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dimanche 23 avril 2017

Diverrès, diva jusqu'au butô


Flash Dance : Diverrès, diva jusqu'au butô
jeudi 13 février 2014
341 mots
Daniel Morvan


C'est à se boucher les oreilles. Rien, dans cette introduction à vriller les tympans, ne laisse supposer que ce qui va suivre a un lien avec le théâtre japonais. Vous avez le droit de ne rien savoir, juste que c'est une danseuse. Et qu'elle s'éloigne de nous, en pas sautillants. La bande-son indique, par sa gravité, que nous sommes entre les vivants et les morts. Côté morts, il y a Kazuo Ohno, chorégraphe japonais récemment disparu et maître du butô. Cette danse « du corps obscur » fut inventée pour exprimer l'angoisse de devoir habiter son corps, et le Japon, après Hiroshima. Côté vivants, il y a Catherine Diverrès, dont le nom indique peut-être qu'elle habite la Bretagne, ce qui ne va pas non plus forcément de soi. Entre les deux, un écran blanc, et des voix, par exemple celle d'Ingrid Caven qui chante un Ave Maria atrocement éraillé. On aimerait dire que Ô Sensei (c'est le titre du solo joué mardi au TU par la diva Diverrès) est une suite de métamorphoses jusqu'au salut final, presque enfantin. Masque impénétrable, comme noyé sous la craie, corps incertain muant d'un costume à l'autre, jusqu'à la robe du soir rouge portée sous la tenue martiale japonaise, gestes hésitants, palpant le vide, sans rien offrir au public qui rappelle l'ordinaire des gestes, comme si la danse nous attendait quelque part, là-bas, de l'autre côté, où se trouve déjà la danseuse.
Festival flash dance 3. Prochains spectacles : vendredi 14 février à 20 h 30, au Studio Théâtre (Héroïnes, de Julie Nioche) et Bound II 0 (Andrey Bodiguel). A 19 h 30 au TU : In Vivo de la compagnie S'Poart. Mardi 18 février : Mùa d'Emmanuelle Huyn (19 h 30 au Studio Théâtre) et le Grand Jeu d'Olivia Grandville (TU à 20 h 30). Tél. 02 40 14 55 14.
Daniel MORVAN.

Ces amateurs qui rêvent en Cunningham

mardi 17 décembre 2013 
462 mots

"la danse appartient à tous et qu'elle n'est pas liée à une virtuosité"

« Roman photo » se plonge dans l'oeuvre de Merce Cunningham. Un livre sur le chorégraphe est pris pour point de départ d'une pièce élaborée par vingt danseurs, avec Olivia Grandville.
Entretien
Olivia Grandville, chorégraphe.
Comment avez-vous sélectionné les danseurs ?
En octobre dernier, 70 personnes ont été auditionnées au Théâtre universitaire. 24 danseurs ont été retenus : de 14 à 61 ans, profils variés (étudiants, ingénieurs, musiciens, demandeurs d'emploi, enseignants, comédiens), ils ont travaillé plusieurs week-ends durant à l'élaboration de ce spectacle. Conçu par le chorégraphe Boris Charmatz, Roman photo est un projet pour danseurs non professionnels, adapté à Nantes sous cette forme du « roman-photo ».
Le plus étonnant est que vous proposez à ces non-danseurs de résumer un demi-siècle de danse ultra-conceptuelle...
Oui, le point de départ est un livre sur le chorégraphe et danseur Merce Cunningham, Fifty years. On le voit depuis ses débuts, et même à l'âge de 5 ans. La vie du danseur est devenue un livre, qui devient de la danse. Le concept de départ est de le prendre comme un « flip book », un livre d'images qui devient une partition photographique pour ce spectacle. La partition, c'est le livre.
Comment jouez-vous cette partition ?
Nous allons réaliser les 400 photos de ce livre, consacré aux différentes chorégraphies de Cunningham. La performance adopte un titre différent suivant les équipes concernées : Flip Book (danseurs professionnels), 50 ans de danse (anciens interprètes de la Merce Cunningham dance company). Dans notre cas, elle est baptisée Roman photo (étudiants, amateurs ou non danseurs).
Que pensez-vous du résultat ?
Ce qui est très beau, avec ces non-danseurs, c'est qu'on voit aussitôt la danse apparaître. Ils y entrent vraiment. C'est une manière de montrer que la danse appartient à tous et qu'elle n'est pas liée à une virtuosité. Même si les photos de départ révèlent la virtuosité de la technique Cunningham.
Peut-on parler d'une virtuosité de l'amateur ?
Il y a une vraie émotion dans cette joie de la dépense.
Le « continent amateur » est-il redécouvert par les professionnels ?
Il est régulièrement oublié. Beaucoup de courants américains des années 1970 s'y sont intéressés. On le voit revenir dans le retour du spectacle participatif, comme les flashmobs.
Recueilli par Daniel MORVAN.

vendredi 9 décembre 2016

Snobé par Moïse, le prophète aux 10 singles


La comédie musicale écrite par Élie Chouraqui et Pascal Obispo était sur la scène du Zénith fin janvier 2017. Rendez-vous incontournable pour la presse grand public, qui se doit aussi de traiter des événements populaires. Verbatim de l'interview la plus bête de l'année 2016.


Hôtel Mercure, gare sud, Nantes, mardi, 10h30.

La comédie musicale rebaptisée part en tournée en janvier 2017. Joshaï et Merwan, vous étiez doublures de la première version de 2000. Une version mythique?
Moïse (Joshai), très sèchement: pff, elle n'est pas mythique puisqu'il n'est pas question de mythologie.
M: L’impression d’être cette fois sous les feux de la rampe, avec toute la pression que cela représente! Car ce spectacle est mythique. Des personnes nous disent combien c’est un rêve pour elles, de voir en vrai un spectacle qu’elles ont vu mille fois en DVD!

Vanina, vous êtes la Nefertari de cette re-création des Dix Commandements. Un rêve?
Vanina. Je suis Algérienne de Corse et je rêvais de jouer dans une comédie musicale. J’ai envoyé une vidéo et le rêve s’est réalisé: j’étais convoquée devant Elie Chouraqui et Kamel Ouali, le chorégraphe original. Cela au terme d’un parcours passant par une école de danse jazz à Lyon, puis Paris, où j’ai été candidate à la Star Academy.

Recréer une comédie musicale en cinq semaines, un tour de force?
Merwan. Oui, d’autant quie ce n’est pas un spectacle à l’identique. Seize ans après la création, les décors ont été repensés et une nouvelle troupe mise en place. Nous, les anciens, avons retrouvé nos petites habitudes de l’époque au cours de ces répétitions à la Cité du cinéma, à Saint-Denis. Nourris de cette expérience, nous avons pu aider Vanina à vaincre les difficultés de la partition.

Ensuite, quel fut votre parcours?
Merwan Rim. Les Dix commandements m’ont mis le pied à l’étrier, j’ai enchaîné sur Le roi Soleil, Mozart l’opéra rock, enregistré mes propres singles. Je suis passé de remplaçant à titulaire.

Quelle est l’attente du public? Le message?
Vanina Pietri. C’est un spectacle que le public connaît par cœur. Au-delà de la religion, c’est un spectacle sur le vivre ensemble. Pour cette seconde version, le metteur en scène veut affirmer le besoin, toujours plus urgent, d'amour de son prochain et de tolérance. Sur la chanson « L’envie d’aimer », le public se soulève littéralement pour chanter avec nous. Et pourtant, sur le papier, ce n’était pas gagné d’avance!

Le paysage de la comédie musicale grand public a-t-il changé?
Merwan Rim. A l’époque, nous avions deux concurrents: Roméo et Juliette et Notre-Dame de Paris. En décembre 2016, Paris proposait dix-sept comédies musicales. Londres et Broadway tournent sur cinquante ou soixante productions, certaines à l’affiche en continu depuis des années. Si on pouvait faire ça à Paris, ce serait juste magique.

mardi 6 décembre 2016

Ambra Senatore: Pièces



Ambra Senatore (CCN/Berlanda)

Notre rencontre a commencé par un gag, autour d’une table de jardin, avec des chaises pliantes en fer. Ambra Senatore est arrivée en retard, et moi en avance. J’en ai profité pour feuilleter une revue de chorégraphie. Et sonder l’étendue de mon ignorance. Certains noms n’étaient pas inconnus : Pierre Rigal, Boris Charmatz, Anne-Sophie de Kersmaeker… Et donc Ambra Senatore, « l’Italienne blonde aux yeux bleus » (Balzac, Proust, au secours!), une femme portée sur les petites histoires pleines de fantaisie. Ambra est arrivée, s’est assise sur la chaise qui s’est effondrée sous elle. Cette chute tombait assez bien : « J’aime beaucoup Buster Keaton, s’amuse-t-elle en se relevant. Et j’aime qu’un spectacle de danse soit drôle. »


Le corps du récit


Il se passe de drôles de choses avec Ambra Senatore, nouvelle directrice du centre chorégraphique de Nantes. Sa nouvelle création, ce soir au Lieu Unique ? Sur le plateau, cinq danseurs aguerris, rompus à ses méthodes de travail, capables d’improviser, parmi lesquels un comédien. « Oui, un comédien, car Pièces se situe entre la danse et le théâtre. Cela se passe dans une cuisine. Nous avons commencé à travailler sur la vie quotidienne, en fragmentant ces instants vécus, jusqu’à ce qu’un récit entier prenne corps. Mais sans pourtant aller jusqu’au bout des histoires qui s’amorcent. Le spectateur est appelé à un grand travail de regard pour construire ces bribes d’histoire. »
Les fragments de vie sont assemblés dans un puzzle humoristique, sur une musique du nantais Jonathan Seilmann. « Nous avons découpé le temps. Des heures d’improvisation, de manière très dirigée, j’ai même donné des vincoli aux danseurs. » Chic, un mot italien ! « Vincoli ? Des chaînes, mais ce n’est pas joli pour parler de danse. »


Ambra Senatore a donc fixé des contraintes à ses danseurs, pour parvenir à une heure de spectacle : Pièces a été créée à Besançon, où elle a été artiste résidente avant de venir à Nantes. « Les sept premières représentations d’une chorégraphie appartiennent encore à sa gestation. Grâce aux spectateurs, elle peut commencer à exister. Mais le moment de la création est le plus faible d’une œuvre. »
Chaque représentation permet de nouveaux ajustements, la chorégraphe aligne ses notes pour biffer et ajuster. Mais pourquoi donc aller voir cette pièce naissante, sans attendre qu’elle devienne parfaite ? « C’est une œuvre accessible à tous, rassure la chorégraphe, il n’y a pas besoin de mode d’emploi comme pour une machine à laver. Il suffit de se laisser porter. Ça rigole et ça dit des choses tristes. Pour le reste, on touche du fer. Vous dites ça, en français ? »

Daniel Morvan.

Du mardi 6 au jeudi 8 décembre 2016 à 20 h 30. 12 €/22 €. Durée : 1 h. Billetterie:  tél. 02 51 88 25 25.
Rencontre avec Ambra Senatore mercredi 7 à l’issue de la représentation.


Noël dansé


Venez fêter Noël avant l’heure les 17 et 18 décembre. Le CCNN propose un week-end gratuit de rendez-vous pour tous les âges. Au programme : trois courtes pièces à découvrir seul, à plusieurs ou en famille ! Une seule règle : pas de billetterie, mais apportez un objet qui vous appartient à offrir à un autre spectateur.
Samedi 17 décembre à 16 h, dimanche 18 décembre à 10 h 30 et 16 h 30. Réservations : tél. 02 40 93 30 97.

jeudi 13 octobre 2016

Vidéo: Laetitia Casta en performance à Nantes

Dimanche 23 octobre, la HAB Galerie (Nantes) présente Voix d’eau, une performance de Laëtita Casta et Sébastien Bertaud autour d’une vidéo d’Ange Leccia, dans le cadre de l’exposition La mer allée avec le soleil.


Photo J. Benhamou


La Mer : C'est une magnifique exposition d'art vidéo d’Ange Leccia, présentée (en prolongation) au cours du Voyage à Nantes à la HAB Galerie.
Elle devient le décor vidéo d’une performance interprétée par Laetitia Casta et par le danseur-chorégraphe Sébastien Bertaud: Voix d'eau.
Pris dans le mouvement incessant des vagues, une nymphe et un pêcheur entraînent le spectateur dans une dérive poétique et chorégraphique, sur un texte de Benoît Fuhrmann.
Voix d’eau a été créée le 18 juin 2016 à l’Opéra Garnier à l’occasion de "La rumeur des naufrages" (collaboration entre les artistes du Pavillon Neufliz OBC du Palais de Tokyo et l’Académie Chorégraphique de l’Opéra).