samedi 22 avril 2017

Thierry Pillon, révélateur de voix (archive)

Ouest-France ‎samedi‎ ‎11‎ ‎avril‎ ‎2015
636 mots


En prélude au festival les Arts scènes, l'homme de théâtre nantais Thierry Pillon propose ses master classes gratuites et publiques. Occasion de découvrir la dimension physique, voire sportive, du chant !

Sur la partition, une page de Mignon, l'opéra d'Ambroise Thomas. Une mine d'airs à vous faire fondre, comme celui de Titania : « Oui, pour ce soir, je suis reine des fées ! Voici mon sceptre d'or ! Et voici mes trophées... »
Sophie, élève de la Haute école de musique (Hemu) de Lausanne, a profité de la master class. Thierry Pillon est réputé comme l'un des meilleurs coaches vocaux, en raison d'une technique conjuguant travail de la voix et jeu scénique. Sophie fait un signe au pianiste et entame l'air célèbre de Mignon. Voix magnifique, qu'on imagine bien sur une scène d'opéra, malgré la jeunesse de l'élève.
Thierry Pillon salue sa richesse vocale et indique ses directions de travail : renforcer l'expression et les intentions de jeu. « Ton corps résiste encore un peu : sur les « oui » de Titania, si tu ajoutes un geste, si tu ouvres les bras, la voix sera plus ronde. Il faut ouvrir ce corps à fond, ce qui en sort est tellement beau ! »
Les recommandations sont chaleureuses et le professeur accompagne du geste, réalisant un véritable accouchement de la voix, une maïeutique sonore qui fait merveille. « Je suis Titania la blonde » est tellement plus Titania après cette analyse du texte, de la ligne mélodique et de sa courbe naturelle.
Une dimension très physique
Une pause ? Oui, une pause : ils sont en nage comme s'ils sortaient d'une salle de gymnastique. « Les gens sont souvent étonnés de cette dimension très physique, remarque Thierry Pillon, au troisième et dernier jour de sa master class, hier, au Passage Sainte-Croix. C'est l'objet de cette master class, montrer au public ce qu'est le travail de la voix et du texte. Cela donne aussi des clefs de lecture pour mieux entendre un chanteur d'opéra. »
L'originalité de cet enseignement est qu'il conjugue deux compétences distinctes, celle de chanteur et de comédien, en s'appuyant sur les techniques oratoires. « Souvent, indique Thierry Pillon, les comédiens ignorent le chant et les chanteurs ne connaissent pas les règles du phrasé, qui sont la clef pour exprimer le sentiment. Mieux on comprend le texte, plus on est expressif dans son chant : les yeux s'ouvrent, la bouche tremble presque, le corps se met au diapason de l'émotion du texte. C'est une forme de dépassement de soi. »
Une belle introduction au chant comme art, technique, discipline physique et analyse des émotions recelées par les textes. Et un préambule au cinquième festival des Art'Scènes, du 11 septembre au 15 octobre. Avec les chanteuses Stéphanie d'Oustrac (vue au théâtre Graslin en Mélisande), la mezzo-soprano suisse Brigitte Balleys et le comédien Jean-Yves Ruf. Cette édition, centrée sur les consonances espagnoles et latino-américaines, se déroulera dans des lieux divers, avec un grand concert au palais de justice : cette diversité des lieux a installé les Arts'Scènes dans le paysage lyrique de Nantes.
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Daniel MORVAN.

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