Rentrée littéraire oblige, les venues d’auteurs se succèdent chez les libraires. Derrière ces événements, un métier, animateur. Entretien avec le nantais Guénaël Boutouillet.
Animateur littéraire, quelle est la réalité de ce métier? Comment vous démarquez-vous de la simple promotion d’auteur?
Travaillant avec Vent d’Ouest, j’y suis attaché (comme avec la Vie devant soi), pour une question de sens. Le choix des auteurs invité se fait en coopération avec les libraires: je passe les voir régulièrement, on décide ensemble. Ce que j’apporte à ces rencontres d’auteurs? Je crois que je sais les faire parler, j’ai déjà 150 tables rondes au compteur!
Mais comment décide-t-on d’inviter un auteur, connu ou pas? C’est une lutte au couteau entre libraires?
Pas du tout! Il y a de la place pour tout le monde, surtout dans une rentrée littéraire aussi riche que celle de 2016. Si j’invite Bertrand Belin à Vent d’ouest, c’est parec que je suis depuis longtemps en cheville avec l’éditeur. Mais c’est un an et demi de travail pour l’avoir. Cécile Minard, c’est elle qui a voulu venir à Vent d’Ouest. Jablonka a été invité par le rayon sciences humaines de la librairie avec le Lieu Unique. Mauvignier aussi nous a choisis parce que Vent d’ouest est une « librairie Minuit », qui défend cet éditeur depuis toujours. Mais par ailleurs, Charlotte Desmousseaux a mis une OPA amicale sur Sylvain Prudhomme (Légende, l’Arbalète). Mathias Enard est allé une première fois chez Coiffard, puis après son prix Goncourt à la Vie devant soi. Il n’a pas forcément dit les mêmes choses.
Autre aspect de votre travail, la découverte des auteurs locaux.
Oui, c’est le cas d’Alexandre Seurat, d’Angers, pour son remarquable Administrateur provisoire, ou encore d’Eric Chauvier, qui travaille à l’école d’architecture. Ce n’est pas une histoire de combat, nous sommes ravis d’avoir des gros vendeurs et aussi des découvertes.
Le public nantais est comblé. Mais les autres, "en campagne"?
Je suis aussi médiateur à contre-temps. J’anime aussi des rencontres a posteriori dans les médiathèques de campagne. Nous vivons dans un très haut régime d’information. L’idée n’est pas d’en rajouter mais de fabriquer un moment de sens, une heure d’échange unique, qui ne se reproduira pas.
En 150 rencontres, quelle est votre plus belle question?
Version blagueuse : à Maylis de Kerangal, dans une médiathèque, après un long préambule à propos notamment du mouvement dans son oeuvre, finir par « avez-vous fait bon voyage? » Réponse : 12 minutes, magnifiques!
Rencontres Vents d’Ouest, à 19h30:
— Bertrand Belin ( Editions POL), mardi 8 novembre
— Céline Minard ( Éditions Rivages), jeudi 10 novembre
— Laurent Mauvignier ( Les éditions de Minuit) jeudi 17 novembre
— Ivan Jablonka (Editions du Seuil), mardi 22 novembre, au lieu unique, à 20h
Vent d’ouest, 5 place du Bon Pasteur, 44000 Nantes. Tél. 02 40 48 64 81
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