Grâce à son roman, Trois Femmes puissantes (Gallimard), elle a remporté le prix Goncourt. Elle était donnée comme favorite.
Consécration d'une étoile apparue très tôt dans le ciel littéraire, à l'âge de 17 ans. Marie NDiaye vient d'ajouter le prix Goncourt au Fémina qu'elle avait décroché en 2001.
Elle a obtenu, dès le premier tour de scrutin, cinq voix contre deux à Jean-Philippe Toussaint (La vérité sur Marie, Minuit) et une voix à Delphine de Vigan (Les heures souterraines, J.-C. Lattès).
La subtilité de son roman, Trois femmes puissantes apparaît dès son titre : ces trois femmes sont accablées, anéanties. Au lecteur de comprendre en quoi elles sont pourtant dites « puissantes ». Le livre n'accuse pas les hommes du mal qu'ils font aux femmes. Il montre celles-ci se dressant au milieu d'existences désespérantes et continuant à croire à la possibilité de vivre.
La puissance des trois héroïnes, Norah, Fanta, Khady Demba, réside dans leur faculté à continuer d'aimer, malgré les hommes inconséquents, ridicules ou pitoyables qu'elles rencontrent. Même le petit Blanc qui adresse des propos racistes à sa femme noire peut être sauvé.
Une grande styliste
Ce livre condense la démarche de Marie NDiaye : elle continue d'explorer de nouveaux territoires (ici, les migrations entre la France et l'Afrique), dans une écriture d'une élégance toute classique. Ce qui ne l'empêche pas d'inventer de nouvelles manières de raconter. Par exemple, le portrait « en creux » de Fanta, décrite à travers ce qu'en pense son mari.
Loin de surplomber ses personnages, Marie NDiaye nous fait partager leur aventure intérieure. Leur histoire est aussi l'histoire de consciences qui tentent de mieux appréhender le monde.
Ce roman a rencontré le succès public avant le Goncourt. Et Marie NDiaye n'a pas sacrifié au parisianisme : Française, elle vit depuis 2007 à Berlin, avec ses trois enfants et son compagnon, l'écrivain Jean-Yves Cendrey. Un départ qui était, selon ses propres déclarations, une réponse à la politique d'expulsions du gouvernement.
Comme ses trois « femmes puissantes », la belle Marie NDiaye sait qu'il est toujours possible d'échapper à l'ennui des vies trop prévisibles. Prévisible, son prix l'était pourtant. Avec lui, Gallimard remporte son 36e Goncourt. Mais rarement la plus haute distinction littéraire française aura été plus méritée.
Marie NDiaye, 42 ans, première femme à obtenir le Goncourt depuis 1998.
Daniel MORVAN.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire