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mardi 2 juin 2020

Une façade électronique branche Paimbœuf sur le street-art

Une nouvelle façon pour l'artiste d'imprimer sa présence dans nos circuits
Dominique Leroy ravale périodiquement sa façade. C'est ainsi que sa maison de Paimboeuf constitue l'attraction de la métropole estuarienne, la ville branchée entre Nantes et Saint-Nazaire. Un univers que le public peut découvrir quai Boulay-Paty, face à l'estuaire de la Loire. En façade du rez-de-chaussée de sa maison, les cartes électroniques forment des canyons urbains habités par des Tyrannosaurus rex ou des Godzilla, comme des réapparitions de temps géologiques reculés dans notre monde de composants... 

Installé depuis quelques années à Paimboeuf, Dominique Leroy puise son inspiration à la lumière et aux ciels changeants de l'estuaire. La maison comme cadre d'une composition, il en avait eu l'idée en 2012: "J'avais récolté des tissus, sans idée préalable, et l'idée est venue comme on lance un pari: Et si j'habillais ma façade comme un patchwork d'étoffe? Ça devait tenir quinze jours, c'est resté deux ans." Et les restes de décors d'étoffe, sur lesquels Leroy a peint des motifs, sont encore là dans l'entrée de la maison voisine, chez l'artiste Dominique Fournier.
L'idée des circuits imprimés fait donc suite à toute une histoire de décors, pièces de bois, puis patchwork géant de caoutchouc. "Les visiteurs passent et donnent leur avis. C'est une installation, oui, littéralement puisque je l'installe et m'y installe. Avant on me comparait au plasticien Christo." Maintenant, c'est presque l'inverse. L'artiste propose une manière nouvelle de composer avec la lumière de Loire, avec les jeux d'eaux réfractés sur les disques durs fixés aux voliges de bois, et les différentes surfaces juxtaposées en mosaïque, dans une sorte de mélange composite qui peut évoquer les décors de Klimt ou ceux de Basquiat. C'est une architecture imaginaire et verticale qqui sert d'antichambre à l'univers du peintre, car Leroy est avant tout peintre, à situer dans le courant néoexpressionniste, pas loin de Baselitz, de Garouste, de Beckmann. Ce décor de navette spatiale semble répondre aux tubulures rétrofuturistes de la raffinerie de Donges, sur l'autre rive. C'est l'objet le plus photographié de l'ancien port de Nantes.



  




vendredi 11 octobre 2019

À Paimboeuf, Dominique Leroy a ouvert son atelier aux apprentis artistes


< archive 2019>  Sa maison est la plus scrutée de Paimboeuf, la façade tapissée de chambres à air en bord de quai. Même la Loire monte aux fenêtres voir si le travail avance. Du dedans cela fait comme un bateau ivre, avec à la barre un capitaine Nemo un peu Chagall, qui rêve le monde sous forme de visages médusés, de paysages de déluge. C'est la demeure et l'atelier de Dominique Leroy, peintre diplômé. Pas ours pour deux liards, le taulier pose souvent sur sa chaise dans la rue et lie conversation avec le passant.
S'exposer, oui. Il le fait parfois, trop rarement, à Saint-Nazaire ou chez lui, pour fêter le passage d'une flotille avec sa voisine peintre, Do Fournier. Mais enseigner? Il y pensait, mais tiquait à l'idée de poser en vieil académicien dispensateur de recettes. Aujourd'hui le fauve doux fend l'armure et ouvre un atelier d'art. Ne dites école, ni cours, ni leçon. Dites métier, pratique, méditation, sortie de piste, disparition des radars, même.
Dominique Leroy mit son expérience à disposition de quiconque, se sentant comme une fleuriste amnésique, ne sait pas par quel bout prendre le bouquet. À disposition de tout enfant curieux des arts, tout amateur désireux d'aller voir de l'autre côté d'un miroir qui ne lui renvoie que des barques, des chats et des sujets de convention.

"Rendre les gens libres"


Résumé du projet? "Rendre les gens plus libres de faire ce qu'ils ont envie, de jeter par dessus bord tout ce qui les ennuie, tout ce qui se répète dans leur manière de peindre, de dessiner. Les chats, les chiens, les bateaux. Cela n'a rien d'un cours classique avec des natures mortes et des aquarelles. Je vous aide seulement à vous rapprocher de ce que vous voulez faire."
La chose est dite, cela dure trois petites heures par semaine, et cela se termine par le thé du patron. Avec conversation à livre ouvert devant des grands albums d'art, pour voir comment les grands prennent du champ avec le monde simplifié qui est nôtre: "l'esprit humain ne peut rien créer, il ne peut être fécondé que par l'expérience et la méditation", est-il écrit quelque part sur un de ses livres. Au test des premières heures d'atelier, le fauve doux se révèle un bon pédagogue, pas dirigiste, vous guidant en douceur, aidant chacun à prolonger son geste, à forcer en bougonnant le passage vers des noirs de charbons impensables. De ces longues mains qui reviennent dans l'esquisse d'une autre, ou encore de ces découpes au cutter qui, incisant un calque opaque, révèle des feuillages. Dans ce bateau ivre, on se décloue du poteau des couleurs.
Au bout de quelques heures vous avez pondu quelque chose d'informe, avec des ombres sur le côté. C'est surtout ces ombres qu'il faut travailler. Tout reste à faire, vous êtes toujours devant les fleurs éparses, sans savoir, et pourtant vous sentez avoir ouvert une brèche. Vers quoi? Votre dessin intérieur?


L'Atelier de Dominique Leroy se situait quai Boulay-Paty et 98 rue du Général-de-Gaulle, 44560 Paimboeuf.