Henri Salvador (1917-2008): l'invention de la bossa nova est son passeport brésilien, mais le farniente aux Bahamas suffit au bonheur du chanteur de Syracuse |
"Syracuse? Cette chanson a d'abord été créée pour Jean Sablon, l'autre crooner français, qui a engueulé Bernard Dimey à son retour de Syracuse, parce la vraie Syracuse ne ressemblait pas du tout à celle de la chanson."
Parce que Syracuse n'est pas en Sicile, elle est n'importe où, comme la Venise de Serge Reggiani. Henri Salvador se sera contenté de "piquer" la chanson à Sablon, et s'il existe un homme sur terre dont la patrie est multiple et insaisissable, c'est bien lui. Cayenne, là où il est né le 18 juillet 1917? C'est fini, Cayenne. Pas vraiment d'attache sur ce "rocher infâme". A tout prendre, le chanteur Salvador est d'abord un pur parigot, "un vrai Titi parisien, mais de couleur, hein !". C'est la ville où il fera ses gammes, et c'est dans sa musique qu'il va dessiner ce pays rêvé. Ce pays en forme d'île où il ira un jour ne rien faire, "avant que ma jeunesse s'use/et que mes printemps soient partis."
Cayenne, Paris, le Brésil puis Les Bahamas - paradis dont il vient de s'arracher, sur un coup de poker musical qui l'a même surpris, lui qui ne s'extrait de la sieste que pour claquer son magot aux roulettes de Nassau. Le voici à nouveau en tournée mondiale.
J'ai encore 65 concerts à donner, le Brésil, l'Amérique, pour un mec de mon âge, c'est tout de même un peu charrier. Mais en 2003, arrêt buffet ! D'histoire d'avoir six mois devant moi pour profiter de la vie. Les Bahamas ! J'aime tout aux Bahamas. Quand je suis à Paris, je ne regarde que les chaînes de voyage, rien que pour les palmiers. Et puis c'est extraordinaire, ces types-là pêchent des poissons magnifiques et ne paient pas d'impôts. Un pays extra, avec 430 îles, une population de 300 000 habitants dont les deux-tiers vivent à Nassau. J'adore ne rien foutre et rester allongé, j'ai ça dans le sang. Quoi ? Syracuse ? J'y suis jamais allé. On m'a offert les clefs de la ville, mais je préfère pas. Un lieu qui n'existe que par les mots, oui, c'est ça.
Daniel MORVAN.
Parce que Syracuse n'est pas en Sicile, elle est n'importe où, comme la Venise de Serge Reggiani. Henri Salvador se sera contenté de "piquer" la chanson à Sablon, et s'il existe un homme sur terre dont la patrie est multiple et insaisissable, c'est bien lui. Cayenne, là où il est né le 18 juillet 1917? C'est fini, Cayenne. Pas vraiment d'attache sur ce "rocher infâme". A tout prendre, le chanteur Salvador est d'abord un pur parigot, "un vrai Titi parisien, mais de couleur, hein !". C'est la ville où il fera ses gammes, et c'est dans sa musique qu'il va dessiner ce pays rêvé. Ce pays en forme d'île où il ira un jour ne rien faire, "avant que ma jeunesse s'use/et que mes printemps soient partis."
"L'initiateur de la bossa"
L'une de ses chansons, une musique de film, s'appelle Dans mon île. Elle n'annonce pas seulement le Salvador gardien des jardins d'Eden. Elle est le plus beau passeport brésilien qu'on puisse rêver. C'est en écoutant cette chanson que Carlos Jobim a eu l'idée de la bossa-nova. Il a dit : écoutez-ça, ce Salvador a raison : il suffit de ralentir le rythme de la samba. Vous avez donc devant vous l'initiateur de la bossa, merde quoi !Cayenne, Paris, le Brésil puis Les Bahamas - paradis dont il vient de s'arracher, sur un coup de poker musical qui l'a même surpris, lui qui ne s'extrait de la sieste que pour claquer son magot aux roulettes de Nassau. Le voici à nouveau en tournée mondiale.
J'ai encore 65 concerts à donner, le Brésil, l'Amérique, pour un mec de mon âge, c'est tout de même un peu charrier. Mais en 2003, arrêt buffet ! D'histoire d'avoir six mois devant moi pour profiter de la vie. Les Bahamas ! J'aime tout aux Bahamas. Quand je suis à Paris, je ne regarde que les chaînes de voyage, rien que pour les palmiers. Et puis c'est extraordinaire, ces types-là pêchent des poissons magnifiques et ne paient pas d'impôts. Un pays extra, avec 430 îles, une population de 300 000 habitants dont les deux-tiers vivent à Nassau. J'adore ne rien foutre et rester allongé, j'ai ça dans le sang. Quoi ? Syracuse ? J'y suis jamais allé. On m'a offert les clefs de la ville, mais je préfère pas. Un lieu qui n'existe que par les mots, oui, c'est ça.
Daniel MORVAN.
mercredi 4 juillet 2001
541 mots quotidien ouest-france