mercredi 1 mars 2017

Théâtre: Le bruit des arbres qui tombent (Nathalie Béasse)

Nathalie Béasse © Morvan




Critique

Une bâche en plastique, et quatre poulies. Vous êtes libre de penser à du matériel agricole ou aux voiles mouvants d’une danse moderne. Bâche d’ensilage, ou robe de Loïe Fuller ? L’art peut nous suspendre entre les deux, dans un univers original où rien n’est encore décidé. Nathalie Béasse vous montre une bâche, et en fait de la poésie. Comment ? En confiant les rênes à quatre comédiens danseurs. Et en collant dessus l’adagietto de la 5e symphonie de Mahler. Ça, vous ne le trouverez pas aux Magasins verts, juste dans la tête de Nathalie Béasse. Ainsi commence ce spectacle au Théâtre universitaire de Nantes.
C’était la première d’une création qui sera montrée cet été à la biennale de Venise : Le bruit des arbres qui tombent. Le spectacle annonce un talent neuf et plein de vigueur, qui ne se hâte pas de fournir des significations toutes faites. Une façon de dire qu’on n’y comprend rien ? Oui, mais non. La pièce se situe entre danse et arts plastiques, il suffit au public de se laisser entraîner par un kaléidoscope de visions et d’images fortes, et par les gestes et mots des quatre personnages qui peu à peu, s’étoffent.
Un décor imaginaire s’impose, sur les rives d’un fleuve, en lisière d’une forêt. Ce qu’on voit sur scène est une suite de scènes bien carrées : danse country, homme-sapin, généalogie des rois de la Bible, comment habiller un homme tout mou, etc.
Ce que ça raconte ? La rencontre de l’homme et de la matière, eau, terre, bois, étoffe.
Ne manque que le feu, qui est tout intérieur.

Daniel MORVAN.

Octobre 2017


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