Il ne savait pas, ce joli violon signé d'un luthier italien de Crémone, qu'un jour il jouerait la musique d'un Irlandais, Henry Cowell. Une musique d'immigrants musiciens. Et selon la légende, le jeune Henry composa sa première musique pour protester contre un médecin qui voulait lui couper la jambe : ça s'appelle Anger Dance. Il garda sa jambe et la musique gagna un génie.
Ce musicien inconnu (mort en 1965) est révélé à la Folle Journée par la violoniste Solenne Païdassi : « Dès que j'ai appris que la Folle Journée serait américaine, j'ai sauté sur l'occasion pour inscrire Cowell à mon programme, l'occasion était trop belle. Il est si peu joué ! »
L'âme du « fiddle »
Jeune révélation, Solenne Païdassi sait allier la puissance des danses irlandaises à l'infinie subtilité que réclament les notes effleurées. À ce degré de sensibilité, on ne joue plus, on chante du violon. Le sien, un Storioni 1779, vous emporte par vagues sur les nuits d'été de Porgy & Bess. « C'est vraiment ce que les Américains appellent le #fiddle, le violon de la rue. J'ai accentué ce côté très franc, très cash, avec des intervalles parfaits, alors qu'il n'est pas du tout dans mon style ! »
Son style à elle, il s'est affirmé très tôt. Très : « Mon répertoire à moi, c'est Prokofiev, Stravinsky et Chostakovitch. Ce sont des amours de longue date. J'ai commencé le violon à l'âge de 4 ans, à Nice. » Un choix qui s'est décidé devant un concert d'orchestre à la télévision : « J'ai pointé un doigt sur les violons en m'écriant : voilà ce que je veux faire ! » Progression si rapide qu'elle joue du Messiaen à 9 ans.
« Ma règle, c'est : la sensibilité d'abord. » Le même état d'esprit préside à sa première Folle Journée : « Avec le pianiste Laurent Wagschal, nous faisons couramment des récitals de deux heures. Là, je peux me concentrer sur 45 mn. On se sent plus libre. Je n'ai pas davantage droit à l'erreur, mais l'ambiance est tellement festive que le plaisir prend le pas sur le stress. »
Daniel Morvan
1er février 2014
1er février 2014