Cela commence comme du Paul Nizan et ça continue comme du Florence Arthaud. « Nous avons appareillé au mois d’août. Nous avions un peu plus de vingt ans et chacun partait pour des raisons différentes. Sait-on jamais pourquoi on décide de filer à l’autre bout de l’océan? » Après un Truffaut au cinéma, c’est parti pour La Corogne et la traversée de l’Atlantique. Lili a 20 ans, et embarque avec son frère Paul, sur un voilier, Horus. Elle laisse derrière elle son fiancé, Vincent, amoureux d’elle - du moins à son départ. Sophie Avon (voix de l'émission Le Masque et la plume) conduit son roman comme s’il s’agissait d’un de ces classiques livres de mer vieille école, dans le style des éditions Arthaud. Et la précision technique de ce journal de bord (sur la liste du prix Femina 2016) laisse son lecteur un brin désarçonné. Certes, nous adorons tous les récits de survie, les points au sextant, les avaries, les amours d'escales, le mal de mer... Mais, plus que celle de Moby Dick, la présence de Marcel Proust dans ce journal de bord doit nous alerter: cette odyssée est aussi une recherche du paradis perdu. Le Brésil n’est le but de l’aventure que pour le bateau, mais pour Lili, la narratrice, le vrai voyage est celui du retour vers son amoureux. Et vers la sagesse: un voyage « que personne ne peut faire pour vous », et que tous les autres feront, comme vous.
Daniel Morvan.
Sophie Avon: Le vent se lève. Mercure de France, 176 pages, 16,80 €.
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