs sont-ils morts ?
Non, ils sont nombreux à continuer de composer. Tout ne s’est pas arrêté après Beethoven et Verdi. Boulez fut, avant sa mort, un contemporain.

Sans la pub, ils n’auraient rien fait ?
On entend dire que Mozart a copié la musique de la pub des yaourts La Laitière. Rétablissons la vérité : La Flûte enchantée, œuvre de Mozart, existait avant. Et celui qui a fait la pub Opium n’est pas davantage l’auteur du Requiem de Mozart.

Le rythme, c’est quoi ?
Un phénomène qui se répète. Mais le principe du rythme est qu’il est irrégulier, comme les vagues. Contrairement à la pulsation, qui elle est régulière.

Baroque, c’est du classique ?
Le classique n’est qu’une des époques de l’histoire de la musique. Les voici : Moyen Âge (époque du musicien Guillaume de Machaut). Renaissance (Clément Janequin). Baroque (Vivaldi, Bach). Classique (Mozart, Haydn). Romantique (Beethoven, Verdi, Bizet). Moderne (Debussy, Ravel). Contemporain (Boulez, Dusapin).

Les musiciens sont-ils payés ?
Oui, c’est un métier, avec convention collective et grille des salaires. On peut d’ailleurs en vivre, même si on n'est pas connu.

C'est bien connu: les musiciens n'ont pas de vie privée ?
C’est sans doute un métier prenant, mais cela n’empêche pas les jeunes violonistes, hautboïstes et harpistes d'avoir une vraie vie, de tomber amoureux, de faire du shopping et d’avoir une vie de famille.

La musique, c’est de la chanson ?
Toute musique n’est pas chanson : pour faire une chanson, il faut un texte.

Le style, c’est le genre ?
Justement non. Le style est lié à une époque, le genre, lui, voyage dans le temps. Vivaldi est un musicien de style baroque, qui écrit dans le genre concerto.

Toutes les femmes sont-elles soprano ?
Non, et tous les ténors ne sont pas des castrats.

Boulez, vous écoutez ça chez vous ?
La musique n’est pas uniquement d’agrément. Le « Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima », de Penderecki, ça ne se fredonne pas : c’est une musique pour ne pas oublier le cataclysme de l’arme atomique.

Delpech, aussi fort que Boulez ?
L’un et l’autre sont bons dans leur domaine. Comparaison : Boulez, c’est le roi du fleuret, Delpech, l’as de la pétanque.

Chœur et chorale, quelle différence ?
Le chœur désigne un ensemble de choristes professionnels (chœur d’opéra) ou de haut niveau. La chorale, elle, désigne simplement une formation d’amateurs réunis autour de l’amour du chant.

Music ou musique ?
Tendance forte : angliciser musique en music. Mais en français, l’art d’assembler les sons s’écrit toujours musique.

Symphonie, concerto, c’est pareil ?
Concerto vient de « concertare », qui veut dire « converser ». Désigne donc le dialogue entre un soliste et un orchestre. Symphonie est une œuvre orchestrale complexe, constituée de plusieurs mouvements sur des tempos différents. Mais rien n’est simple, Mahler utilise des voix solistes.

Un opéra, c’est quoi ?
Une pièce de théâtre pour voix non amplifiées.

Pourquoi font-ils de drôles de têtes ?
On rit parfois des mimiques des chanteurs lyriques, leur côté « cul-de-poule ». La prouesse technique passe avant le look : au moment du penalty, le buteur ne pense pas trop à sa trombine. Mais ça se perd: à l’opéra, ils sont mignons tout le temps, même dans les passages difficiles.