De quel tissu cette robe est-elle faite ? « Un tissu indéfinissable. » Cette robe fut pour Gisèle comme une seconde peau, depuis son arrivée au camp de Ravensbrück en mai 1944 jusqu'à sa libération le 7 mai 1945.
« Je l'ai portée sous la neige, sous la pluie, sous la glace, quand il faisait moins 20 °C. » C'est l'un des objets qui viennent d'être donnés par des Résistants au Musée d'histoire. Souriante, Gisèle Giraudeau dissimule son émotion. Répond aux questions les plus ingénues : « Alors, c'est vrai que cette robe, quand tu l'as enlevée, tu as mis un jogging allemand ? »
La robe sur les genoux, Gisèle raconte. La robe est un souvenir de l'horreur mais aussi de la survie. « Je l'ai fait voir aux enfants. La laisser au musée, c'est donner quelque chose de moi-même. Elle représente tant d'heures d'angoisse, de froid, de faim, de peur, d'attente que ça me serre encore le coeur d'en parler. J'ai dit à mes enfants : cette robe, vous la connaissez tous. C'est mon devoir de la remettre dans un musée où elle sera racontée. »
Gisèle Fraud (son nom de jeune fille) était membre du réseau Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France. Elle fut arrêtée le 3 avril 1944, aux Assurances sociales de sa ville, où elle travaillait. « Une amie de mon groupe a été torturée et elle a dû lâcher des noms, dont le mien. Mais c'était surtout mon frère, Joseph Fraud, qui était recherché. »
Gisèle retrouvera son frère en 1945. Tous deux feront l'expérience identique : « Au bout d'un moment on n'avait plus envie de nous entendre et on a gardé ça pour nous. Quinze ans sans en parler. »
Il paraît que le beurre blanc a largement facilité les choses.
Daniel MORVAN.
« Encore mettable, cette robe »
En effet, lorsque son camp fut libéré, Gisèle reçut comme ses camarades des vêtements propres, des survêtements. « Celles qui voulaient ont jeté leur robe. Moi je suis rentrée avec la mienne sous le bras. J'ai dit à maman : « Mets-la à bouillir ». Elle est habitée par des petites bêtes. Elle l'a bouillie et rebouillie. Et je l'ai gardée sous plastique. Elle est encore mettable. Si je puis dire. »La robe sur les genoux, Gisèle raconte. La robe est un souvenir de l'horreur mais aussi de la survie. « Je l'ai fait voir aux enfants. La laisser au musée, c'est donner quelque chose de moi-même. Elle représente tant d'heures d'angoisse, de froid, de faim, de peur, d'attente que ça me serre encore le coeur d'en parler. J'ai dit à mes enfants : cette robe, vous la connaissez tous. C'est mon devoir de la remettre dans un musée où elle sera racontée. »
Gisèle Fraud (son nom de jeune fille) était membre du réseau Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France. Elle fut arrêtée le 3 avril 1944, aux Assurances sociales de sa ville, où elle travaillait. « Une amie de mon groupe a été torturée et elle a dû lâcher des noms, dont le mien. Mais c'était surtout mon frère, Joseph Fraud, qui était recherché. »
Gisèle retrouvera son frère en 1945. Tous deux feront l'expérience identique : « Au bout d'un moment on n'avait plus envie de nous entendre et on a gardé ça pour nous. Quinze ans sans en parler. »
Amoureux d'une jolie blonde
L'histoire a un épilogue que raconte Jean-Claude, fils d'une amie de déportation de Gisèle. « Ma mère soutenait la petite Gisèle, au début, et ensuite c'était l'inverse. J'ai toujours le gobelet de ma mère, où elle avait gravé le prénom de ses enfants, pour s'en souvenir, parce que dans sa détresse il lui arrivait de les oublier. Et puis un jour, moi, fils de déportée, j'ai vu un jour débarquer un train allemand à La Baule. C'était dans le cadre du rapprochement franco-allemand. Une jolie blonde est descendue du train. C'était Elke. Je suis tombé amoureux. Son père était un soldat de la Wehrmacht. Forcément, ça n'a pas été simple à organiser comme mariage. »Il paraît que le beurre blanc a largement facilité les choses.
Daniel MORVAN.
mercredi 7 mai 2008
661 mots
Daniel Morvan