samedi 22 avril 2017

Le bouddhisme sans peine, allongé dans l'herbe




‎samedi‎ ‎16‎ ‎août‎ ‎2008
794 mots
Daniel Morvan

9 000 personnes ont assisté, au Zénith de Nantes ou devant un écran géant, à la conférence du dalaï-lama. Un cycle d'enseignement bouddhiste débute aujourd'hui.

Pas de tambours, de trompes ou de conques pour saluer son arrivée au Zénith de Nantes. Juste un immense silence. Précédé d'un élu drapé de tricolore (Charles Gautier, maire de Saint-Herblain), le quatorzième dalaï-lama traverse la scène du Zénith, salue les dignitaires vêtus d'ocre rouge, accroupis, invite le public à sortir de son silence.
L'unique conférence publique du chef spirituel tibétain a pour thème : « Paix intérieure, paix universelle ». Près du dalaï-lama maintenant assis, en toge de moine, le disciple français Matthieu Ricard. L'ancien docteur en biologie (et fils du philosophe Jean-François Revel) parle la bouche masquée d'un pan de sa toge, en signe de respect. C'est lui qui traduira pour les profanes.
Drapeaux déployés
Les profanes sont dans l'herbe, assis, allongés, en position du lotus, attentifs, endormis, les yeux clos. La conférence du Zénith est complète depuis avril, mais le public peut la suivre dehors, sur écran géant. Ils écoutent, comme on contemple les profondeurs d'un lac. Prennent des notes, telle cette rousse en mini, ou tapent sur un clavier, comme cette jeune Anglaise aux yeux immenses qui tient un blog.
Un peu à l'écart, les infatigables adorateurs d'une déité non reconnue par Sa Sainteté scandent leurs slogans. Les drapeaux aux lions des neiges claquent comme sur les flancs de l'Himalaya : les défenseurs du Tibet libre sont là. Yves a épousé une Tibétaine. Tsering est à l'intérieur, et suivra les cinq journées d'enseignement. « Ses parents ont fui le Tibet en 1959, avec le dalaï-lama. Ils espéraient toujours y retourner. Puis ils y sont retournés. Elle a travaillé dans une fabrique de tapis au Népal. Je l'ai connue au Zanskar, et j'ai fini par la ramener à Caen. »
De Mongolie, de Tahiti
Traverser cette foule, c'est s'offrir un petit voyage autour du monde. D'ailleurs, même lorsque le dalaï-lama parle, personne n'est plus aisément abordable qu'un bouddhiste.
Lise, d'origine vietnamienne, se propose même de vous guider. Voici le groupe de Tahiti, assis dans l'herbe. « Oui, nous avons fait 18 000 kilomètres d'avion pour venir écouter le dalaï-lama, dit la Polynésienne Brenda Chinfoo, dont le sourire offre un aperçu du nirvana. Quand nous avons fondé notre centre bouddhiste, nous nous sentions un peu seuls. Il faut être fort pour implanter en terre chrétienne une religion sans dieu. Nous sommes une centaine, pour une population de 250 000 Polynésiens. Nous sommes loin de tout, mais nous restons connectés à la grande famille des îles du Pacifique. »
Un peu plus loin, nous croisons un groupe de jeunes gens : « Nous venons de Mongolie. Nous voulons rencontrer le dalaï-lama. Vous pouvez nous aider ? » Ce sera possible tout à l'heure, lorsque « Océan de sagesse » (traduction possible de « dalaï-lama ») prendra son bain de foule à l'extérieur du Zénith, saluant le drapeau tibétain.
Quelques-uns seront déjà partis, comme Martine, qui est venue voir son papa, Roger, à Nantes. Elle appartient à un groupe de prière. « Bouddhiste, je ne le suis pas encore parfaitement : je mange de la viande. Et il faudrait que j'arrête le tabac. » Papa s'impatiente, propose d'attendre sa fille dans la voiture sur le parking d'Atlantis. Martine hésite. Entre le dalaï-lama et son père, elle choisit son père.
Le bouddhisme est bien une « éducation du coeur ».
Daniel MORVAN.

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